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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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jalousie
dans la voix.
    Lui-même accueillait dans son lit une jeune paysanne qui
était assez agréable et connaissait son affaire, mais elle n’était pas aussi
belle que la comtesse aux cheveux noirs qui accompagnait son fils.
    Jeannette, qui ne se rendait pas compte que le roi
l’observait, regarda le château, cherchant les effets des coups de bombarde.
    — Que s’est-il passé ? demanda-t-elle au prince.
    — Il faut du temps, répondit celui-ci en dissimulant sa
surprise que le château ne se soit pas magiquement transformé en un tas de
débris. Mais on dit qu’à l’avenir, nous ne nous battrons qu’avec des bombardes.
Pourtant, moi-même, je ne peux l’imaginer.
    — Ils sont amusants, dit Jeannette en regardant un
artificier qui transportait un baquet d’argile vers la bombarde la plus proche.
    Devant les bouches à feu, l’herbe brûlait en de nombreux endroits
et l’air avait une odeur d’œuf pourri qui était encore plus répugnante que
celle des cadavres de la rivière.
    — Si cela vous amuse, ma chère, je suis heureux que
nous ayons ces machines, dit le prince qui fronça ensuite les sourcils parce
qu’un groupe de ses archers adressait des quolibets aux artilleurs.
    — Qu’est-il advenu de l’homme qui vous a conduite en
Normandie ? demanda-t-il. J’aurais dû le remercier des services qu’il vous
a rendus.
    Jeannette eut peur de rougir ; elle répondit d’un ton
détaché :
    — Je ne l’ai pas revu depuis notre arrivée.
    Le prince se tourna sur sa selle.
    — Bohun, demanda-t-il au comte de Northampton, l’archer
personnel de ma dame a-t-il rejoint vos hommes ?
    — Oui, sire.
    — Eh bien, où est-il ?
    Le comte haussa les épaules.
    — Disparu. On pense qu’il a dû se noyer en traversant
la rivière.
    — Pauvre garçon, dit le prince, pauvre garçon.
    Et Jeannette, à sa grande surprise, sentit qu’elle éprouvait
du chagrin. C’était probablement mieux ainsi, se dit-elle. Elle était la veuve
d’un comte et à présent la maîtresse d’un prince. Si Thomas était couché dans
le lit de la rivière, il ne pourrait jamais révéler la vérité.
    — Pauvre homme, dit-elle doucement, il s’est conduit si
galamment avec moi.
    Elle détournait son visage du prince afin qu’il ne la vît
pas rougir et, à son grand étonnement, son regard rencontra sir Simon Jekyll
qui, avec un groupe de chevaliers, était venu au spectacle des bombardes. Sir
Simon riait, manifestement amusé que tant de bruit et de fumée ait produit si
peu d’effet. Jeannette, n’en croyant pas ses yeux, le regardait fixement. Elle
était devenue pâle. La vue de sir Simon avait ravivé le souvenir de ses pires
jours à La Roche-Derrien, jours de peur, de pauvreté, d’humiliation où elle ne
savait vers qui se tourner pour trouver du secours.
    — J’ai bien peur que nous ne puissions jamais
récompenser notre ami, dit le prince qui parlait toujours de Thomas.
    Puis il s’aperçut que Jeannette n’écoutait pas.
    — Ma chère ? dit le prince.
    Mais Jeannette regardait toujours ailleurs.
    — Madame ? dit-il plus fort en lui touchant le
bras.
    Sir Simon avait remarqué qu’une femme accompagnait le prince
mais il n’avait pas compris que c’était Jeannette. Il avait seulement distingué
une femme mince dans une robe or pâle, assise en écuyère sur un coûteux
palefroi orné de rubans verts et blancs. Cette femme portait une haute coiffe
dont le voile, agité par le vent, lui avait dissimulé les traits. Mais
maintenant qu’elle le regardait de face, tendant son doigt vers lui, il
reconnut avec horreur la comtesse. Il reconnut aussi la bannière qui se
trouvait près d’elle, bien que dans un premier temps il ne pût croire qu’elle
accompagnait le prince. Puis il vit l’escorte d’hommes en cotte de mailles
derrière le jeune homme blond et son premier mouvement fut de s’enfuir. Au lieu
de cela, il tomba à genoux, sans force. Tandis que le prince, Jeannette et les
cavaliers s’approchaient de lui, il s’étala de tout son long sur le sol. Son
cœur battait à se rompre et son esprit était emporté dans un tourbillon de panique.
    — Votre nom ? demanda sèchement le prince.
    Sir Simon ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit.
    — Son nom, dit Jeannette d’une voix vengeresse, est sir
Simon Jekyll. Il a essayé de me dénuder, sire, et il m’aurait violée si je
n’avais été secourue. Il m’a volé mon argent, mon armure, mes chevaux,

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