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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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ne vit que deux baraques légères dans lesquelles s’entassaient près de quatre cents prisonniers qu’une patrouille de SS surveillait de l’autre côté des barbelés. Les prisonniers confièrent à Garde qu’Oskar ne permettait pas aux SS de franchir l’enceinte ou de pénétrer dans l’usine, à moins qu’il ne s’agisse d’une équipe d’inspection. Oskar, disaient-ils, abreuvait de cognac la petite garnison SS d’Emalia. Rien de tel pour maintenir le moral. Garde se rendit compte que les prisonniers d’Emalia, hommes et femmes séparés par un mur de carton-pâte érigé au milieu de leurs bicoques, étaient finalement assez satisfaits de leur sort. Déjà, ils s’appelaient entre eux les Schindlerjuden, comme s’il s’agissait d’un titre honorifique. Ils se sentaient dans la peau de condamnés à qui l’on vient d’accorder une remise de peine. L’ingénieur Garde, bien qu’approuvant les travaux déjà exécutés, ne resta pas insensible à l’odeur qui se dégageait des latrines. Il faudrait creuser de nouvelles fosses. Et créer un système pour l’écoulement des eaux de l’unique pompe qui servait à la toilette matinale.
    Oskar lui demanda de venir dans son bureau pour vérifier les plans. Il y aurait six baraquements pour environ mille deux cents personnes. Les cuisines seraient à un bout. Les baraques des SS – Oskar avait accepté temporairement que des SS puissent être cantonnés à l’intérieur de l’usine – à l’opposé, derrière les barbelés. Il voulait une salle de douches efficace ainsi qu’un endroit fonctionnel pour laver le linge. Oskar dit à Garde qu’il avait des plombiers prêts à s’activer sous sa direction. « Pensez au typhus, ajoutait-il en grognant tout en laissant échapper un sourire. Le typhus, c’est la panique… Plaszow est déjà plein de poux. Ici, il faut pouvoir faire bouillir le linge. »
    Adam Garde était très heureux de se rendre chaque jour rue Lipowa. Deux ingénieurs avaient déjà été punis à Plaszow pour leurs compétences, mais à la DEF les experts étaient encore des experts. Un matin où Garde prenait la rue Wieliczka en direction de Zablocie, accompagné de son escorte, il vit une grosse voiture noire freiner des quatre fers juste devant lui. C’était l’Untersturmführer Goeth, avec son air des mauvais jours.
    « Un prisonnier, un garde », commenta -t-il. Qu’est-ce que ça veut dire ? L’Ukrainien de service fit observer respectueusement à Herr Kommandant qu’il avait reçu l’ordre d’escorter chaque matin le prisonnier vers l’usine Emalia de Herr Oskar Schindler. L’Ukrainien, comme Garde, espérait que la mention du nom d’Oskar leur épargnerait une sanction. « Un garde, un prisonnier ! » répéta le commandant dubitativement. Mais apparemment sa colère était tombée. Il s’engouffra dans sa voiture sans avoir résolu le problème d’une façon péremptoire. Au cours de la même journée il fit mander Wilek Chilowicz qui lui servait d’intermédiaire mais qui était aussi chef de la police juive du camp – un « pompier » comme on les appelait. Symche Spira, le petit Napoléon du ghetto, vivait encore là-bas. Il dirigeait une équipe chargée de récupérer tous les trésors cachés – diamants, bijoux, espèces – ayant appartenu à tous ces gens dont les cendres reposaient désormais sur un tapis d’aiguilles de pin dans les forêts qui bordaient Belzec. Spira cependant ne disposait d’aucun pouvoir à Plaszow. Là, c’était Chilowicz qui avait pris les choses en main. Tout le monde ignorait comment il y était parvenu. Peut-être Willi Kunde avait-il parlé de lui à Amon ; peut-être Amon avait-il remarqué et apprécié son style. Quoi qu’il en soit, voilà qu’il était devenu soudain le chef des « pompiers » de Plaszow, l’homme qui distribuait les casquettes et les brassards, symboles de l’autorité dans ce royaume pourri et qui, comme Symche, avait un esprit trop obtus pour s’empêcher de jouer les tsars.
    Goeth dit à Chilowicz qu’il vaudrait mieux pour tout le monde qu’on expédiât Adam Garde chez Schindler vingt-quatre heures sur vingt-quatre et qu’on en fût débarrassé. « Des ingénieurs, on en a à revendre », ajouta-t-il, méprisant, rappelant par là que les juifs avaient accès aux diplômes d’ingénieur, mais que les écoles de médecine, par exemple, leur étaient interdites en Pologne. « Mais avant qu’il aille à

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