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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
Autoren: Michel Folco
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dire le Grand Israël, celui d’avant Titus, celui qui partait de la mer Rouge pour aller jusqu’à l’Euphrate.
    Un autre jour, Josef lui dit :
    – Si nous les Juifs nous partions tous, ce serait un grand malheur pour ton pays.
    – Tu plaisantes ?
    – Pas du tout ! Si nous partons, nous emporterons notre argent et ce sera la banqueroute de l’empire !
    Adolf rit de bon cœur, ce qui, faute d’habitude, lui allait mal.
    – On ne vous laissera pas faire. On vous le confisquera ; c’est normal, l’argent autrichien appartient à l’Autriche.
    – Tu oublies que les lois constitutionnelles de 1867 nous ont accordé une égalité totale et illimitée.
    Adolf redressa sa mèche.
    – Une loi ça se change !
    Parfois, leurs déambulations les menaient jusqu’à Schönbrunn où il revoyait son banc sans émotion particulière. Il évitait toutefois les lieux où il aurait pu croiser Gustl, (passer devant le Conservatoire, par exemple).
    De son côté, Reinhold Hanisch déplorait cette dramatique chute de la production : Adolf terminait une Hofburg en trois jours au lieu d’un ! Le manque à gagner en cette période estivale le faisait enrager : le Prater était saturé de visiteurs.
    Un matin, il trouva Adolf à sa place habituelle dans la salle de lecture, mais au lieu de peindre il lisait le Talmud.
    – Je parie que c’est Neumann qui te l’a donné ! Prends garde à ne pas attraper des maladies en tournant les pages.
    Mimant avec les doigts un ciseau en action, il ajouta :
    – Tu sais ce qui t’attend si tu te convertis, faudra y passer, clic-clic, et à ton âge ça risque de chatouiller…
    Adolf se contenta de hocher la tête d’un air navré. Se faire circoncire aurait été une façon définitive de régler son problème de phimosis.
    – Toi, tu as encore perdu aux cartes ?
    – Pas du tout ! J’ai gagné. Je trouve seulement qu’au lieu de terminer ta toile tu perds ton temps à lire une pareille cochonnerie, et pendant ce temps on perd de l’argent !
    – Un spécialiste antijuif comme toi devrait lire cette cochonnerie, ne serait-ce que pour savoir de quoi tu parles.
C’est une lecture édifiante, c’est une sorte de mode d’emploi sur ce que tu dois exactement faire, ou ne pas faire, heure par heure, pendant une journée. Il n’y a jamais de temps mort ! C’est très fort d’en être arrivé là.
    Aussi scandalisé que si on lui avait craché sur les chaussures, Hanisch s’écria :
    – Moi ? Lire ça ! Plutôt devenir aveugle pour de bon…

28
    « Les Juifs sont une race malade : ils sont une nation sans patrie, ce qui équivaut à être un homme privé de son ombre. Ils sont socialement hydrocéphales, possédant trop d’avocats, de marchands, d’intellectuels et pas assez de paysans. Le seul remède est le retour à la terre. Si les Juifs veulent être un peuple comme les autres, ils doivent avoir comme les autres un pays et une structure sociale. »
    Arthur Koestler, La Corde raide
    Août 1910
    Vienne.

    Adolf arpentait la Liechtensteinstrasse à la recherche d’un chevalet de marque prussienne que lui avait chaudement recommandé Josef (Il est moderne avec ses trois pieds télescopiques, il est élégant, et puisqu’il est en tilleul de la forêt de Terokkar, il est léger). Boutique après boutique, il recevait la même réponse : Nous en manquons en ce moment, revenez plus tard.
    Il passait devant la devanture d’un décorateur quand son regard accrocha une huile joliment encadrée qu’il connaissait pour l’avoir peinte et qui montrait le Reichsrat selon le point de vue d’un pigeon perché sur un arbre. Prix de vente :
vingt-cinq Kronen . Or, Hanisch lui avait remis trois Kronen sur cette vente, expliquant qu’il l’avait bradé six Kronen .
    Adolf entra dans le magasin et marcha droit sur le décorateur tout en tonnant d’une voix qui portait loin :
    – C’est un scandale ! Vous les marchands, vous nous tondez la laine sur le dos, à nous autres artistes ! Vos bénéfices sont iniques ! Comment osez-vous vendre vingt-cinq Kronen un tableau acheté six !
    Le décorateur, un petit homme bedonnant qui paraissait porter une perruque, protesta :
    – J’ai payé ce tableau neuf Kronen et son cadre m’en a coûté deux. Calculez vous-même et dites-moi si mon bénéfice est à la mesure de votre indignation.
    Histoire de se donner une contenance, Adolf émit un petit rire incrédule :
    – Quoi ! Hein !
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