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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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Katheline s’étant enquis si Hans
l’avait ainsi commandé, le bailli répondit qu’il n’agissait que par
ses ordres ; et Katheline fit dès lors ce qu’il voulut.
    Quand le cadavre fut dépouillé, on le vit sec comme du bois,
mais non pourri : et le bailli et les officiers de la commune
s’en furent, l’ayant fait recouvrir de sable : et les sergents
portaient les dépouilles.
    En passant devant la prison de la commune, le bailli dit à
Katheline que Hans l’y attendait ; elle y entra joyeuse.
    Nele voulut l’en empêcher et Katheline répondit toujours :
« Je veux voir Hans, mon seigneur. »
    Et Nele pleurait sur le seuil, sachant que Katheline était
appréhendée au corps comme sorcière pour les conjurations et
figures qu’elle avait faites sur la neige.
    Et l’on disait à Damme qu’il n’y aurait nul pardon pour
elle.
    Et Katheline fut mise dans la cave occidentale de la prison.

V
     
    Le lendemain, le vent soufflant de Brabant, la neige fondit et
les prairies furent inondées.
    Et la cloche dite
Borgstorm
appela les juges au
tribunal de la
vierschare
, sous l’appentis, à cause de
l’humidité des bancs de gazon.
    Et le populaire entourait le tribunal.
    Joos Damman y fut amené libre de tous liens, en ses nobles
atours ; Katheline y fut aussi amenée les mains liées devant
elle et vêtue d’une robe de toile grise, qui est robe de
prison.
    Joos Damman, étant interrogé, avoua qu’il avait tué son ami
Hilbert en combat singulier, à l’épée. Lorsqu’on lui dit :
« Il a été frappé d’un poignard, » Joos Damman répondit :
« Je l’ai frappé par terre parce qu’il ne mourait pas assez
vite. J’avoue ce meurtre volontiers, étant sous la protection des
lois de Flandre qui défendent de poursuivre, au bout de dix ans, le
meurtrier. »
    Le bailli lui parlant :
    – N’es-tu point sorcier ? dit-il.
    – Non, répondit Damman.
    – Prouve-le, dit le bailli.
    – Je le ferai en temps et lieu, dit Joos Damman, mais il ne me
plaît point maintenant de le faire.
    Le bailli interrogea alors Katheline ; elle ne l’entendit
point, et regardant Hans :
    – Tu es mon seigneur vert, beau comme soleil. Ôte le feu, mon
mignon !
    Nele alors, parlant pour Katheline, dit :
    – Elle ne peut rien avouer que ce que vous savez déjà,
Monseigneur et Messieurs ; elle n’est point sorcière, et
seulement affolée.
    Le bailli alors parla et dit :
    – Sorcier est celui qui, par moyens diaboliques employés
sciemment, s’efforce de parvenir à quelque chose. Or, ces deux,
homme et femme, sont sorciers d’intention et de fait ; lui,
pour avoir baillé l’onguent de sabbat et s’être fait le visage
clair comme Lucifer afin d’obtenir argent et satisfaction de
paillardise ; elle, de s’être soumise à lui, le prenant pour
un diable et de s’être abandonnée à ses volontés ; l’un étant
fauteur de maléfices, l’autre étant sa complice manifeste. Il ne
faut donc avoir nulle pitié, et je le dois dire, car je vois les
échevins et ceux du peuple trop bienveillants pour la femme. Elle
n’a, il est vrai, tué ni volé, ni jeté sort sur bêtes ni gens, ni
guéri nul malade par remèdes extraordinaires, mais seulement par
simples connus, en honnête et chrétienne médecine ; mais elle
voulut livrer sa fille au diable, et si celle-ci n’eût point en son
jeune âge résisté d’une si franche et vaillante braveté, elle eût
cédé à Hilbert et fût devenue sorcière comme celle-là. Donc, je
demande à messieurs du tribunal s’ils ne sont point d’avis de les
mettre tous deux à torture ?
    Les échevins ne répondirent point, montrant assez que tel
n’était point leur désir quant à Katheline.
    Le bailli dit alors, poursuivant son propos :
    – Je suis comme vous ému pour elle de pitié et miséricorde mais
cette sorcière affolée, obéissant si bien à diable, ne
pouvait-elle, si son paillard co-accusé le lui avait commandé,
couper la tête de sa fille avec une serpe, ainsi que Catherine
Daru, au pays de France, le fit à ses deux filles sur l’invitation
du diable ? Ne pouvait-elle, si son noir mari le lui avait
commandé, faire mourir les animaux ; tourner le beurre dans la
baratte en y jetant du sucre, assister de corps à tous les hommages
au diable, danses, abominations et copulations de sorciers ?
Ne pouvait-elle manger de la chair humaine, tuer les enfants pour
en faire des pâtés et les vendre, ainsi que fit un pâtissier à
Paris,

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