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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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grand praticien (Franz), au futur grand financier (Conrad) et au futur grand militaire (Ditlieb). Le toast suivant, proposé en hommage à Bismarck, leur héros à tous, fut suivi d’une argumentation sans fin sur ce qu’ils feraient le jour béni où la Cisleithanie deviendrait partie intégrante de l’Empire allemand. Après, ils avaient bu au pangermanisme en entonnant l’hymne autrichien, utilisant les paroles de l’hymne allemand, les deux empires partageant la même musique de Haydn. Ils s’étaient ensuite défiés au bras de fer et Adolf avait perdu contre le petit Ditlieb. Mortifié, il avait débouché la dernière bouteille d’asti, tandis que Max et Franz surenchérissaient sur l’importance de l’examen réussi.
    – Moi, je me suis présenté juste pour faire plaisir à ma mère… L’école ne sert à rien, on apprend beaucoup mieux tout seul ! Ce diplôme n’est qu’un vulgaire bout de papier tout juste bon à se torcher le cul… et encore, c’est du carton !
    Arrivé au stade où l’ivresse non seulement engendre des idées extravagantes mais fournit les combinaisons pour les accomplir, Adolf avait déchiré son diplôme, s’était déculotté et avait déféqué au centre de la cabane, s’essuyant ostensiblement avec les morceaux, transformant son défi en forfait. Max, le premier à partir, avait été suivi de près par les trois autres. Resté seul, atterré par ce qu’il venait de commettre devant témoins, Adolf avait continué de boire jusqu’à vomir et perdre conscience.
    Le directeur reprit son siège sous le portrait de l’Empereur.
    – Un individu capable d’afficher un tel mépris pour nos institutions n’a pas sa place parmi nous. Vous cherchiez votre diplôme ? Le voici ! Vous pouvez partir.
    – Mais j’étais ivre, je ne savais plus ce que je faisais ! s’écria Adolf, la main droite posée à l’endroit du cœur, signe de bonne foi.
    – Précisément, in vino veritas . Sortez, je ne veux plus vous voir dans mon établissement.
    Tétanisé, Adolf regarda l’enveloppe et son contenu, l’esprit traversé par des questions sans réponse ; comment étaient-ils arrivés ici ? L’un de ses camarades était-il revenu sur ses pas pour récupérer les morceaux, ou s’agissait-il des cantonniers, mécontents de découvrir un étron au milieu de leur cabane ?
    – Allez-vous sortir ou faut-il que j’appelle Herr Straussner ? s’emporta le professeur Lebeda.
    Adolf songea à Winnetou… Personne n’aurait osé lui parler sur ce ton sans être aussitôt tomahawké et proprement scalpé.
    Ce qui suivit se déroula comme dans un rêve. Tournant subitement les talons, Adolf se jeta littéralement contre le tranchant de la porte entrouverte, s’ébranlant deux incisives, fendant net sa lèvre supérieure, s’inondant le menton et la chemise de sang. Qui veut la fin se donne les moyens.
    –  Himmel  ! Vous avez dû vous faire très mal ! s’exclama le professeur Lebeda en contournant son bureau pour venir à son secours.
    Comme si un éclair zigzaguant avait traversé son esprit, Adolf sut quoi faire. Il refusa le mouchoir proposé par le directeur.
    – Vous n’auriez pas dû me frapper, Herr Direktor  ! Je ne le méritais pas… Je vais me présenter au commissariat.
Voyez par vous-même, je crois que vous m’avez cassé deux dents.
    Ce que le professeur Lebeda lut dans les yeux d’Adolf le tétanisa dans ses chaussures. Une bouffée de chaleur empourpra son visage : pour la première fois dans sa carrière, il balbutia en s’adressant à un élève :
    – Que… quoi ? Comment ? Ai-je bien entendu ? Prévenir la police ? C’est ridicule, personne ne vous croira ! Ce que vous essayez de faire est ignoble… ignoble et déshonorant.
    – Je veux un autre diplôme et je ne veux pas être renvoyé. J’ai parlé ! Howgh !
    Du sang s’égouttait de son menton et tombait sur le plancher.
    – Vous pensez vraiment qu’on va vous croire quand vous direz que c’est une porte qui m’a fait ça ?
    Adoptant un ton conciliant, Adolf ajouta :
    – C’est à cause de ma mère, Herr Direktor . Elle serait trop déçue si je revenais sans ce diplôme. D’après elle, mon père se retourne dans son cercueil chaque fois que j’ai des mauvaises notes… Moi je n’y crois pas, mais elle si…
    La douleur de sa lèvre était si vive qu’il n’eut aucun mal à verser quelques larmes, achevant de dérouter le directeur.
    – Il faut

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