Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
beauté réside en cela que cet acte est absolument inutile.
    L'Américain ajouta:
    – On ne présente pas une joue rugueuse à une dame… ni à une guillotine, celle-ci étant un féminin.
    Valencey d’Adana avait pris place sur le siège occupé au préalable par le prêtre et le jeune gardien, qui croisa son regard, nota qu’après la froideur celui-ci n’exprimait plus rien, une sorte d’indifférence, une fixité lointaine.
    Le gardien-barbier allait enfin se lancer dans son office lorsqu’un bruit de chevauchée et les clameurs d’une foule prise de panique suspendirent son geste.
    O'Shea se précipita aux barreaux et, d’une voix excitée:
    – Nous allons encore gagner quelques minutes… Accourez, messieurs, le spectacle est plaisant.
    Bientôt, tous le rejoignirent à la fenêtre et virent avec surprise des dizaines de hussards et un parti de dragons, lesquels, sans descendre de cheval, tapaient du plat du sabre sur les gardes nationaux, leur infligeant une très sévère correction.
    Puis la porte de la cellule s’ouvrit avec une telle violence que l’abbé, toujours tapi derrière, en fut assommé.
    Pierre-François Gréville, suivi d’officiers de hussards, de dragons et de policiers de la Secrète vêtus de noir, investirent la cellule.
    – C'est donc vous, Gréville, pourtant si discret, qui faites tout ce tapage?… lança Valencey d’Adana d’une voix où perçait le bonheur de ce que l’on crut perdu et vous revient: la vie.
    Gréville sourit:
    – Heureux de vous revoir!… Mais ce serait sous-estimer la République en général et moi en particulier que d’imaginer que nous ne sommes pas partout et informés de tout.
    – Comment avez-vous su?
    – Le greffier qui a fui cette ville voici trois jours; et, comme je réunissais des hussards et des dragons dans la caserne de la rue Bar-du-Bec, un colporteur venant à Paris m’apporta cette même nouvelle, mentionnant votre nom avec insistance. Il avait été payé un louis par un certain Joseph Lemaire qui vous semble fort dévoué.
    Le vieux gardien, flatté, fit un pas en avant. Gréville l’observa froidement de la tête aux pieds puis:
    – Tu as la reconnaissance de la nation, citoyen Lemaire. À partir de cet instant, tu diriges définitivement cette prison. Première mission: jette ton prédécesseur derrière les barreaux. Et prépare d’autres cellules, bien humides et très inconfortables.
    Puis, à un homme en noir de la police secrète:
    – Compte-lui dix louis: la République rembourse toujours, et un peu plus, ses citoyens exemplaires.
    Ayant fait signe au prêtre de prendre discrètement le large, il invita Valencey d’Adana et ses deux compagnons à sortir mais, dans la cour, ils croisèrent les cinq officiers qui commandaient la garde nationale.
    Désarmés, incertains, tête basse, ils faisaient grise mine. Gréville arracha leurs épaulettes avec une rare violence en hurlant:
    – Vous êtes cassés de vos grades et tous accusés de complot, sachant fort bien ce qui se passait dans cette ville et vous en étant rendus complices par votre silence. En prison!
    Il reprit sa marche, allant à grands pas vers le tribunal en maugréant:
    – Bande de jean-foutre!… Ah, qu’on en finisse.
    Deux hussards lui présentèrent le maire. Gréville contint difficilement une colère froide:
    – Tu es destitué sur-le-champ et accusé de complot et de haute trahison au profit de…
    Il chercha un instant:
    – Au profit de… de… de la Prusse!… En prison!
    Il entra au pas de course au tribunal dont le président blêmit en reconnaissant, libres, les trois officiers condamnés à mort.
    – Te voilà donc, vieux lâche!… lui dit Gréville en le regardant avec dégoût de la tête aux pieds.
    Puis il ajouta:
    – Tu vas juger une ultime fois. Préside en te taisant, ou presque. Après, tu seras destitué et incarcéré. Tu comparaîtras pour trahison. Veille à ce que ce procès dure moins de cinq minutes, alors il t’en sera tenu compte.
    On prit place dans le tribunal.
    L'odieux Beaupin, qui semblait déjà appartenir au royaume des morts, fut poussé au banc des accusés tandis qu’à la place qu’il occupait habituellement arrivait un personnage étrange coiffé d’un chapeau à grandes plumes tricolores lui donnant l’aspect d’un perroquet – lequel serait coincé des intestins.
    Gréville se pencha vers Valencey d’Adana en lui soufflant:
    – L'accusateur public. Je l’ai amené de Paris pour être

Weitere Kostenlose Bücher