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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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reposez-vous.
    Les soldats des deux groupes se levèrent, passèrent leur fusil à l’épaule. Fedya demeura près de Tania tandis que les deux sous-officiers se frayaient un chemin dans les gravats. Ours et lièvres suivirent.
    — Reste ici, murmura-t-elle à Fedya.
    Il se rassit, la regarda rejoindre le groupe se dirigeant vers l’escalier. Après l’avoir suivi un moment, elle fit demi-tour et revint auprès de Fedya, qu’elle trouva assis sous une fenêtre, inspectant le dépôt avec sa lunette.
    Elle s’assit à côté de lui, leva son fusil et examina elle aussi le champ de bataille.
    — Tu vois la cabane ? lui demanda-t-il. Elle paraît si proche dans la lunette. J’attends toujours les rideaux que tu devais mettre pour moi…
    Tania fit glisser son réticule sur le toit de l’abri. Il ne lui semblait pas proche, mais lointain, au contraire. Elle baissa son fusil, regarda Fedya qui continuait à scruter le champ de bataille.
    — Fedouchka… (Elle lui toucha l’épaule, il se tourna vers elle.) Fedouchka, demain, nous irons nous battre. Ça commence, pour nous. Il vaut mieux nous dire adieu maintenant.
    Il baissa les yeux sur ses mains puissantes.
    — Je t’en prie, continua-t-elle. C’est déjà assez difficile pour moi, ne me complique pas la tâche. (Elle prit une de ses mains dans les siennes.) Une autre fois, Fedor Ivanovitch. Dans un autre monde, peut-être. (Elle lui sourit.) Dis-moi adieu.
    Elle se leva, s’éloigna de la fenêtre pour faire face au no man’s land. Au-delà s’étendait la ville horriblement meurtrie, et l’ennemi courait dans ses veines.
    Tania prit la tête de Fedya entre ses mains, l’embrassa sur le front, ébouriffa ses cheveux.
    — Je ne peux pas, fit-il à voix basse.
    — Il le faut, Fedya.
    Elle laissa ses doigts glisser le long du cou épais jusqu’à l’épaule, s’écarta. Assis près de la fenêtre, il regardait le soir tomber sur les ruines.
    Tania fit quelques pas, se retourna vers la silhouette massive de Fedya, pensa de nouveau à une image stylisée du soldat russe, Ivan le Rouge, défenseur de la rodina. C’est bien, pensa-t-elle. Le poète de Moscou contemple le champ de bataille. Garde les yeux et le cœur ouverts, Fedouchka. Nous aurons tous besoin de tes poèmes quand la guerre sera finie.
    Kostikev réveilla Tania dans le quartier des lièvres. Sa blessure était pansée et il arborait un sourire plus large pour exhiber ses dents en or. Un quart d’heure et une tasse de thé plus tard, Zaïtsev apparut dans l’encadrement de la porte, souleva la couverture.
    — Prêts, les tireurs ?
    Il les mena dans la nuit venteuse. Tania s’emmitoufla dans sa parka en trottinant derrière les autres dans le réseau de tranchées. Elle emprisonna ses cheveux sous un bonnet noir. À la lisière du no man’s land, Zaïtsev tourna à droite vers la Volga au lieu de leur faire traverser le dépôt.
    Marchant le long des falaises, au bord de l’eau noire, Tania discerna les contours d’une flottille dégorgeant un millier d’hommes sur le débarcadère menacé, derrière l’usine Octobre-Rouge. C’étaient les deux premières compagnies de la division de Sokolov. Le ciel était calme : aucun obus, aucun avion de la Luftwaffe ne brisait le silence sous la lune voilée.
    Les lièvres parvinrent à une large avenue séparant Octobre-Rouge des Barricades. Sur le côté sud de l’artère, Zaïtsev déposa ses tireurs par groupes de deux et trois devant les bâtiments les plus élevés. Il leur donna pour instructions de grimper aussi haut que possible afin de surveiller l’autre côté de l’avenue. On s’attendait à ce que les nazis intensifient leurs activités dans les décombres et les ruelles quand le quartier général allemand aurait eu vent du débarquement de la 45 e . Les élèves se contenteraient d’observer, ils ne devaient tirer que s’ils en recevaient directement l’ordre de Zaïtsev ou de Medvedev, sous la forme de deux fusées rouges s’élevant de l’extrémité ouest de l’avenue.
    — Inutile de secouer le nid de frelons si les troupes de Sokolov se mettent en place tranquillement, argua le Lièvre. On chassera plus tard.
    Avant l’aube, Tania fut envoyée dans un immeuble de quatre étages avec Shaïkine, le paysan géorgien efflanqué, et Slepkinian, l’Arménienne boulotte. Ils grimpèrent tout en haut. Zaïtsev leur avait assuré que ce côté de l’avenue avait été nettoyé et que les Russes le tenaient

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