La mariage du Viking
c’est ?
Einar lâcha le bras de celle qu’il aurait dû tuer sur ordre de son père. Comme tous, il savait que Svend, bien qu’il parût trop vieux et trop gros pour se battre, pouvait encore anéantir un homme plus jeune et assez stupide pour mettre en doute sa puissance.
Il s’avança vers son père, et s’arrêta si près de lui que seuls les fidèles amis qui constituaient son plus proche entourage purent entendre ce qu’Einar lui déclara :
— Voici celle dont les Saxons voulaient la mort. Mais, comme tu peux le constater, cela aurait été le pire des gâchis.
Einar passa alors derrière Meradyce et saisit un large pan de sa robe, qu’il enroula autour de son poing. Le corps ainsi moulé dans le fin tissu de laine pourpre, les formes voluptueuses de la jeune femme apparurent clairement aux yeux de tous.
— Je te fais présent de cette femme, annonça Einard’une voix forte. Quant à ses enfants, nous les échangerons contre une rançon.
Les yeux de Svend, comme ceux de tous les hommes dans la salle, brillaient de convoitise. D’un geste lent, Einar lâcha l’étoffe qui retomba souplement autour du corps féminin.
Alors, Svend se leva et s’approcha de son fils.
— Par Odin, c’est une créature divine que tu m’amènes là, Einar !
Pétrifiée par la crainte, la Saxonne demeura muette.
Totalement indifférent à la détresse de celle-ci, Svend gratifia Einar d’une puissante claque dans le dos avant de s’exclamer :
— Je te suis infiniment reconnaissant de ton cadeau, mon fils, mais je ne crois pas que mes épouses le seront !
Les hommes qui les entouraient ponctuèrent la plaisanterie de rires gras, tandis qu’Einar et Svend demeuraient de glace. Ce dernier avisa alors la fillette et le jeune garçon qui tremblaient sur le banc.
— Ces enfants sont-ils les siens ?
— Oui, répondit Einar. Les siens et ceux du thane saxon.
— Par Odin, j’imagine déjà sa fureur. Mais il nous paiera un bon prix pour les récupérer. Bravo, Einar. Tu as fait preuve d’intelligence.
Pourtant, un seul regard vers son père assura à Einar que Svend dissimulait un certain mécontentement.
— Garde-la, laissa alors tomber celui-ci avant de retourner s’asseoir. Je te la laisse, en remerciement de m’avoir ramené le navire sain et sauf.
Einar considéra longuement son père, inclina respectueusement la tête puis prit la jeune femme par le bras. Comme il la conduisait vers le banc où les attendaientles enfants, il fut saisi d’un doute. Peut-être aurait-il dû la tuer. Manifestement, son père était contrarié, et Einar devinait la jalousie qui rongeait déjà ceux de leur entourage, particulièrement Ull.
Toutefois, la réaction surprenante de Svend le tourmentait bien davantage. Einar avait transgressé les ordres et rompu le marché conclu avec le traître saxon. Cela ne ressemblait guère à Svend de récompenser une désobéissance, même s’il l’estimait justifiée.
Pour ajouter à son trouble et pour son plus grand déplaisir, Einar se rendait également compte du pouvoir que la belle Saxonne exerçait sur lui.
Dans l’espoir de se rassurer, il se persuada que l’attirance, qu’il éprouvait pour cette femme, procédait de la même concupiscence qui brillait dans les yeux de chaque guerrier de l’assemblée.
Puis il vit Ingemar s’avancer nonchalamment vers lui, une corne à la main, et lui fit un petit signe de la main.
— Que désires-tu ? demanda-t-elle non sans dévisager la prisonnière d’un long regard inquiet.
— Boire, pour l’instant, répliqua-t-il.
Ingemar lui tendit la corne emplie d’ale. L’air soudain grivois, Einar plongea une main avide dans le corsage souple de la robe et caressa la poitrine de sa maîtresse. Bien trop de jours s’étaient écoulés sans une compagne à ses côtés.
Le souffle d’Ingemar s’accéléra, et Einar comprit qu’un seul geste suffisait pour qu’elle le suive à l’extérieur.
Mais, derrière lui, la petite fille se mit à tousser, et il se ressaisit.
— Peux-tu apporter un peu de pain et d’eau pour ces enfants ? demanda-t-il alors.
La jeune femme acquiesça, repoussa fièrement sa blonde chevelure, et s’éloigna, l’air triomphant.
Meradyce, toujours immobile, jeta un coup d’œil inquiet au Viking. Elle n’avait nul besoin de parler la langue de ces barbares pour comprendre qu’il venait de l’offrir au vieil homme, qui devait être le thane du village. Apparemment,
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