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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
Autoren: Michel Folco
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semblait !
    Personne ne dit mot pendant un instant, puis Neumann prit congé d’Adolf, de lui seulement.
    – Je suis honoré d’avoir fait votre connaissance, Herr Hitler, et je souhaite avoir l’occasion de vous revoir dans de meilleures conditions… peut-être demain matin.
    – Bon débarras, lâcha Hanisch quand Neumann fut sorti.
    – Pourquoi es-tu si désagréable ? Il n’a rien fait qui justifie ton attitude. Personnellement je le trouve sympathique et, si tu veux savoir, plutôt compétent en peinture, lui.
    – On voit bien que tu ignores qui sont les Juifs, sinon tu n’en parlerais pas comme tu le fais.
    Adolf démarra au quart de tour.
    – Je sais parfaitement qui sont les Juifs, tu me prends pour qui ? Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu leur en veux autant ? Qu’est-ce qu’il t’a fait, Neumann ? Il y a seulement dix minutes tu ignorais son existence !
    Ricanements entendus du Sudète.
    – Pas besoin de le connaître, ils sont tous pareils, il n’y a pas de pires filous !
    Faisant mine de penser à autre chose, Adolf rangea ses aquarelles dans le carton, songeant à Mahler et aussi à Ludwig.
    – Tu verras ce que je te dis. Il va te beurrer l’oreille, il va se montrer serviable, souriant, désintéressé et tout le tralala… et au moment où tu es en confiance, krrrrâââkkkkk !
    – Que veux-tu qu’il me fasse ?
    Tant de candeur écarquilla les yeux de Hanisch.
    – Mais t’exploiter, bien sûr, quoi d’autre ! Et puis aussi m’éliminer. Leurs méthodes sont toujours les mêmes. Il va te demander par exemple combien je vends tes aquarelles, et puis il va te faire croire que lui peut les vendre le double. Prendre la place des autres, c’est leur sport favori, c’est dans leur sang, ça vient du fait qu’ils ont pas de pays à eux… Ça les a rendus envieux, aigris, de vraies véroles quoi !
    Adolf songea à la première fois où il avait entendu le mot Juif , il était sous le lit d’Angela, la poussière lui chatouillait les narines et il était terrorisé à l’idée d’éternuer.
    – Et puis y en a partout, comme les punaises ! Quand t’en trouves une dans ton lit, ça veut dire qu’elles sont dix mille à l’étage et six millions dans la baraque !
    – Bien sûr, je comprends, mais moi, je vais me coucher. Bonne nuit, Herr Walter.
    Une fois dans son alcôve, Adolf alluma la lumière puis tourna le verrou avec satisfaction. Il fit son lit, se dévêtit et se coucha. Assailli d’un doute, il se releva, brancha la lampe à arc et inspecta le lit, le matelas, le sommier, les murs, la table de nuit sans trouver trace de punaise. C’est vraiment une nouvelle vie qui commence, se félicita-t-il en se glissant entre les draps propres… Il y aurait songé qu’il se serait embrassé le dos des mains avec ferveur.
    ***
    Adolf peignait dans la salle de lecture huit à dix heures par jour, s’inspirant du Wien seit 60 Jahren , un livre illustré de photographies des édifices et des vues les plus célèbres
de la capitale. La municipalité avait publié l’ouvrage à l’occasion du jubilé du vieil Empereur-roi : chaque fonctionnaire, chaque élève viennois en avait reçu un. Des copies qu’Hanisch écoulait facilement ; se méfiant désormais de Josef Neumann, il volait un peu moins son associé lors des partages.
    L’argent rentrant, le calme revint dans l’esprit contrarié d’Adolf. Il grossit de trois kilos, il renouvela sa garde-robe, s’acheta une valise pour la ranger, puis il recommença à élaborer des projets, comme il recommença à se croire capable de les réaliser… Pour sûr, il allait mieux.
    ***
    L’arrivée du printemps et son irrésistible montée de sève mit un frein à la productivité artistique d’Adolf. Bientôt, il ne peignit plus que le matin et le soir, réservant ses après-midi à la visite des musées ou à de longues promenades le long du Ring, en compagnie de Josef, son nouvel ami. La plupart du temps, Josef parlait, Adolf écoutait.
    Son aîné de onze ans, Josef Neumann était né en 1878 à Vöslau, en Basse-Autriche et il était le tout premier sioniste qu’Adolf rencontrait.
    – Tu veux dire qu’il y a des Juifs qui veulent partir ? Pour aller où ? Ils ne sont pas bien ici ?
    – Nous voulons retourner en Eretz Israël… C’était à nous avant que les Romains nous le volent. C’est là-bas notre vraie patrie, pas ici.
    – Tu veux dire en Palestine ?
    – Non, je veux
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