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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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République sont ravagées, tant on y compte de vénériens et les Autrichiens campent aux Tuileries demain soir. Au cul, la République, au cul!
    Sur un signe, les ouvriers basculèrent par l’arrière l’ignoble contenu du tombereau au fond du puits. On entendit un hurlement, puis la voix sépulcrale constata:
    – Foutre, la République m’attaque à la merde!
    – Lancez-lui une corde!… ordonna froidement le général de la police secrète et bientôt on remonta un vieil homme tout penaud et couvert d’excréments. Agitant l’index sous le nez du vieillard tête baissée, Gréville lui fit durement la leçon:
    – Baron, c’est la dernière fois que je vous sauve!… Si vous vous échappez encore de chez les fous, ce sera la guillotine et je n’interviendrai plus pour vous!
    – Foutre, point de guillotine, monsieur le général. La merde est plus amère, mais moins dangereuse.
    On l’emporta sous le regard indulgent de Gréville qui expliqua:
    – Le baron de La Vergne, un vieux fou royaliste. C'est la troisième fois qu’il se terre dans ce puits.
    – Mais comment vit-il?… demanda Victoire.
    – Certains lui jettent du pain, d’autres le dénoncent. Il n’est dangereux que pour lui-même. Et maintenant, allons souper puisque hélas vous partez demain.
    1 La petite église Saint-Cosme et son cimetière se trouvaient entre l’actuelle rue Racine et la rue des Écoles, sur l’actuel boulevard Saint-Michel.

43
    L'arrivée par échelons puis l’installation de la 123 e demi-brigade «Liberté, liberté chérie» éveillèrent une vive curiosité dans les rangs de l’armée républicaine opérant en Vendée.
    Un premier problème se posa très rapidement concernant les rapports de Valencey d’Adana avec les généraux voisins scindés en deux groupes. Le premier, quoique sympathique, n’écoutait pas, interrogeant le prince sur… ses victoires navales.
    Le second groupe comprenait les éternels jaloux lesquels, oubliant qu’ils servaient la République avant leur ambition, soulevaient avec esprit de malice toutes sortes de difficultés à la moindre demande du général.
    Le commissaire aux armées délégué sur place envoya un rapport sévère au Comité de salut public qui provoqua la visite éclair de Saint-Just. Celui-ci s’entretint avec les généraux un par un, leur parla en les regardant droit dans les yeux et leur rappela que, s’ils dépendaient effectivement du commandant général des armées de l’Ouest, cela ne valait pas pour Valencey d’Adana, en mission spéciale et dont il fallait sur-le-champ satisfaire toutes les demandes dans l’intérêt supérieur de la nation.
    Néanmoins, Valencey d’Adana prit l’habitude de déléguer aux réunions son chef d’état-major, le colonel Mahé de Campagne-Ampillac.
    Avec sa formation rigoureuse d’officier de marine, habitué à calculer les routes maritimes et à couper celles de l’adversaire, Valencey d’Adana passait sur les cartes dix fois plus de temps que les autres généraux. Il poursuivait un plan, chacun en était persuadé, mais nul, à part ses proches, n’en avait connaissance.
    Le commodore John O'Shea, incomparable cavalier, avait été promu lieutenant-colonel et chargé d’organiser une petite unité de cavalerie d’une quarantaine d’hommes. Sélection sévère et résultat étrange puisque le peloton comprenait, outre des Français, des Anglais, des Américains, des Espagnols, un Noir et… une femme! En effet, Victoire qui entendait participer activement aux opérations et qui montait depuis l’âge de sept ans ne put en toute justice être écartée, malgré les efforts de John O'Shea effaré de se trouver responsable de la princesse. Mais comment faire autrement que l’admettre, sauf à tricher honteusement? En outre, ayant grandi avec Joachim, Mahé et «l’ancien ami» Blacfort, elle savait parfaitement tenir un sabre et tirer au pistolet.
    Elle ne s’illusionnait pourtant pas sur ce qui l’attendait en cas de capture. Dans un village repris aux Vendéens par les troupes de marine dès leur arrivée, on se fit une idée de l’adversaire. Les survivants de la garnison bleue avaient eu le ventre, les cuisses et les bras ouverts à la faucille par des femmes qui enfournèrent de l’herbe sèche dans les plaies profondes et y mirent le feu. On scia les mains des canonniers. Les officiers avaient été enterrés vifs, on voyait un bras dépasser de la terre. Une républicaine ayant été prise

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