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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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menace même mes ouvriers d’exécution immédiate. Mais ce ne sont pas des ouvriers ! Ce sont des techniciens de très haut niveau qui équipent des armes secrètes, etc. Bien que Hassebroeck eût été responsable de la mort de milliers de prisonniers, bien qu’il jugeât que tous les travailleurs juifs dussent être liquidés à l’approche des Russes, il accepta, en attendant cette échéance, de considérer l’usine de Brinnlitz comme un cas spécial.
    —  Liepold, insistait Oskar, ne cesse de me dire qu’il souhaiterait se retrouver à un poste de combat. Il est jeune, il est solide, il est volontaire.
    Hassebroeck dit qu’il allait y réfléchir. Liepold, entre-temps, soigna sa gueule de bois pendant toute la journée où l’on célébrait l’anniversaire d’Oskar.
    Herr Direktor en profita pour prononcer un discours étonnant en réponse aux vœux d’anniversaire qu’on lui adressait. Il avait bu toute la journée, et pourtant tout le monde s’accorde à reconnaître que rien n’en transparut dans son allocution. Nous n’avons pas le texte de ce discours, mais celui d’un autre, prononcé à dix jours d’intervalle, soit le 8 mai, et qui, d’après ceux qui l’ont écouté, avait la même teneur que le précédent.
    En fait, ce n’était pas à proprement parler un discours, mais plutôt un compte rendu des nouvelles perspectives qui allaient être offertes aux prisonniers. Il voulait qu’ils prennent conscience que leur statut était désormais modifié, comme celui des SS, d’ailleurs. Longtemps auparavant, il avait dit à un groupe de ses travailleurs, dont Edith Liebgold, qu’ils verraient la fin de la guerre. Ce petit don de prophète, il l’avait exercé à plusieurs reprises avec une foi inébranlable, et notamment en novembre, quand les prisonnières d’Auschwitz étaient arrivées à Brinnlitz et qu’il leur avait dit : « Vous n’avez plus rien à craindre, désormais. Vous êtes avec moi. » La magie du verbe. Peut-être à une autre époque et dans d’autres circonstances Herr Direktor serait-il devenu un tribun démagogue du type Huey Long de la Louisiane, dont le talent consistait à persuader ses auditeurs qu’il leur fallait réaliser un front commun pour résister à l’influence perverse de leurs concitoyens.
    Le discours d’anniversaire fut prononcé de nuit, en allemand, devant tous les prisonniers rassemblés dans un atelier. Quand Oskar entama sa péroraison, Poldek Pfefferberg sentit ses cheveux se dresser sur sa tête. Car le personnel allemand était là. Et les prisonniers étaient gardés par un détachement de SS. Pfefferberg scrutait les visages fermés de Schoenbrun et de Fuchs, les gueules impassibles des SS, l’arme automatique à l’épaule. « Ils vont le tuer, pensait-il. Et tout va s’effondrer. »
    Le discours était axé sur deux promesses. D’abord, l’effondrement de la tyrannie était proche. Il parla des SS comme s’ils étaient, eux aussi, prisonniers des forces du mal et qu’ils aspiraient à leur libération. Beaucoup d’entre eux, expliqua-t-il, avaient été enrôlés de force dans les Waffen SS. Sa seconde promesse fut encore plus directe : il resterait à Brinnlitz jusqu’à la fin des hostilités, « et même cinq minutes plus tard », ajouta-t-il. Pour les prisonniers, ce discours était synonyme d’espoir. Oskar leur disait clairement qu’il n’y aurait pas de tombes creusées à la va-vite dans les bois environnants.
    Le corps des SS avait été copieusement insulté. On saurait plus tard, d’après leurs réactions, comment ils avaient pris le discours. Mais Herr Direktor les avait avertis qu’il resterait à Brinnlitz au moins aussi longtemps qu’eux, et que, par conséquent, il deviendrait témoin.
    Pourtant Oskar ne se sentait pas aussi sûr de lui qu’il en avait l’air. Il confessera plus tard qu’il craignait certaines réactions d’unités en retraite. Pas seulement les SS, saisis de panique et désespérés, mais aussi les troupes de Vlasov qui cantonnaient aux alentours de Brinnlitz. Ces soldats, membres de l’armée de libération russe, avaient été recrutés l’année passée, conformément aux directives de Himmler, parmi la masse de prisonniers russes. Ils avaient pour chef le général Andreï Vlasov, un ancien général de l’armée russe, capturé devant Moscou trois ans auparavant. Ces gens étaient particulièrement teigneux car ils n’avaient plus rien à perdre. Ils

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