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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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tué votre père, et sir Simon a essayé de vous
tuer.
    Mordecaï remua la tête.
    — La nuit, je me lamente de ne pas être né chrétien. Je
pourrais porter une arme et me joindre au jeu.
    Il tendit une bouteille à Thomas.
    — Exécution ! À propos, qu’est-ce que c’est qu’une
éalé ?
    — Un animal héraldique, expliqua Thomas.
    Le médecin renifla.
    — Dieu, dans son infinie sagesse, a fait les poissons et
les baleines le cinquième jour, et le sixième, il a fait les bêtes de la terre.
Il a regardé et Il a vu que cela était bon. Mais pas assez bon pour les hérauts
qui ont dû ajouter des ailes, des cornes, des défenses et des griffes à son
œuvre imparfaite… Est-ce là tout ce que vous pouvez faire ?
    — Pour le moment.
    — J’obtiendrais plus de jus en pressant une noisette,
marmonna-t-il avant de s’esquiver.
    Eléonore avait dû guetter son départ car elle apparut sous
les poiriers, à l’extrémité du jardin, et lui fit un signe en direction de la
porte qui donnait sur la rivière. Thomas la suivit sur la berge de l’Orne où
trois gamins très excités essayaient de harponner un brochet avec des flèches
anglaises que l’armée avait abandonnées.
    — Allez-vous aider mon père ? demanda Eléonore.
    — L’aider ?
    — Il dit que son ennemi est votre ennemi.
    Thomas s’assit dans l’herbe, elle s’assit auprès de lui.
    — Je ne sais pas, dit-il.
    Et véritablement il ne savait que penser. Il y avait bien
une lance, il le savait, et un mystère concernant sa famille, mais il répugnait
à admettre que cette lance et ce mystère devaient gouverner sa vie entière.
    — Est-ce que cela veut dire que vous allez retourner
dans l’armée anglaise ? demanda Eléonore d’une petite voix.
    — Je veux rester ici, dit Thomas après un instant, pour
être avec vous.
    Elle devait se douter qu’il allait dire quelque chose de
cette sorte, cependant elle rougit et fixa son regard sur les petits cercles
que faisaient les poissons en sautant pour attraper des insectes. Les garçons frappaient
l’eau en pure perte.
    — Il vous faut une femme, dit-elle doucement.
    — J’en ai eu une, répondit Thomas.
    Et il lui raconta l’histoire de Jeannette et comment, ayant
rencontré le prince de Galles, elle l’avait abandonné sans un regard.
    — Je ne la comprendrai jamais, admit-il.
    — Mais vous l’aimez ? demanda Jeannette.
    — Non, dit Thomas.
    — Vous dites cela parce que vous êtes avec moi.
    Il fit non de la tête.
    — Mon père avait un livre de pensées de saint Augustin
et l’une d’elles m’a toujours intrigué…
    Il fronça les sourcils en essayant de se rappeler la phrase
latine :
    —  Nondum amabam, et amare amabam. Je n’aimais
pas, mais j’aimais aimer.
    Eléonore le regarda d’un air dubitatif.
    — Une façon très compliquée de dire que vous êtes seul.
    — Oui, admit Thomas.
    — Alors qu’allez-vous faire ?
    Thomas ne dit rien pendant un moment. Il pensait à la
pénitence promise au père Hobbe.
    — Je pense qu’un jour il faudra bien que je retrouve
celui qui a tué mon père, finit-il par dire.
    — Mais si c’est le diable ? demanda-t-elle
sérieusement.
    — Alors je porterai de l’ail, répondit Thomas d’un ton
léger, et je prierai saint Guinefort.
    Elle regarda l’eau qui devenait plus sombre.
    — Est-ce que saint Augustin a vraiment dit cela ?
    — Oui, il l’a dit.
    — Je sais ce qu’il ressentait, répondit Eléonore en
posant sa tête sur l’épaule de Thomas.
    Celui-ci ne bougea pas. Il était devant un choix. Chercher
la lance, ou bien retourner avec son arc à l’armée. En vérité, il ne savait ce
qu’il devait faire. Mais le corps tiède d’Eléonore était contre le sien et le
réconfortait. Pour le moment, cela lui suffisait, aussi, pour le moment,
allait-il rester.

 
9
    Le lendemain matin, messire Guillaume, escorté par une
demi-douzaine d’hommes d’armes, emmena Thomas à l’abbaye aux Hommes. Une foule
de solliciteurs se tenait devant la porte, réclamant de la nourriture et des
vêtements que les moines n’avaient pas, bien que l’abbaye elle-même ait échappé
au pillage parce qu’elle avait servi de quartiers au roi et au prince de
Galles. À l’approche de l’armée anglaise, les moines s’étaient enfuis.
Quelques-uns étaient morts sur l’île Saint-Jean, mais les autres étaient partis
vers le sud, dans une maison amie, et parmi eux se trouvait frère

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