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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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château. De temps à autre, un
défenseur envoyait un carreau, mais la distance était trop grande. Un trait
parvint à une dizaine de pas des bombardes, mais les autres tombèrent bien
avant et chaque échec provoqua une acclamation de la part des archers. Finalement,
les Français cessèrent leurs provocations et se contentèrent de regarder.
    Les trois bombardes longues auraient pu être mises à feu
plus tôt car elles ne contenaient pas d’argile à faire sécher, mais le roi
voulait que la première salve soit simultanée. Dans son esprit, les cinq
projectiles devaient abattre la porte du château au premier tir, après quoi ses
artilleurs s’attaqueraient à l’arche de la porte. Le maître artilleur, un grand
Italien lugubre, finit par annoncer que les armes étaient prêtes. On alla
chercher les amorces – des pailles remplies de poudre dont les extrémités
étaient fermées avec de l’argile – qui furent introduites dans leurs
étroits orifices. Le maître artilleur enleva le bouchon d’argile à l’extrémité
supérieure de chaque amorce puis fit un signe de croix. Un prêtre avait déjà
aspergé les bombardes d’eau bénite, et à présent le maître artilleur mettait un
genou en terre, le regard tourné vers le roi qui montait un grand étalon gris.
    Le roi à la barbe blonde levait quant à lui ses yeux bleus
vers le château. Une nouvelle bannière avait été accrochée. Elle représentait
Dieu tendant la main vers une fleur de lys en un geste de bénédiction. Il était
temps, pensa-t-il, de montrer aux Français de quel côté se trouvait Dieu.
    — Vous pouvez faire feu, dit-il solennellement.
    Cinq artilleurs s’armèrent de boutefeux – de longues
baguettes munies d’un tissu rougeoyant. Ils se postèrent sur le côté des
bombardes et, au signal de l’Italien, mirent le feu aux amorces. Il y eut un
bref grésillement, une bouffée de fumée sortit du petit orifice puis les cinq
bouches à feu disparurent dans un nuage de fumée gris blanc au sein duquel
jaillirent cinq flammes monstrueuses. Les bombardes, quant à elles, bien
arrimées à leurs supports, reculèrent sur les planches pour aller buter contre
les monticules de terre qui avaient été préparés derrière elles. Le bruit était
plus fort que le plus fort tonnerre. C’était une détonation qui frappait les
tympans, partait vers les murs pâles du château et revenait en écho. Lorsque le
son se fut enfin atténué, la fumée demeura en suspension comme un écran gris
devant les bombardes couchées de travers, le museau fumant doucement.
    Le bruit avait surpris un millier d’oiseaux qui nichaient
sur les toits de la vieille ville et sur les tourelles supérieures du château,
néanmoins la porte réapparut intacte. Les boulets de pierre s’étaient écrasés
contre les murs et la flèche n’avait fait que creuser un sillon sur la route.
Les Français, qui s’étaient d’abord abrités derrière les merlons, réapparurent
pour lancer des sarcasmes tandis que les artilleurs remettaient stoïquement
leurs engins dans l’alignement.
    Le roi, âgé de trente-quatre ans, n’était pas aussi sûr de
lui que le suggérait son maintien. Il fronça les sourcils lorsque la fumée se
dispersa.
    — Avons-nous utilisé suffisamment de poudre ?
demanda-t-il au maître artilleur.
    La question fut traduite en italien par un prêtre.
    — Si nous mettons plus de poudre, répondit l’Italien,
les bombardes ne vont pas résister.
    Il parlait avec une expression de regret. On attendait
toujours de ses engins qu’ils produisent des miracles. Il était las d’expliquer
que même la poudre noire nécessitait du temps et de la patience pour faire son
œuvre.
    — Vous êtes le mieux placé pour le savoir, j’en suis
sûr, dit le roi d’un ton dubitatif.
    Il dissimulait son désappointement car il avait presque
espéré que le château tout entier se briserait comme du verre sous les
projectiles. Les hommes de son entourage, plus âgés que lui, arboraient un air
réprobateur. Ils croyaient peu en ces bombardes et avaient moins de confiance
encore dans les artilleurs italiens.
    — Qui est cette femme auprès de mon fils ? demanda
le roi à l’un de ses compagnons.
    — La comtesse d’Armorique, sire, elle s’est enfuie de
Bretagne.
    Le roi haussa les épaules, non pas à cause de Jeannette mais
parce que l’odeur de pourriture de la poudre piquait le nez.
    — Il grandit vite, dit-il avec un soupçon de

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