Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:

poussait le thym et où voletaient des papillons bleus. Thomas, le casque pendu
au pommeau de sa selle et l’épée battant à son côté, se dirigeait vers la
fumée. Eléonore, qui avait insisté pour porter son arc parce qu’elle
« était la femme d’un archer », cheminait auprès de lui. Ils se
retournèrent, mais messire Guillaume était déjà à un quart de lieue. Il se
hâtait vers l’oriflamme sans regarder en arrière.
     
    Les Anglais firent marche vers l’est, s’éloignant toujours
plus de la mer, à la recherche d’un endroit où ils pourraient traverser la
Seine. Mais tous les ponts étaient détruits ou bien gardés par une forteresse.
Ils continuaient à tout détruire sur leur passage. Leur chevauchée formait une
ligne de vingt miles de large qui laissait derrière elle une traînée calcinée
de cent miles de long. Toute maison était brûlée, tout moulin détruit. Les gens
s’enfuyaient devant l’armée en emportant leur bétail et la nouvelle récolte, de
sorte que les hommes d’Edouard devaient aller toujours plus loin pour trouver
de la nourriture. Derrière eux, c’était la désolation, et devant eux se
dressaient les formidables remparts de Paris. Certains croyaient que le roi
allait attaquer la ville, d’autres pensaient qu’il n’allait pas gaspiller ses
troupes sur ces grands murs, mais qu’il allait donner l’assaut à l’un des ponts
puissamment fortifiés pour passer au nord du fleuve. De fait, l’armée tenta de
prendre le pont de Meulan, mais la forteresse qui gardait sa rive sud était
trop imposante et les arbalétriers trop nombreux. L’assaut échoua. On racontait
que le roi, sûr de pouvoir traverser le fleuve, avait demandé qu’on envoie des
vivres au Crotoy, bien loin au nord, au-delà de la Seine et de la Somme. Si les
vivres attendaient là-bas, ils se trouvaient hors d’atteinte car la Seine
formait un mur derrière lequel les Anglais étaient enfermés, sur une terre
qu’ils avaient eux-mêmes vidée de toute nourriture. Les premiers chevaux se
mirent à boiter et les hommes, dont les bottes étaient usées par la marche,
commencèrent à aller pieds nus.
    Les Anglais s’approchèrent de Paris, pénétrant dans le vaste
territoire des chasses royales. Ils s’emparèrent des pavillons du roi, les
dépouillèrent de leurs tapisseries et de leur vaisselle et c’est pendant qu’ils
chassaient les cerfs royaux que le roi de France adressa à Edouard l’offre de
livrer bataille. C’était un geste chevaleresque qui, par la grâce de Dieu,
mettrait fin à la destruction des campagnes. Philippe de Valois envoya un
évêque aux Anglais pour proposer avec courtoisie de les attendre avec son armée
au sud de Paris. Le roi anglais accepta l’invitation avec grâce. Et c’est ainsi
que les Français disposèrent leur armée dans les vignes qui occupaient une
colline près de Bourg-la-Reine. Ils attendraient les Anglais à cet endroit,
obligeant ainsi les archers et les hommes d’armes à combattre sur la pente
dominée par les arbalétriers. Les gentilshommes français se livraient déjà à
une estimation des rançons qu’ils tireraient de leurs prisonniers.
    La ligne de bataille française attendit, mais aussitôt que
l’armée de Philippe eut pris position, les Anglais s’en écartèrent
traîtreusement et partirent dans la direction opposée, vers la ville de Poissy
dont le pont avait été détruit et les habitants évacués. Quelques soldats
français, pauvrement armés de piques et de haches, avaient été laissés sur
place pour garder la rive nord. Ils ne pouvaient rien contre la multitude
d’archers, de charpentiers et de maçons qui utilisèrent les poutres prises sur
les toits des maisons de Poissy pour construire un nouveau pont sur les quinze
piles de l’ancien. Il fallut deux jours pour réparer le pont. Les Français
attendaient toujours la bataille prévue parmi les raisins mûrissants de Bourg-la-Reine
tandis que les Anglais traversaient la Seine et commençaient à faire marche
vers le nord. Les diables avaient échappé au piège.
    C’est à Poissy que Thomas, avec Eléonore auprès de lui,
rejoignit l’armée.
    Et c’est là que, par la volonté de Dieu, les temps
difficiles commencèrent.

 
10
    Eléonore était inquiète à l’idée de se joindre à l’armée.
    — Ils ne m’aimeront pas, parce que je suis une
Française, dit-elle.
    — L’armée est pleine de Français, lui répondit Thomas.
Il y a des

Weitere Kostenlose Bücher