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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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deux après l’aube les hommes d’armes qui
faisaient office de maréchaux se mirent à arrêter divers contingents. Des
cavaliers en sueur galopaient le long des troupes, leur criant de former une
ligne. Thomas, en se battant avec sa jument rétive, comprit que l’armée tout
entière se disposait en un immense croissant. En face, il y avait une colline
basse et derrière elle un voile brumeux qui trahissait les milliers de feux des
foyers de la ville. Lorsque le signal serait donné, tout le croissant d’hommes
en cottes de mailles s’avancerait sur le sommet de la colline, si bien que les
défenseurs, au lieu d’apercevoir quelques éclaireurs anglais sortant des bois,
auraient devant eux un ost immense. Pour que l’armée paraisse deux fois plus
importante, les maréchaux poussaient en criant tous ceux qui accompagnaient l’armée
au sein de la ligne courbe. Cuisiniers, clercs, femmes, maçons,
maréchaux-ferrants, charpentiers, marmitons, quiconque pouvait marcher était
ajouté au croissant. Au-dessus de cette masse humaine, une mer de drapeaux aux
couleurs vives était élevée. C’était une matinée chaude. Sous le cuir et la
maille, les hommes et les chevaux étaient en sueur. Le vent soulevait la
poussière. Le comte de Warwick, maréchal de l’ost, le visage rouge, parcourait
le croissant en jurant, mais peu à peu l’encombrant dispositif se mit en place
à sa satisfaction.
    — Lorsque les trompettes sonneront, cria un chevalier
aux hommes d’Armstrong, avancez jusqu’au sommet de la colline. Quand les
trompettes sonneront, pas avant !
    Lorsque les trompettes lancèrent leur défi vers le ciel d’été,
l’armée anglaise parut rassembler vingt mille hommes. Pour les défenseurs de
Caen, ce fut un cauchemar.
    Un instant auparavant, l’horizon était vide, même si le ciel
était depuis longtemps blanchi par la poussière que soulevaient les sabots et
les bottes, et puis brusquement apparaissait une armée, une horde, un essaim
d’hommes dont l’armement scintillait au soleil et que surmontait une forêt de
lances et d’étendards. Tout l’est et le nord de la ville était encerclé
d’hommes qui, lorsqu’ils virent Caen, poussèrent un grand rugissement
incohérent. Devant eux, il y avait du butin, une riche cité qui attendait
d’être prise.
    C’était une ville belle et célèbre, plus grande encore que
Londres. Caen était bien l’une des plus grandes villes de France. Guillaume le
Conquérant l’avait dotée de toutes les richesses qu’il avait volées en
Angleterre, et cela se voyait encore. À l’intérieur des murs, les clochers et
les tours se serraient les uns contres les autres comme les lances et les
étendards de l’armée d’Edouard, et aux deux extrémités de la ville se dressait
une vaste abbaye. Le château était situé au nord. À ses remparts, comme à ceux
de pierre claire de la ville, pendaient des bannières de guerre. Le rugissement
anglais fut accueilli par une acclamation de défi des défenseurs qui se
pressaient aux créneaux. Cela faisait beaucoup d’arbalètes, pensa Thomas, qui
se souvenait des lourds carreaux qui vrombissaient depuis les embrasures de La
Roche-Derrien. La cité s’était étendue au-delà de ses murs, mais au lieu de
placer les nouvelles maisons contre les remparts, comme le faisaient la plupart
des villes, elles avaient été construites sur une île basse qui s’étendait au
sud de la vieille ville. Formée par un enchevêtrement d’affluents qui se
jetaient dans les deux rivières principales passant près de la ville, l’île ne
possédait pas de murs puisqu’elle était protégée par les cours d’eau. Et elle
avait bien besoin de cette protection car, même depuis le sommet de la colline,
Thomas pouvait constater que c’était dans l’île que se trouvait la richesse de
Caen. À l’intérieur de ses hauts murs, la vieille ville était certainement un
labyrinthe de rues étroites passant entre des maisons exiguës, tandis que l’île
était remplie de grandes demeures, de hautes églises et de vastes jardins. Mais
bien que ce fut apparemment la partie la plus riche de la ville, elle ne
semblait pas défendue. Nulle troupe n’y était visible. Tous les soldats étaient
regroupés sur les remparts de la vieille ville. Les bateaux de la ville étaient
amarrés sur la berge de l’île, en face du mur, et Thomas se demanda s’il y en
avait qui appartenaient à messire Guillaume d’Evecque.
    Le comte de

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