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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ambition dérisoire.
    — Je pensais que c’était absurde, mais à cette époque
la vie entière me semblait une absurdité. Pourquoi une misérable église d’un
village anglais insignifiant détiendrait-elle une précieuse relique ? Mais
Harlequin était sûr d’avoir raison, et quand nous avons pris le village, nous
avons trouvé la relique.
    — La lance de saint Georges, dit Thomas d’une voix
éteinte.
    — La lance de saint Georges, admit messire Guillaume.
J’avais passé un contrat avec Harlequin. Il m’avait versé un peu d’argent et le
reliquat était gardé par un moine de l’abbaye d’ici. Un moine en qui tout le
monde avait confiance, un lettré, un homme rigoureux dont les gens disaient
qu’il deviendrait un saint. Mais quand nous sommes rentrés, j’ai découvert que
le frère Martin s’était enfui en emportant l’argent. J’ai donc refusé de donner
la lance à Harlequin. « Apportez-moi neuf cents livres en bon argent, lui
ai-je dit, et la lance est à vous. » Mais il n’a pas voulu payer. Alors
j’ai gardé la lance, je l’ai mise à Evecque. Les mois ont passé et je n’en ai
plus entendu parler. J’ai cru que l’affaire de la lance était oubliée. Et puis
voici deux ans, au printemps, Harlequin est revenu. Avec des hommes d’armes. Il
s’est emparé du manoir, a massacré tout le monde – tout le monde – et
a pris la lance.
    Thomas, les yeux fixés sur la pierre tombale noire,
demanda :
    — Vous avez survécu ?
    — De justesse.
    Messire Guillaume releva sa jaquette noire, révélant une horrible
cicatrice sur son abdomen.
    — Ils m’ont infligé trois blessures, continua-t-il. Une
à la tête, une au ventre et une à la jambe. Ils m’ont dit que celle à la tête,
c’était parce que j’étais un imbécile sans cervelle, celle au ventre, pour me
punir de ma voracité, et celle à la jambe pour que je descende en enfer en
boitant. Ensuite ils sont partis en me laissant contempler les cadavres de ma
femme et de mes enfants pendant que j’agoniserais. Mais j’ai survécu, grâce à
Mordecaï.
    Il se mit debout, avec une grimace lorsqu’il s’appuya sur la
jambe gauche.
    — J’ai survécu, et j’ai juré de retrouver l’homme qui a
fait ça, reprit-il sombrement en désignant la pierre tombale, pour l’envoyer en
hurlant dans la fosse. Il m’a fallu un an pour découvrir qui il était, et
savez-vous comment j’ai fait ? Quand il est venu à Evecque, il avait fait
recouvrir les écus de ses hommes d’un drap noir, mais j’ai fendu l’un de ces
tissus avec mon épée et j’ai vu l’éalé. J’ai demandé à Paris et en Anjou, en
Bourgogne et dans le Dauphiné, et à la fin j’ai trouvé la réponse. Savez-vous
où ? Après avoir parcouru la France de long en large, je l’ai trouvée ici,
à Caen. Il y avait un homme qui connaissait ce blason. Harlequin s’appelle
Vexille. Je ne connais pas son prénom, ni son rang. Je sais seulement que c’est
un diable nommé Vexille.
    — Ainsi, ce sont les Vexille qui ont la lance ?
    — Ils l’ont. Et l’homme qui a tué ma famille a tué
votre père…
    Une expression de honte passa un bref instant sur le visage
de messire Guillaume.
    — J’ai tué votre mère, enfin je crois que c’est moi,
mais elle m’avait attaqué et j’étais en colère… Mais je n’ai pas tué votre
père, et en tuant votre mère je n’ai rien fait d’autre que ce que vous avez
fait en Bretagne.
    — C’est vrai, admit Thomas.
    Il regardait l’œil de messire Guillaume, sans parvenir à
éprouver de la haine pour la mort de sa mère.
    — Ainsi, nous avons un ennemi commun.
    — Et cet ennemi, dit messire Guillaume, c’est le
diable. Il le dit d’un ton lugubre puis fit un signe de croix.
    Thomas sentit soudain qu’il avait froid. Il avait découvert
son ennemi et cet ennemi était Lucifer.
     
    Ce soir-là, Mordecaï passa un baume sur le cou de Thomas.
    — C’est presque guéri, dit-il, la douleur va
disparaître, bien que, peut-être, ça puisse vous faire encore un peu mal, pour
vous rappeler que vous êtes passé tout près de la mort.
    Il sentit les odeurs du jardin.
    — Messire Guillaume vous a raconté l’histoire de sa
femme ?
    — Oui.
    — Et vous êtes parent de celui qui l’a tuée ?
    — Je ne sais pas. Vraiment, je ne sais pas, mais l’éalé
suggère que c’est le cas.
    — Et messire Guillaume a probablement tué votre mère,
et l’homme qui a tué sa femme a

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