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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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solidement, mais le petit Shaïkine, méfiant, déclara à Tania qu’il avait vu trop d’exemples malheureux où le front avait inopinément changé de camp.
    — Ça bouge comme un serpent, dit-il de la ligne imaginaire séparant les armées ennemies.
    Grenade en main, ils montèrent l’escalier sur la pointe des pieds. Tania regrettait l’absence de Kostikev, mais Shaïkine, bâti comme un fouet, semblait capable de se débrouiller. En revanche, elle n’avait aucune idée de ce que valait l’Arménienne. Depuis deux jours, Tania l’appelait « la grosse vache » derrière son dos.
    Au quatrième étage, ils se coulèrent dans une pièce du coin ouest d’où ils pourraient inspecter l’avenue dans les deux sens. Perçant les ombres rouges de l’aube avec sa lunette, Tania scruta les tranchées allemandes au-delà des façades écroulées.
    Comme elle l’avait fait l’après-midi au « stand de tir », elle s’assit sous une fenêtre brisée, appuya le canon de son fusil au bord d’une brique en saillie tout en restant en retrait, à l’abri des regards. Shaïkine et la grosse vache s’accroupirent à sa droite, braquèrent eux aussi leur lunette sur les lignes ennemies.
    Tania regardait les Allemands courir entre les tranchées. À trois cents mètres de distance, elle suivait leurs mouvements en maintenant son réticule sur leur cœur. Plus d’une fois elle imagina qu’elle pressait la détente. À mesure que le jour se levait, sa vision s’aiguisait et elle se rappela la règle d’or du tireur d’élite énoncée par Zaïtsev : Réfléchis trois fois, vise deux fois, tire une seule fois.
    Elle ajusta la distance de sa lunette en enlevant le huitième requis pour un tir d’en haut, estima le vent : il soufflait de derrière, le bâtiment l’en protégeait. L’air était froid et le resterait jusqu’en avril. Elle était prête à répondre à l’ordre de tirer.
    Pendant deux heures, les trois soldats observèrent les Allemands dans leur lunette. Tour à tour ils s’éloignaient de la fenêtre pour s’étirer. Tania avait les mains et les jambes douloureuses à force de demeurer immobile et tendue. Sa joue et ses doigts s’engourdissaient contre le métal du fusil.
    À mesure que le soleil montait dans le ciel, sa patience s’émoussait. Combien de temps devrons-nous encore attendre ? Sokolov doit être en position, maintenant, raisonnait-elle. D’où nous sommes, Shaïkine, Slepkinian et moi, nous pouvons neutraliser trois mitrailleuses allemandes en dix secondes. Ce n’est pas ça, le plan ? Protéger le corridor entre les usines ? Pourquoi attendre ?
    Shaïkine roula soudain sur le sol pour s’éloigner de la fenêtre, se releva avec une agilité surprenante. Tania écarta vivement l’œil de sa lunette. Elle avait entendu la même chose que lui, probablement : des pas dans l’escalier !
    Elle plongea la main dans la poche de son manteau pour y prendre une grenade, se mit à plat ventre. L’Arménienne l’imita. Shaïkine alla se poster près de l’entrée, le dos au mur, fit signe aux deux femmes de se taire. Un couteau apparut dans une de ses mains, un pistolet dans l’autre.
    Les bottes claquaient sur les marches, sonores, insouciantes. Elles s’arrêtèrent dans le couloir, juste avant la porte.
    Shaïkine regarda Tania, qui répondit d’un hochement de tête.
    Il se rua dans le couloir, le pistolet près de la joue.
    Sans un mot, sans un regard derrière lui, il se redressa, laissa le pistolet retomber, fit deux pas en arrière. Tania serra plus fort sa grenade. Elle jeta un coup d’œil à la grosse vache. Pas question de se rendre, pensa-t-elle. Je me fous de ce que Shaïkine essaie de faire.
    Le Géorgien recula dans la pièce. Tania dégoupilla la grenade, ramena le bras en arrière pour la lancer. Elle entendit murmurer dans le couloir :
    — Tania ? Tania, tu es là ?
    Fedya pénétra dans la pièce, gardant au-dessus de la tête les mains qu’il avait levées lorsqu’il avait été surpris par le pistolet de Shaïkine. Griasev le géant marchait derrière lui.
    Shaïkine sourit aux deux femmes.
    — On aurait dû s’en douter, avec le raffut qu’ils faisaient, dit-il. Des ours.
    Tania remit la goupille de la grenade en place.
    — Qu’est-ce que tu fais ici ? lança-t-elle au Moscovite.
    — Medvedev nous a envoyés. Il est monté à l’étage en dessous ce matin, il a trouvé que vous aviez une vue formidable. Nous, nous étions trois rues plus bas, il

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