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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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frère Germain.
    — Ce n’est pas la place du marché ! lança-t-il. Si
vous voulez ragoter, allez dans les latrines… J’aimerais bien pouvoir le faire,
ajouta-t-il à l’intention de ses visiteurs. Demandez à Mordecaï s’il a un
onguent pour les intestins, voulez-vous ?
    Il lança des regards furieux en direction de la salle puis
prit avec effort l’arc qu’il avait posé sur le bureau, examina attentivement
l’éalé et reposa l’arc.
    — Il y a toujours eu une rumeur selon laquelle une
branche des Vexille s’était établie en Angleterre. Ceci semble le confirmer.
    — Qui sont-ils ? demanda Thomas.
    Frère Germain parut irrité par cette question directe, ou
peut-être était-ce le sujet des Vexille qui le mettait mal à l’aise.
    — Ils étaient les maîtres d’Astarac, un pays à la
limite du Languedoc et de l’Agenais. Cela devrait vous dire tout ce que vous
avez besoin de savoir.
    — Cela ne me dit rien, confessa Thomas.
    — Alors vous devez avoir un doctorat de Paris, dit
frère Germain en riant de sa plaisanterie. Les comtes d’Astarac, jeune homme,
étaient des cathares. Le sud de la France était infesté par cette maudite
hérésie, et les Astarac se trouvaient au centre du mal.
    Il fit un signe de croix avec ses doigts tachés de pigments.
    —  Habere non potest, dit-il solennellement, Deum
patrem qui ecclesiam non habet matrem.
    — Saint Cyprien, dit Thomas. « Il ne peut avoir
Dieu pour père, celui qui n’a pas l’Église pour mère. »
    — Je vois que, finalement, vous n’êtes pas de Paris,
dit frère Germain. Les cathares ont rejeté l’Église, cherchant leur salut à
l’intérieur de leurs âmes noires. Qu’adviendrait-il de l’Église si nous
faisions tous cela ? Si chacun suivait sa fantaisie ? Si Dieu est en
nous, nous n’avons plus besoin de l’Église ni du Saint-Père pour nous conduire
vers Sa grâce. Cette conception est la plus pernicieuse des hérésies. Et où
a-t-elle mené les cathares ? À une vie de dissipation, aux plaisirs de la
chair, à l’orgueil et à la perversion. Ils vont jusqu’à nier la divinité du
Christ !
    Frère Germain fit un nouveau signe de croix.
    — Et les Vexille étaient des cathares ? demanda
messire Guillaume au vieil homme.
    — Je les soupçonne d’avoir été des suppôts du diable,
repartit le moine. Mais il est certain que les comtes d’Astarac ont protégé les
cathares, eux et une dizaine d’autres seigneurs. On les appelait les seigneurs
noirs, très peu d’entre eux étaient des parfaits. Les parfaits étaient les
dirigeants de la secte, les hérésiarques. Ils s’abstenaient de vin, de
relations amoureuses et de viande. Aucun des Vexille n’aurait voulu abandonner
de son plein gré ces trois plaisirs. Mais les cathares ont accueilli de tels
pécheurs dans leurs rangs et leur ont promis les joies du Paradis s’ils se
repentaient avant leur mort. Le seigneurs noirs ont souscrit à une telle
perspective et quand l’Église s’est attaquée à l’hérésie, ils ont combattu de
toute leur force… C’était il y a cent ans ! Le Saint-Père et le roi de
France ont détruit les cathares, et Astarac a été l’une des dernières forteresses
à tomber. Le combat a été terrible, les morts innombrables, mais à la fin les
hérésiarques et les seigneurs noirs ont été écrasés.
    — Cependant certains en ont réchappé ? suggéra
doucement messire Guillaume.
    Frère Germain resta un moment silencieux, les yeux fixés sur
l’encre vermillon qui séchait.
    — On raconte, dit-il, que quelques seigneurs noirs ont
survécu et qu’ils ont emporté leurs richesses dans tous les pays d’Europe.
Selon certaines rumeurs, l’hérésie survivrait toujours, après avoir trouvé
asile là où la Bourgogne et les États italiens se rencontrent. Je pense qu’une
partie de la famille Vexille est allée en Angleterre pour s’y cacher, puisque
c’est en Angleterre, messire Guillaume, que vous avez trouvé la lance de saint
Georges. Vexille dérive de « vexillaire », porte-étendard. On dit que
l’un des ancêtres Vexille découvrit la lance au cours d’une croisade et s’en
servit ensuite comme d’un étendard. C’était certainement un symbole de
puissance en ces temps anciens. Quant à moi, je demeure sceptique au sujet de
ces reliques. L’abbé m’assure qu’il a vu trois prépuces de l’Enfant Jésus et
pourtant, même moi qui Le place au-dessus de toutes choses, je doute

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