La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
je serai passible des articles 64 et 66 de la loi sur la conscription. Si j’ai été consterné par la façon dont on m’a remis la convocation (habituellement, ce type de convocation est remis personnellement ou par l’entremise des autorités consulaires, m’a-t-on assuré au consulat), je l’ai été bien davantage par le délai qui m’a été imparti pour satisfaire à mes obligations.
Partout en Allemagne, non seulement tout est fermé le dimanche, mais le lundi et les lendemains de fête, les magasins n’ouvrent pas avant 9 heures et les bureaux, y compris ceux de l’administration, pas avant 10 heures, or il me faudrait partir au plus tard l’après-midi, ce qui ne me laisse pas même le temps de faire ma toilette, de prendre un bain par exemple. Toutefois, la raison principale qui m’empêche d’obéir à cette convocation est qu’il m’est impossible, dans un si court délai – à peine six heures –, de réunir les fonds nécessaires à mon voyage, qui représentent pour moi une somme considérable.
Il est exact que je gagne ma vie comme artiste peintre et ce titre me revient de plein droit. Mais je ne
peux consacrer à cette occupation qu’une partie de mon temps. En effet, je poursuis par ailleurs des études en vue de devenir peintre en architecture. Je suis sans fortune (mon père était fonctionnaire) et mes revenus sont tout juste suffisants pour me permettre de vivre.
À l’appui de mes déclarations, je joins ma feuille d’impôts en vous priant d’avoir la bonté de me la retourner. Mes revenus s’élèvent théoriquement à mille deux cents Mark , mais cela ne signifie pas hélas que je gagne cent Mark par mois. Les gains sont variables. La saison à Munich est difficile, l’art se vend mal et plus de six mille artistes y luttent déjà pour leur survie. Pour ma part, compte tenu de mes dépenses, qui sont nécessairement plus importantes que celles d’un ouvrier de même situation, il était hors de question que je puisse faire la moindre économie.
Je vous prie de bien vouloir prendre en considération l’impossibilité dans laquelle je me trouve actuellement de répondre à cette convocation dans les délais prescrits, soit à peine une demi-journée.
Il est cependant exact que dans tout cela il y a aussi un peu de ma faute et qu’à l’automne 1909 j’ai négligé de me présenter. Jamais je n’ai évidemment songé à me soustraire à mes obligations et je suis encore moins parti à Munich dans cette intention.
En regard de ma négligence de 1909, je dois dire que cette époque fut extrêmement douloureuse. J’étais orphelin, jeune, inexpérimenté, sans aide financière et trop fier pour demander assistance à quiconque. Sans le moindre appui, je ne disposais que de mes seules ressources et les Kronen , et parfois seulement les Heller que je gagnais par mon travail suffisaient à peine à me procurer un endroit pour dormir. Durant deux ans, mes seuls compagnons furent le chagrin et le besoin, ma seule compagnie, une faim constamment inassouvie.
Je n’ai jamais su ce que voulait dire le beau mot de jeunesse. Aujourd’hui, cinq ans après, je ne me souviens que d’onglées aux mains et aux pieds. Et pourtant, je ne puis évoquer cette époque sans une certaine joie, maintenant que je suis sorti du plus fort de la tourmente. Malgré de grandes difficultés, au milieu d’un entourage souvent douteux, j’ai su garder un nom sans tache (mon casier judiciaire le prouve) et j’ai la conscience pure sauf en ce qui concerne cette présentation aux autorités militaires dont j’ignorais tout à l’époque. C’est l’unique chose dont je me sente responsable. Une légère amende suffirait à cela, et je la paierais sans récriminer.
J’accompagne cette lettre de l’envoi séparé d’un procès-verbal que j’ai signé au consulat. Je vous demande de bien vouloir me faire parvenir vos décisions ultérieures par l’entremise du consulat. Vous pouvez être certain que je ne manquerai pas de m’y conformer à temps. L’autorité consulaire a eu la bonté de me laisser entrevoir qu’elle interviendrait en ma faveur afin que je puisse me présenter à Salzbourg. Bien que je n’ose plus l’espérer, je me permets de vous demander de ne pas m’apporter un surcroît de difficultés. Je vous prie de bien vouloir prendre cette lettre en considération.
Très respectueusement, Adolf Hitler.
Artiste peintre.
Munich
Schleissheimerstrasse 34/III
Il
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