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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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ne se passait rien.
    — Rien du tout, confirma Griasev en secouant la tête.
    — Alors, tu as plein d’Allemands pour nous ? fit Fedya avec un sourire.
    — Prenez ces fenêtres, là-bas, marmonna Tania, retournant près de la sienne.
    — Et faites pas de bruit, ajouta Slepkinian.
    Tania avait été impressionnée par la grosse vache qui, l’instant d’avant, avait semblé prête à mourir sans se rendre.
    Les ours rampèrent à l’endroit indiqué. Fedya se mit en position de tir, genoux relevés. Il passa la bandoulière de son fusil autour de son poignet et de son coude, plaça une paire de gants sur l’appui de fenêtre et y posa le canon de son arme en prenant garde de ne pas le laisser dépasser dehors. Puis il colla l’œil à sa lunette et regarda les Allemands s’affairer dans la rue, régla la distance.
    — Qu’est-ce que tu en penses, Tania ? Trois cent vingt-cinq ?
    — Trois cent cinquante, estima Griasev.
    — Trois cent vingt-cinq, rectifia Tania.
    Une heure s’écoula dans un silence tendu. Tania continuait à pester intérieurement contre Zaïtsev, qui ne donnait pas l’ordre de tirer. En bas, les deux douzaines de nazis devenaient de moins en moins prudents dans leurs mouvements. Ils creusaient de nouvelles tranchées, consolidaient le parapet des anciennes, remplissaient des sacs de terre. Certains se risquaient même à découvert pour porter des caisses de munitions quatre cents mètres plus loin.
    Ils se croient malins, pensa-t-elle. Ils s’imaginent que c’est eux qui vont nous faire la surprise, mais d’ici, à nous cinq, nous pourrions facilement les liquider tous. Un signal, c’est tout ce qu’il nous manque. Qu’est-ce qu’on attend ?
    Une colonne de fantassins allemands déboucha soudain d’une ruelle, à deux cents mètres seulement. Tania leva la tête de sa lunette. Ils étaient une vingtaine et couraient au pas de gymnastique. Le claquement rythmé de leurs bottes emplit les oreilles de la jeune femme, dont les mains se crispèrent sur son arme. Un goût de bile dans la gorge, elle revit en pensée les cadavres de ses grands-parents sur la place de Minsk. L’ombre penchée de Lénine. Les bras qui la retenaient, les cris, le sang. Maintenant, c’était elle qui avait un fusil, c’était elle qui les tenait en joue. Elle serra les mâchoires, eut un rictus qui découvrit ses dents.
    Elle ramena l’œil à l’oculaire de la lunette, visa le soldat de tête. Le réticule noir montait et descendait avec les battements de son cœur, mais les nazis étaient si près que cela n’avait pas d’importance. Elle suivit l’Allemand sur une centaine de mètres…
    — Feu ! cria-t-elle, surprise par la soudaineté de sa propre voix.
    Elle pressa la détente, se raidit en prévision du recul. L’homme en uniforme vert-de-gris s’écroula.
    Les autres nazis se figèrent dans l’écho de la détonation.
    Tania ramena sa culasse en arrière ; Slepkinian fit feu. À l’arrière de l’escouade, un Allemand s’étreignit la poitrine et s’affala.
    Aussitôt, la pièce retentit du fracas des cinq fusils à lunette tirant en même temps. Les Allemands des premiers et derniers rangs tombèrent d’abord, suivis par ceux du milieu. Les corps s’effondraient sous la grêle de balles. Tania se concentrait sur le premier rang, abattait les Boches trébuchant sur les cadavres.
    En moins de quinze secondes, ce fut fini. Une fumée bleue voilait le plafond, s’échappait par les fenêtres. Des douilles jonchaient le sol. Le cœur battant dans les oreilles, Tania inspecta la rue, compta les victimes du carnage, poignardant de son réticule chaque corps grossi par la lunette.
    — Dix-sept ? lança-t-elle.
    — Dix-sept, confirma Shaïkine, le souffle court.
    Elle braqua sa lunette au-delà des bâtiments, sur les tranchées ennemies qu’elle observait depuis l’aube. Les Allemands avaient cessé leurs travaux de consolidation pour se mettre à l’abri et faire pivoter leurs mitrailleuses en tentant de localiser la source des coups de feu. Nous sommes trop loin, se rassura Tania en s’écartant de la fenêtre. Ils ne nous voient pas. Bien. Nous nous occuperons d’eux plus tard. En attendant, nous avons déjà raflé une prime de dix-sept bâtons brisés. Nous les avons tous eus.
    Se retournant, elle constata que ses camarades avaient abaissé leur fusil. Shaïkine et Griasev se serraient la main, Slepkinian jetait autour d’elle des regards ravis ; seul Fedya semblait

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