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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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autre. À présent, il
faisait sombre et la pièce était faiblement éclairée par deux torches dont la
fumée montait vers le motif en éventail du haut plafond. Charles devenant plus
agité, Jeannette le prit dans ses bras et essaya de l’endormir en le berçant.
Deux prêtres, bras dessus, bras dessous, descendirent doucement les marches en
riant, puis un serviteur en livrée dévala l’escalier et tous les solliciteurs
se raidirent en regardant l’homme avec espoir. Il alla à la table du clerc, lui
parla un instant et enfin vint s’incliner devant Jeannette.
    Elle se leva.
    — Attendez-moi ici, dit-elle à ses deux serviteurs.
    Les autres visiteurs lui jetèrent des regards peu amènes.
    Arrivée la dernière, c’est elle qu’on appelait en premier.
Comme Charles traînait les pieds, Jeannette lui donna une petite tape sur la
tête pour lui rappeler les bonnes manières. L’homme en livrée avançait en
silence à côté d’elle.
    — Sa Grâce est-elle en bonne santé ? lui
demanda-t-elle nerveusement.
    Le serviteur ne répondit pas. Il se contenta de la conduire
en haut des marches, puis tourna à droite dans le couloir où une fenêtre
ouverte laissait entrer la pluie. Ils passèrent sous une voûte, montèrent une
volée de marches en haut desquelles l’homme ouvrit une grande porte.
    — Le comte d’Armorique et sa mère, annonça-t-il.
    La pièce était manifestement située dans l’une des tours de
la citadelle car elle était ronde. Sur un côté, il y avait une immense cheminée
et des meurtrières en forme de croix ouvraient sur les ténèbres humides de
l’extérieur. Cette chambre circulaire était elle-même brillamment éclairée par
quarante ou cinquante bougies qui illuminaient des tapisseries, une grande
table cirée, une chaise, un prie-Dieu où étaient sculptées des scènes de la
passion du Christ, et une couche recouverte de fourrure. Des peaux de cerf sur
le sol amortissaient les pas. Deux clercs travaillaient à une petite table,
tandis que le duc, magnifiquement vêtu d’une robe d’un bleu profond bordée
d’hermine et d’un chapeau assorti, était assis à la grande table. Un prêtre
d’âge moyen, le visage étroit et jaune, les cheveux blancs, se tenait à côté du
prie-Dieu et regardait Jeannette avec une expression de dégoût.
    Jeannette fit une révérence au duc et murmura à
Charles :
    — Agenouille-toi.
    L’enfant se mit à pleurer et enfouit son visage dans la robe
de sa mère.
    Le bruit de l’enfant fit tressaillir le duc, mais il ne dit
rien. C’était un homme encore jeune, bien qu’il fût plus près de trente ans que
de vingt, avec un visage pâle et attentif. Il était mince, portait une
moustache et une barbe blondes et tenait ses mains jointes devant sa bouche aux
commissures tombantes. Il avait la réputation d’être un homme instruit et pieux
mais son expression irritée rendait Jeannette méfiante. Elle aurait aimé qu’il
parle, mais les quatre hommes présents dans la pièce l’observaient en silence.
    — J’ai l’honneur de présenter à Votre Grâce son
petit-neveu, dit Jeannette en poussant en avant son fils en larmes, le comte
d’Armorique.
    Le duc jeta un regard au petit garçon. Son visage ne trahit
rien.
    — Son nom est Charles, dit Jeannette.
    Mais elle aurait pu aussi bien garder le silence car le duc
ne dit toujours rien. On n’entendait que l’enfant qui pleurnichait et le feu
qui craquait dans la grande cheminée.
    — J’espère que Votre Grâce a bien reçu mes lettres, dit
Jeannette nerveusement.
    Soudain le prêtre se mit à parler, ce qui fit sursauter
Jeannette de surprise.
    — Vous êtes venue, dit-il d’une voix haut perchée, avec
un serviteur qui porte un fardeau. Qu’est-ce que c’est ?
    Jeannette comprit qu’ils avaient dû penser qu’elle apportait
un présent et elle rougit de ne pas y avoir songé. Même un petit cadeau aurait
été une marque de tact, mais elle avait tout simplement oublié cette règle de
courtoisie.
    — Ce sac contient l’armure et l’épée de mon défunt
mari, que j’ai sauvées des Anglais, lesquels ne m’ont rien laissé d’autre.
Rien. Je les conserve pour mon fils afin qu’un jour il puisse en faire usage
pour combattre au service de son seigneur lige, dit-elle en inclinant la tête
devant le duc.
    Celui-ci mit ses doigts en forme de toit. Jeannette avait
l’impression que ses paupières n’avaient bougé à aucun moment, ce qui la
mettait aussi

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