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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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rassurer.
    – C’est fâcheux, mais ce n’est pas un drame. Il suffit que vous retourniez en réclamer un autre à la Realschule . Cela arrive à tout le monde de perdre quelque chose.
    ***
    Adolf ralentit à l’approche du collège. Il n’aimait pas l’endroit et il n’aimait pas le directeur, pareil à ces gouttes de pluie qui n’aiment pas les parapluies. De toute façon, son esprit chahuté avait pris la décision de ne pas se réinscrire à la rentrée ; il disposait ainsi de tout l’été pour arracher à sa mère l’autorisation de se rendre à Vienne et de se présenter au concours de l’Académie des beaux-arts… Il l’entendait protester plaintivement : Comment veux-tu que ton père trouve le repos dans sa tombe, Adi, si tu ne respectes pas sa volonté ? Obtiens ton Abitur , et après nous verrons.
    Le portail étant cadenassé, il agita la grosse cloche. Le vieux Straussner, le concierge bavarois au visage fendu par un coup de sabre français à la bataille de Reichshoffen, apparut. Même si l’ancien combattant et l’étudiant entretenaient des relations amicales depuis qu’ils s’étaient découvert une commune passion pour la guerre franco-prussienne de 1870 et pour Otto von Bismarck, le génial réunificateur du Reich, le vétéran le dévisagea d’un air réprobateur.
    – On se demandait si vous auriez le toupet de venir.
    En d’autres circonstances, Adolf aurait apprécié l’admiration nuancée qui perçait dans la voix du concierge.
    – On ? Qui ça, on ?
    Straussner ouvrit le portail et le fit entrer dans le couloir menant au bureau du directeur, désignant le banc le long du mur.
    – Attendez ici qu’on vous dise d’entrer.
    – Pourquoi me faire attendre ?
    – Comme si vous ne vous en doutiez pas !
    Le vieux Bavarois regagna sa loge en maugréant quelque chose sur le culot infernal de cette nouvelle génération.
    Inquiet, Adolf arpenta le couloir à grandes enjambées. Quelques pets malencontreux accentuèrent son malaise. Existait-il quelque part un médecin capable de le soigner ? À ce jour aucun n’avait pu lui expliquer les raisons de tous
ces désordres intestinaux ; son alimentation, la première soupçonnée, était, paraît-il, hors de cause.
    La porte du bureau s’ouvrit. Le professeur Lebeda lui coula un regard noir ébène. Comme le prescrivait le règlement, Adolf se mit au garde-à-vous et attendit de recevoir la permission de parler.
    – Je vous écoute, déclara le directeur en reprenant place derrière son bureau, sous un grand portrait de François-Joseph jeune.
    –  Herr Direktor , j’ai perdu mon diplôme. Je viens vous en demander une copie.
    – Comment avez-vous perdu ce diplôme ?
    – Eh bien, euuuuh, je crois qu’on me l’a volé, Herr Direktor .
    – Veuillez faire un choix dans vos mensonges et préciser si votre diplôme a été perdu ou volé.
    L’attitude du concierge et maintenant celle du directeur étaient inhabituelles. Il se passait quelque chose qui lui échappait de tous les côtés.
    Le professeur Lebeda se dressa en prenant appui sur les accoudoirs de son fauteuil. Il tendit un bras vers la porte, l’index tendu. Ses ongles soignés brillaient.
    – Vous mentez, Hitler, et en plus vous mentez mal ! Votre mère sera avisée de votre renvoi et de l’annulation de votre diplôme ! Sortez, maintenant.
    Tel un Rattus rattus acculé dans un coin, Adolf se rebiffa. Ce qui était dans sa nature.
    – J’ai réussi mon examen ! Vous n’avez pas le droit de l’annuler sous prétexte que j’ai perdu mon diplôme ! C’est injuste… et puis c’est encore plus injuste de me renvoyer !
    Quelques pets bien sonnés ponctuèrent son éclat.
    Le professeur Lebeda prit une enveloppe dans un tiroir et la lui remit du bout des doigts.
    Adolf l’ouvrit et blêmit à la vue de son diplôme déchiré en quatre morceaux maculés de traces brun foncé tout à fait
explicites. Tel un coup de foudre, l’intégralité de sa mémoire lui revint… Il se vit alors dans la cabane des cantonniers, en compagnie de Max, Conrad, Franz et Ditlieb… Il se vit débouchant des bouteilles de vin d’Asti… Une discussion animée sur le thème « Qu’allons-nous faire de nos vies ? » avait souligné leurs différences.
    – Moi, je serai un grand artiste peintre. Heil ! Heil ! Heil ! avait déclaré Adolf en levant son gobelet.
    Ils avaient successivement trinqué au futur grand maître du barreau (Max), au futur

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