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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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quand ils se confiaient à elles, passaient sur leur peau un linge humide.
    Le capitaine tourna vers Mond des yeux qui semblaient demander : « Tu vois tout ce sang ? Pourquoi ? »
    — Les morts sont là-bas, dit-il.
    Nikki et Thorvald le suivirent dans l’odeur âcre de corps blessés et de pansements jusqu’à un tunnel donnant sur la rue.
    Près de l’épave calcinée et couverte de neige d’un char allemand, sept cadavres gisaient sous des couvertures vert-de-gris. Le capitaine resta à distance quand Thorvald s’approcha des morts.
    — Je vous laisse, vous connaissez le chemin pour revenir, dit Manhardt.
    Il fit demi-tour et s’éloigna en faisant tinter ses grenades et ses cartouchières.
    Le colonel s’agenouilla près d’un des corps, releva la couverture pour découvrir la tête. Des filets de sang s’étaient répandus d’un trou percé dans le front du jeune homme. Le sang avait empli les orbites, coulé le long du nez et des oreilles pour former une araignée noire assise, pattes écartées, sur le visage gris. Thorvald leva les yeux vers Nikki.
    — À Gnössen, j’ai un médecin qui apprend à mes élèves à lire une blessure. C’est un peu morbide, mais c’est souvent la seule trace qu’un tireur embusqué laisse derrière lui… (Il toucha délicatement la joue de cire, ébaucha un pâle sourire.) Je regrette de ne pas avoir écouté plus attentivement ce docteur.
    Il soupira, tâta le pourtour du trou situé juste au-dessus de l’œil gauche, glissa une main sous la tête du mort, la retira aussitôt avec une grimace.
    — L’arrière du crâne a été arraché.
    Il rabattit la couverture, se leva, les bras ballants, ouvrit et referma les doigts de ses deux mains. Au bout d’un moment, il s’agenouilla de nouveau pour examiner le deuxième corps. La tête, cette fois, était indemne. Thorvald continua à rabattre la couverture jusqu’à un trou dans le manteau, au milieu de la poitrine. Il déboutonna le vêtement.
    — Donnez-moi votre couteau.
    Nikki tira l’arme de sa botte. Le colonel ouvrit le manteau, découpa la veste et les pulls qui se trouvaient dessous.
    Sur la poitrine glabre et blanche du jeune homme, la blessure fatale faisait comme un cratère à la surface cendreuse de la lune, sous la clavicule gauche, près du cœur. Thorvald prit un crayon dans la poche de sa veste, en inséra l’extrémité de quelques millimètres dans la plaie. Avec ses doigts, il pressa la chair autour du trou, pétrit les muscles et la peau.
    Sans un mot, sans un regard pour le caporal, il examina les quatre corps suivants de la même manière. Deux d’entre eux présentaient des blessures à la tête ; dans les deux cas, Thorvald passa une main dessous pour découvrir que la balle russe avait fait exploser l’arrière du crâne. Les deux autres soldats étaient morts d’une balle dans la poitrine. Thorvald glissa de nouveau le crayon dans les blessures et le remua tout en tâtant la chair gonflée autour de l’orifice.
    Nikki se tenait en retrait, davantage fasciné par le travail de limier du colonel que par la banalité déchirante de la mort.
    Au bout de dix minutes, Thorvald souleva la couverture du dernier des sept cadavres et se pencha.
    — Qu’est-ce que vous avez trouvé, mon colonel ?
    — Rien encore.
    Nikki regarda le corps. Il s’attendait à voir un autre crâne perforé, avec un net trou noir dans la joue ou le front, un filet de sang figé comme de la lave. Ou alors un simple trou dans l’uniforme, à l’endroit du cœur.
    Ce cadavre ne portait aucune marque de la mort. La tête était intacte. Thorvald dénuda la poitrine ; elle ne montrait aucune blessure.
    Il tira la couverture pour exposer le corps en totalité, découpa l’uniforme. La chair rigide était d’un violet sombre et rougeâtre sur les omoplates, les fesses, les mollets et les talons, partout où le sang s’était accumulé.
    Du pied, Thorvald fit rouler le cadavre nu. Pas de trou non plus dans le dos. Levant les bras de frustration, il souleva de nouveau le mort de la pointe de sa botte pour le remettre sur le dos.
    Au moment où le corps se retournait, Nikki aperçut une tache plus foncée que les cheveux du jeune soldat, juste sous l’oreille droite. Un grain de beauté, peut-être, ou une plaque de boue.
    — Regardez le cou, dit-il. Sous l’oreille.
    Thorvald fit glisser ses doigts dans les cheveux châtains, le long de la nuque, sous l’oreille. Il se pencha pour examiner de plus

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