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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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neuf heures, nous passâmes comme un tonnerre devant l'Oberstleutnant, qui ne se tint pas tout de suite pour battu. Il nous fit défiler sept fois devant lui et je suis sûr que si l'un d'entre nous avait eu seulement un dixième de seconde d'avance ou de retard sur les autres, il nous aurait immédiatement, selon sa promesse, renvoyés sur le terrain.
    Il était dix heures lorsque nous reçûmes enfin l'ordre de dispersion qui nous permit de regagner nos chambrées, et de dormir.
    C'était inhumain, sans doute, mais nous n'étions plus vraiment des êtres humains. Nous étions des chiens galeux. Des chiens affamés...
    Car pour se représenter notre entraînement sous sa véritable lumière et dans sa véritable perspective, il faut encore y ajouter... la faim.
    Sur ce point comme sur beaucoup d'autres, nous étions, en fait, complètement détraqués. A la fin de la guerre, en 1945, tout le peuple allemand vivait sur des rations de famine, mais dès 1940/41, nous étions encore beaucoup plus mal servis que la couche la plus déshéritée de la population — à savoir, les vulgaires civils — ne devait l'être en 1945.
    Comme nous n'avions pas de carte de ravitaillement, nous ne pouvions rien acheter. Le déjeuner était le même tous les jours : un litre de bouillon de betterave avec une poignée de choucroute pour lui donner un peu de consistance et cette poignée de choucroute, seulement une fois sur deux ; il ne fallait tout de même pas que nous nous sentions gâtés au point de croire que c'était arrivé !
    La viande était un luxe que nous ne connaissions pas. Chaque soir, nous touchions nos « rations sèches » pour vingt-quatre heures : un morceau de pain de seigle, qu'avec un peu de pratique on parvenait à débiter en cinq tranches, trois pour le soir, deux pour le lendemain matin ; vingt grammes de margarine rance et un morceau de fromage dont la teneur en eau devait être la plus élevée du monde. Le samedi, nous touchions une ration supplémentaire de cinquante grammes de marmelade de navet. Le petit déjeuner se composait d'un bol d'ersatz de café, couleur thé, à l'odeur et au goût répugnants, que nous engloutissions, cependant, avec délice.
    Il nous arrivait quelquefois, à l'exercice, de trouver, dans un champ, une patate ou un navet. Le temps de l'essuyer pour enlever le plus gros de la terre et le fourbi disparaissait dans une bouche avide si rapidement qu'un spectateur se fût imaginé qu'il venait d'assister à un tour de passe-passe.
    Il ne nous fallut pas longtemps, non plus, pour découvrir que l'écorce de bouleau, et une certaine sorte d'herbe qui poussait en bordure des fossés, possédaient un goût très acceptable, et peut-être même des propriétés nutritives, mais étaient bien tolérées, surtout, par l'estomac, et calmaient quelque peu les affres de la faim. Voici la recette, à toutes fins utiles : entre deux casques d'acier, broyer l'écorce de bouleau ou l'herbe des fossés ; ajouter une quantité convenable d'ersatz de café et manger comme une pâtée...
    Si par miracle l'un d'entre nous recevait un bon de pain, c'était la fiesta dans la chambrée du petit verni ! Un pain tout entier, vous vous rendez compte ?
    L'inspection du lundi était une de nos principales bêtes noires... A l'appel du matin, nous devions nous présenter casqués, en tunique de parade et pantalon blanc comme neige aux plis en lame de rasoir, avec paquetage, cartouchière, poches à munitions, pelle de tranchée, baïonnette, havresac et fusil, la capote, roulée à la façon réglementaire, pendue en travers de la poitrine.
    Chaque homme devait avoir dans sa poche un mouchoir propre, de couleur verte. Et ce mouchoir devait être plié à la façon réglementaire.

Cirage et huile de bras

    LA propreté n'a jamais fait de mal à personne. L'ordre non plus. Et dans une armée, il doit naturellement y avoir de l'ordre et de la propreté, organisés et codifiés, l'un et l'autre, par des programmes détaillés. Le soldat consciencieux consacre un temps incroyable à l'ordre et à la propreté, mais le soldat qui sert dans un bataillon disciplinaire y consacre tout son temps, ou pour mieux dire, tout le temps qui n'est pas déjà pris par d'autres activités.
    Toute la journée du dimanche, nous ne faisions rien d'autre que laver, nettoyer et plier à la façon réglementaire, ranger et suspendre à la façon réglementaire bref, donner à chaque chose sa place réglementaire après lui avoir

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