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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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mètres, cette galerie d’art pouvait accepter autant de chefs-d’œuvre qu’il y avait de jours dans dix années bissextiles.
    – Je suis touché, Adolf, mais… euh… où sont les salles ? On dirait un immense escalier en colimaçon.
    – C’en est un ! Je l’ai fait en spirale pour que la pente ne soit pas trop abrupte pour le tapis roulant. Les œuvres seront exposées le long du mur et la visite se fera en montant. Les plus beaux chefs-d’œuvre seront, bien sûr, accrochés au sommet.
    – Encore une fois merci, mais je doute que ma part d’héritage puisse seulement payer la rampe en cuivre d’un tel escalier !
    Adolf haussa les épaules.
    – Ne t’inquiète pas. Avec l’argent, il y a toujours une solution.
    ***
    Josef Neumann ne revint à Vienne ni n’écrivit jamais.
    ***
    Les années 1911 et 1912 s’écoulèrent dans une monotonie presque indolore. Même si son projet d’inscription à l’Académie des beaux-arts de Munich était toujours une priorité, Adolf s’était accoutumé à cette lénifiante existence de petit rapin besogneux. Parfois, il trouvait reposant cette absence de responsabilité qu’offrait la renonciation à des ambitions autres que celles de manger à sa faim, et d’avoir chaud lorsqu’il faisait froid. Quand il ne peignait pas, il lisait tout ce qui lui tombait sous les yeux, le meilleur comme le pire, et inversement.
    ***
    Le 4 février 1913, Rudolf Häusler, dix-huit ans et pas content, s’inscrivait au guichet du Männerheim comme on lance un défi au destin.
    Il dénotait avec ses vêtements propres, ses cheveux coiffés, ses lorgnons double épaisseur, sa bonne santé apparente, sa montre-bracelet qui fonctionnait, ses chaussures cirées, sa valise en cuir de Morloc, et surtout son attitude pas du tout découragée. Une heure plus tôt, son haut fonctionnaire de père l’avait chassé froidement de la maison familiale (Tu n’es qu’un bon à rien qui terminera forcément mal. Je ne veux plus te voir dans cette maison. Va-t’en et je ne te souhaite même pas bonne chance !). La veille, Rudolf avait été renvoyé de l’ Oberrealschule pour faute grave. Il avait placé un seau d’eau en équilibre au-dessus d’une porte : en plus d’être détrempé, le professeur visé avait été blessé au front par le seau métallique.
    – Dortoir à une Krone cinquante ou cabine à deux Kronen cinquante ? demanda l’employé de nationalité tchèque (un ancien pensionnaire).
    – Cabine.
    Juste avant qu’il parte, sa mère avait glissé dans sa poche de veston trois billets de dix Kronen et quatre pièces de cinq. Il paya et écouta la lecture du règlement.
    – Si je comprends bien, j’ai le droit d’aller dans ma chambre, mais pas d’y rester ?
    – Le stationnement prolongé dans les cabines est interdit de 7 heures du matin jusqu’à 18 h 30.
    – Ah bon, et pourquoi ?
    L’employé lui répondit d’un ton désabusé :
    – Parce que nous ne voulons pas ici de fainéants qui vivent la nuit et dorment le jour.
    La cabine 38 était au troisième étage. Rudolf jeta sa valise sur le lit, puis appuya sur l’interrupteur pour constater que l’électricité était débranchée durant la journée. Il descendit au rez-de-chaussée et visita l’établissement, repérant la salle à manger et terminant par la salle de lecture où besognaient une quinzaine de pensionnaires. Pour se donner une contenance, il fit comme tout le monde et alla consulter les livres sur les étagères de la bibliothèque. Au passage, il remarqua
un moustachu au visage maigre et blafard qui avait judicieusement installé son chevalet près de la fenêtre donnant sur la cour intérieure du foyer. Il s’approcha et identifia le sujet inachevé : la maison natale de Schubert, côté cour.
    – C’est drôlement bien fait, dit-il, soulignant son propos d’un hochement de tête.
    Le peintre redressa sa mèche de cheveux et examina son complimenteur de haut en bas. Rudolf fut durablement impressionné par le regard très bleu et très brillant.
    – Vous êtes nouveau, n’est-ce pas ?
    – Oui, je viens de m’inscrire il n’y a pas une heure. Je m’appelle Rudolf Häusler.
    Adolf se leva, serra la main tendue, dit sobrement :
    – Adolf Hitler, artiste peintre.
    – Moi, je suis apprenti droguiste.
    – Il n’y a pas de sot métier, dit Adolf, désignant une chaise vide.
    – Je vous en prie, asseyez-vous.
    ***
    Tout en faisant craquer les

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