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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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antisémitisme par fierté d’avoir échappé à ses racines.
    ***
    – Le fait que vou-vou-vous me traitiez de Juif ju-ju-justifie-t-il votre tutoiement ?
    – Viens, Ludwig, ignore ces bouseux, ils n’en valent pas la peine.
    – C’est moi que tu traites de bouseux ? dit Wolfgang en bousculant Pepi qui faillit tomber à la renverse.
    Karl pointa le doigt sur Pepi.
    – Si tu le défends, c’est que toi aussi t’en es un, de Juif !
    Pepi passa un bras protecteur sur les épaules de Ludwig et l’entraîna.
    – Viens, ce sont des abrutis et c’est inutile de parler à des abrutis.
    Les deux jeunes gens s’éloignèrent, indifférent au «  Saujud  ! » lancé à leur dos par un Wolfgang survolté et trépignant.
    ***
    À la mi-juin 1905, Klara vendit la maison de Leonding contre la somme de dix mille Kronen  : sept ans plus tôt, Aloïs l’avait payé sept mille sept cents.
    Ce qui restait de la famille Hitler, Klara (quarante-cinq ans), Adolf (seize ans), Paula (neuf ans) et Hannitante (quarante-deux ans), emménagea à Linz, dans un immeuble d’apparence cossue, 31 Humboldtstrasse, une rue droite qui partait de la gare et finissait sur la Marktplatz.
    ***
    Adolf échoua à l’examen de fin d’année, mais, de justesse, réussit l’examen de rattrapage : tellement de justesse que le directeur de la Realschule refusa de le prendre, conseillant charitablement à Klara de l’inscrire à Steyr où se trouvait une Realschule réservée aux élèves difficiles.
    – Ne vous y trompez pas, Frau Hitler, votre fils est loin d’être bête ! Il est simplement paresseux et manque d’esprit de discipline et de concentration. Il ne veut étudier que les matières qui l’intéressent et il néglige toutes les autres. De plus, ses professeurs se plaignent qu’il ne supporte pas la critique et qu’il chicane continuellement la moindre de leur décision. À Steyr, ils ont l’habitude…
    Steyr (dix-sept mille habitants), titulaire du statut de cité depuis le xiii e  siècle, était située à une quarantaine de kilomètres de Leonding. La ville avait acquis une certaine notoriété pour ses manufactures d’armes blanches et d’armes à feu.
    Pour la première fois de leur existence, la mère et le fils furent contraints de se séparer physiquement.

16
    « Hitler était incontestablement doué, mais seulement dans certaines matières ; il manquait de maîtrise de soi et passait pour ergoteur, indocile, arrogant, chicaneur, irascible ; il lui en coûtait de se plier à la discipline scolaire. D’autre part il ne s’appliquait pas ; car il aurait mieux pu tirer profit de ses dons naturels. De plus, il réagissait avec une hostilité non dissimulée chaque fois qu’un professeur le réprimandait ou lui donnait un conseil. En même temps, il exigeait une soumission sans restriction de ses camarades, se parant du rôle de chef, et bien sûr faisant beaucoup d’incartades sans gravité, ce qui n’est pas rare chez les jeunes gens. Les livres de Karl May et les histoires de Peaux-Rouges avaient dû lui tourner la tête. »
    Déclaration du professeur d’allemand et de français, Eduard Huemer, lors du procès pour haute trahison de Munich en 1924.
    Steyr.

    Le jour se levait sur la Linzerstrasse lorsque Lili la laitière arriva à la hauteur de la cabane des cantonniers. Elle vit un corps allongé dans le fossé d’épuration. Immobilisant son gros chien attelé à la carriole, elle s’approcha. Gisant sur le dos, couvert de rosée, la cravate et la chemise souillées de déjections mauves, un bleuet à la boutonnière, le pantalon
mal ajusté, un étudiant ronflait la bouche ouverte, les yeux fermés levés vers le ciel.
    – C’est y pas honteux de se mettre dans des états pareils !
    Elle se pencha et lui tapota l’épaule du bout des doigts.
    – Allez, ouste, debout et rentre vite chez toi.
    Adolf souleva ses paupières lourdes comme des grosses pierres : il vit une femme blonde et un gros chien qui le regardaient sévèrement.
    – Ouste, disparais avant qu’on te voie et qu’on te fasse honte.
    Il voulut s’asseoir mais dut y renoncer. Il avait le mal de mer, sa tête lui faisait terriblement mal, même ses cheveux étaient douloureux. Ouvrant un œil vague, il grogna un Haben wir zusammen Schweine gehütet ? (Avons-nous gardé les cochons ensemble ?) qui laissa Lili la laitière de marbre.
    – Tu habites où ?
    – Dans le Grünmarkt.
    – C’est pas loin,

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