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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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trouver en compagnie. Quand l’Ukrainien se retira un moment pour aller aux toilettes, Oskar fit part de sa morosité à Henry. Les nouvelles du front, en ce jour d’anniversaire, lui semblaient de mauvais augure. Les armées russes s’étaient arrêtées devant Lwow et derrière les marais du Pripet en Biélorussie. Henry ne parvenait pas à comprendre : Oskar ne se rend-il pas compte que si les Russes ne sont pas contenus, c’en est fini de ses affaires ici ?
    — J’ai souvent demandé à Amon de vous laisser venir ici en permanence, dit Oskar à Rosner. Vous, votre femme et votre enfant. Il ne veut rien savoir. Il vous apprécie trop. Mais sait-on jamais ?…
    Henry était reconnaissant. Il crut bon d’ajouter toutefois que sa famille comptait sans doute parmi celles qui étaient le plus en sécurité à Plaszow. Il cita l’exemple de sa belle-sœur que Goeth avait surprise un jour en train de fumer au travail et dont il avait ordonné l’exécution immédiate. Un des sous-officiers s’était permis d’attirer l’attention du commandant sur le fait que cette femme était Mme Rosner, l’épouse de Rosner l’accordéoniste. Amon avait aussitôt pardonné ce manque de discipline, en ajoutant :
    —  Rappelez-vous bien, jeune fille, qu’ici on ne fume pas au travail.
    L’attitude d’Amon vis-à-vis des Rosner – il semblait les couvrir parce qu’il appréciait leur musique – avait incité Henry et Manci à faire venir Olek, leur garçon de huit ans. Jusque-là, il avait été caché par des amis de Cracovie, mais ce type de situation paraissait chaque jour plus aléatoire. Une fois dans le camp, Olek pourrait se fondre dans le petit groupe d’enfants dont la plupart n’étaient même pas enregistrés sur les listes d’état civil du camp et qui survivaient à Plaszow grâce à la complicité des prisonniers et à la tolérance de certains sous-fifres. Faire venir Olek avait cependant comporté certains risques. Poldek Pfefferberg, qui avait dû se rendre en ville au volant d’un camion pour charger une cargaison de boîtes à outils, l’avait dissimulé dans une boîte placée sous ses jambes. Les gardes ukrainiens à l’entrée avaient failli découvrir le passager clandestin, qui non seulement était étranger au camp, mais qui vivait en infraction avec tous les statuts raciaux édictés par le gouvernement général du Reich. Ses pieds, trop longtemps contenus, avaient brusquement crevé le fond de la boîte au moment où les Ukrainiens étaient en train de fouiller l’arrière du camion. Poldek avait entendu le gosse murmurer :
    —  Monsieur Pfefferberg, monsieur Pfefferberg, mes pieds sortent !
    Henry, ce soir-là, pouvait rire de cette histoire, mais sans excès toutefois, car il restait encore pas mal de chemin à faire. Schindler, lui, ne riait pas du tout. La mélancolie qui s’était emparée de lui au cours de cette soirée semblait s’être muée brusquement en colère, sans doute sous l’effet – anniversaire oblige – d’amples libations. Il saisit le fauteuil de son bureau par le dossier et le dressa face au portrait du Führer. Henry, pendant quelques secondes, craignit qu’il ne commît le geste iconoclaste. Mais il se retourna brusquement et projeta le fauteuil sur le tapis avec une telle vigueur que les murs en résonnèrent.
    —  Ils brûlent les corps, là-bas ? demanda-t-il.
    Henry fit une grimace comme si la puanteur avait pénétré dans le bureau.
    —  Ils ont commencé, admit-il.
    Maintenant que Plaszow était devenu – dans le vocabulaire des fonctionnaires – un camp de concentration, les prisonniers se sentaient moins mal à l’aise quand ils rencontraient Amon. Les chefs d’Oranienburg ne toléraient pas les exécutions sommaires. Les temps où une équipe de corvée de patates alanguie pouvait être fusillée sur-le-champ étaient donc révolus. Il fallait maintenant un semblant de procédure, c’est-à-dire une audience, et un compte rendu expédié en triple exemplaire à Oranienburg. La sentence devait être approuvée non seulement par le bureau du général Glücks, mais par la section W (affaires économiques) du général Pohl. Car si un commandant de camp exécutait de son propre chef des travailleurs jugés essentiels, des demandes en dédommagement pouvaient être déposées auprès de la section W. D’autres raisons pouvaient même être évoquées. Allach-Munich Ltd., une fabrique de porcelaine qui utilisait la

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