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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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ultramoderne qu’il avait perché au sommet du Lichtenberg : l’ensemble était surmonté d’une tour en acier inoxydable de trois cents mètres de haut d’où, par beau temps et avec une longue-vue, on apercevrait la flèche de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne… Alors, composer un opéra…
    L’air aussi détaché que possible, ils suivirent la jeune fille et la duègne.
    – Tu crois que c’est sa mère ?
    Voix désolée d’Adolf :
    – Comment veux-tu que je le sache, je ne connais même pas son nom.
    Quand elles quittèrent la Landstrasse et traversèrent la Franz-Josef Platz pour s’engager sur le pont métallique, August vit Adolf consulter l’horloge de la mairie avec désespoir.
    – Je n’ai plus le temps, j’ai promis d’aider die Kleine à faire ses devoirs, mais toi, Gustl, vas-y ! Suis-les et tâche de savoir où elle habite.
    August se gratta la tempe, en signe d’embarras.
    – Pourquoi tu ne vas pas les saluer ? Tu te présentes, et puis tu demandes la permission de les accompagner une partie du chemin.
    Adolf remit sa mèche en place.
    – Et si c’est sa mère, je réponds quoi quand elle me demande ma profession, hein ? Il faudra bien que je lui dise quelque chose… Tu sais comme moi que, pour une mère, la profession est plus importante que le nom… Évidemment, je pourrais ruser et dire que je fais les Beaux-Arts ou quelque chose comme ça, mais je ne suis pas encore peintre. Je me présenterai lorsque je le serai pour de bon.
    – Ouh là là ! Mais ça risque de prendre du temps. Comment elle va savoir que tu l’aimes si tu le lui dis pas ?
    – À l’instant où nos regards se croiseront, tout sera dit. Il y a des choses qu’on ne peut comprendre que si on est amoureux, tu verras quand ça t’arrivera… En attendant, je compte sur toi pour la suivre. Bon, maintenant je dois rentrer.
    ***
    Après un interminable dîner auquel il ne toucha pratiquement pas (Mais non, maman, je ne suis pas malade, je n’ai pas faim, c’est tout !), Adolf ressortit et courut jusqu’à la Klammerstrasse siffler August qui sortait de table.
    – Alors ?
    – Alors elle habite Urfahr, elle se prénomme Stefanie et la dame en noir est sa mère. Voilà, c’est tout ce que je sais.
    – Stefanie ? Stefanie ? Tu es certain ? Comment le sais-tu ? Qui te l’a dit ?
    – Personne. C’est en les suivant sur le pont. Je me suis suffisamment approché pour les entendre. À un moment, sa mère l’a appelée Stefanie et elle a répondu : Oui, maman ?… Ah, je peux aussi te dire que sa voix est celle d’une soprano… Pour ton opéra ça peut être utile.
    Sans plus l’écouter, Adolf arpenta la petite chambre d’August sobrement décorée d’une reproduction de Paganini tenant son violon.
    – Stefanie, Stefanie, répétait-il du bout des lèvres, comme lorsqu’on goûte un mets nouveau. Bien sûr j’aurais préféré Winifred, mais bon, va pour Stefanie.
    Il nota ces informations au dos de son carnet à croquis et remercia August.
    – Tu peux désormais me demander ce que tu veux, tu l’auras !
    – Justement, ça fait déjà un moment que je voulais t’en parler. Ça me ferait drôlement plaisir si moi aussi j’avais une statue en pied à la place d’un simple buste.
    Adolf considéra gravement la requête avant d’y répondre d’une voix conciliante.
    – Accordé ! De toute manière j’ai décidé de transformer la mienne en statue équestre. Comme ça, je pourrai mettre Stefanie en croupe.
    ***
    Adolf tournait dans le sens contraire des aiguilles d’une montre autour de la colonne de la Trinité (cette même colonne qui avait tant ébaudi sa mère vingt-trois ans plus tôt). Le premier acte de son opéra en main (trente feuillets),
il répétait à mi-voix en battant la mesure avec sa canne, s’interrompant pour corriger au fusain une note ou deux. Régulièrement, son regard se portait vers le pont d’où allait sugir l’objet de ses insomnies.
    Il attaquait le deuxième acte quand sa gorge se contracta, son pouls accéléra : Stefanie et sa mère approchaient sur l’étroit pont encombré par le trafic. Il quitta son poste d’observation, traversa la place en enjambant prudemment les rails métalliques du tramway et se posta dans l’encoignure du porche voisin du magasin de chaussures Schmück. Quand elles arrivèrent à sa hauteur, il quitta le porche et fit un pas en avant, fixant du regard la jeune fille avec une intensité de

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