Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
distribuais les coups comme si tu eusses frappé sur ton enclume, je parais ceux que d’autres coquins voulaient te porter par derrière, et c’est pour cela que tu ne m’as pas vu.
    – J’ai entendu parler de forgerons de l’ancien temps qui n’avaient qu’un œil, dit Henry ; moi, j’en ai deux ; mais comme ils sont tous deux placés sous mon front, je ne pouvais pas voir par derrière, voisin.
    – La vérité est pourtant que j’y étais, reprit l’opiniâtre Olivier, et je vais rendre compte à maître Craigdallie de tout ce qui s’est passé, car c’est Henry Gow et moi qui y sommes arrivés les premiers.
    – Nous en savons assez pour le présent, dit le bailli en lui faisant signe de se taire. Les déclarations de Simon Glover et de Henry Gow seraient bien suffisantes dans une affaire moins digne de croyance. Maintenant, mes maîtres, la question est de savoir ce que nous devons faire. Tous nos droits de bourgeoisie ont été insultés et outragés, et vous devez bien penser, que c’est par quelque homme puissant, car nul autre n’aurait osé agir ainsi. Mes maîtres, il est dur pour la chair et le sang d’avoir à se soumettre à un pareil outrage. Les lois nous ont placés à un rang plus bas que les princes et les nobles, mais il est contre la raison de supposer que nous souffrirons qu’on force nos maisons et qu’on insulte l’honneur de nos femmes, sans en obtenir réparation.
    – Cela n’est pas supportable ! s’écrièrent unanimement tous les citoyens.
    Simon Glover se mit au premier rang, tous ses traits annonçant l’embarras et l’inquiétude – J’espère encore, mes dignes voisins, dit-il, qu’on n’avait pas d’aussi mauvaises intentions que nous avons pu le croire ; et quant à moi, je pardonnerais volontiers le trouble et l’alarme dont ma pauvre maison a été le théâtre cette nuit, pour épargner à notre bonne ville les désagrémens qui peuvent résulter de cette affaire. Réfléchissez, je vous prie ; quels seront les juges qui en connaîtront ? Je parle entre voisins, entre amis, et par conséquent à cœur ouvert. Le roi (que Dieu le protége !) est tellement affaibli de corps et d’esprit, qu’il nous renverra à un de ses conseillers, à quelque grand seigneur qui sera dans ses bonnes grâces pour le moment. Peut-être nous renverra-t-il à son frère le duc d’Albany, qui se fera de notre pétition pour obtenir justice un prétexte pour nous extorquer de l’argent.
    – Nous ne voulons pas avoir Albany pour juge ! s’écria toute l’assemblée d’une voix aussi unanime.
    – Peut-être nous dira-t-il de porter nos plaintes devant le duc de Rothsay, continua Simon, et ce jeune prince débauché regardera cet outrage comme un excellent sujet pour les plaisanteries de ses joyeux compagnons et pour les chants de ses ménestrels.
    – Point de Rothsay ! il est trop dissipé pour être notre juge ! s’écrièrent tous les citoyens.
    Simon s’enhardit en voyant qu’il arrivait au but qu’il désirait atteindre ; cependant ce ne fut qu’en baissant la voix qu’il prononça le nom redoutable qui va suivre : – Aimeriez-vous mieux avoir affaire à Douglas le Noir ?
    Une minute se passa sans que personne lui répondit. Les bourgeois se regardaient les uns les autres, pâles et décontenancés. Mais Henry Smith parla hardiment, et d’une voix décidée énonça les sentimens dont chacun était animé, mais qu’aucun n’osait exprimer.
    – Douglas le Noir pour juge entre un bourgeois et un gentilhomme, un grand seigneur, à ce qu’on peut croire et ce dont je me soucie peu ! autant vaudrait le diable le plus noir de l’enfer ! Vous êtes fou, père Simon, de nous faire une pareille question.
    Il y eut encore quelques instans de silence causé par la crainte, et l’incertitude ; le bailli Craigdallie le rompit enfin, et jetant un coup d’œil expressif sur l’armurier : – Voisin Smith, lui dit-il, votre pourpoint de dessous vous donne de la confiance, sans quoi vous ne parleriez pas si hardiment.
    – J’ai confiance dans le cœur qui bat sous mon pourpoint, tel qu’il peut être, bailli, répondit l’intrépide Henry, et quoique je ne sois pas grand parleur, jamais un de vos nobles ne me mettra un cadenas sur la bouche.
    – Portez un pourpoint bien solide, mon brave Henry, ou ne parlez pas si haut, dit le bailli du même ton expressif. Il y a dans la ville des gens des frontières qui portent le cœur sanglant

Weitere Kostenlose Bücher