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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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répondit :
    – Messire bailli, il est contraire aux droit et coutumes de
l’empire de mettre des poires d’angoisse dans la bouche de ceux
qu’on interroge, car ils sont ici pour dire vérité et afin que nous
les jugions d’après leurs propos. Cela n’est permis que lorsque
l’accusé étant condamné peut, sur l’échafaud, parler au peuple,
l’attendrir ainsi, et susciter des émotions populaires.
    – J’ai soif, disait Katheline, donne-moi à boire, Hans, mon
mignon.
    – Ah ! tu souffres, dit-il, maudite sorcière, seule cause
de tous les tourments que j’endure, mais en cette chambre de
géhenne tu subiras le supplice des chandelles, l’estrapade, les
morceaux de bois entre les ongles des pieds et des mains. On te
fera nue chevaucher un cercueil dont le dos sera aigu comme une
lame, et tu avoueras que tu n’es point folle, mais une vilaine
sorcière, à qui Satan a commandé de faire du mal aux nobles hommes.
À boire !
    – Hans, mon aimé, disait Katheline, ne te fâche point contre ta
servante ; je souffre mille peines pour toi, mon seigneur.
Epargnez-le, messieurs les juges ; donnez-lui à boire un plein
gobelet, et ne me gardez qu’une goutte : Hans, n’est-ce point
encore l’heure de l’orfraie ?
    Le bailli dit alors à Joos Damman :
    – Lorsque tu tuas Hilbert, quel fut le motif de ce
combat ?
    – Ce fut, dit Joos, pour une fille de Heyst que nous voulions
tous deux avoir.
    – Une fille de Heyst, s’écria Katheline, voulant à toute force
se lever de son banc ; tu me trompes pour une autre, diable
traître. Savais-tu que je t’écoutais derrière la digue quand tu
disais que tu voulais avoir tout l’argent, qui était celui de
Claes ? C’était sans doute pour l’aller dépenser avec elle en
licheries et ripailles ! Las ! et moi qui lui eusse donné
mon sang s’il eût pu en faire de l’or ! Et tout pour une
autre ! Sois maudit !
    Mais soudain, pleurant et essayant de se retourner sur le banc
de torture :
    – Non, Hans, dis que tu aimeras encore ta pauvre servante, et je
gratterai la terre avec mes doigts, et je trouverai un
trésor ; oui, il y en a un ; et j’irai avec la baguette
de coudrier qui s’incline du côté où sont les métaux ; et je
le trouverai et je te l’apporterai ; baise-moi, mignon, et tu
seras riche ; et nous mangerons de la viande, et nous boirons
de la bière tous les jours ; oui, oui, ceux qui sont là
boivent aussi de la bière, de la bière fraîche, mousseuse.
Oh ! messieurs, donnez-m’en une goutte seulement, je suis dans
le feu ; Hans, je sais bien où il y a des coudriers, mais il
faut attendre le printemps.
    – Tais-toi, sorcière, dit Joos Damman, je ne te connais point.
Tu as pris Hilbert pour moi ; c’est lui qui vint te voir. Et
en ton esprit méchant, tu l’appelas Hans. Sache que je ne m’appelle
point Hans, mais Joos ; nous étions de même taille, Hilbert et
moi ; je ne te connais point ; ce fut Hilbert, sans
doute, qui vola les sept cents florins carolus ; à
boire ; mon père payera cent florins un petit gobelet
d’eau ; mais je ne connais point cette femme.
    – Monseigneur et messires, s’exclama Katheline, il dit qu’il ne
me connaît point, mais je le connais bien, moi, et sais qu’il a sur
le dos une marque velue, brune et grande comme une fève. Ah !
tu aimais une fille de Heyst ! Un bon amant rougit-il de sa
mie ? Hans, ne suis-je point belle encore ?
    – Belle ! dit-il, tu as un visage comme une nèfle et un
corps comme un cent de cotrets : voyez la guenille qui se veut
faire aimer par de nobles hommes ! À boire !
    – Tu ne parlas point ainsi, Hans, mon doux seigneur, dit-elle
quand j’étais de seize ans plus jeune qu’à présent. Puis se
frappant la tête et la poitrine : C’est le feu qui est là,
dit-elle, et me sèche le cœur et le visage : ne me le reproche
point ; te souvient-il quand nous mangions salé, pour mieux
boire, disais-tu ? maintenant le sel est en nous, mon aimé, et
monseigneur le bailli boit du vin de Romagne. Nous ne voulons point
de vin : donnez-nous de l’eau. Il court entre les herbes le
ruisselet qui fait la source claire ; la bonne eau, elle est
froide. Non, elle brûle. C’est de l’eau infernale. Et Katheline
pleura, et elle dit : Je n’ai fait de mal à personne, et tout
le monde me jette dans le feu. À boire on donne de l’eau aux chiens
qui vaquent. Je suis chrétienne, donnez-moi à boire. Je n’ai fait
nul mal à

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