La mariage du Viking
pourtant, il semblait que ce dernier ne voulait pas d’elle, et Meradyce en avait ressenti du soulagement.
Si elle devait appartenir à un homme, autant avoir pour maître son propre ravisseur. Sur le bateau, au fil des jours, la jeune femme avait pu se rendre compte qu’il était différent des guerriers vikings dont elle connaissait la réputation. Il ne l’avait pas violée, il n’avait pas porté la main sur elle. Durant la tempête, il était allé jusqu’à offrir sa cape aux enfants alors qu’il devait, tout autant qu’eux, souffrir du froid. Il avait traité Adelar avec sagesse, en allant jusqu’à manifester du respect pour la fierté du jeune garçon.
Toutefois, à présent, parmi son peuple, il ressemblait aux autres Vikings éméchés dont les yeux lubriques la convoitaient avec avidité. Il avait le visage dur et froid et ses manières semblaient rudes. Pourtant, Meradyce continuait de croire qu’il ne lui ferait pas de mal. Certes, elle avait été choquée en le voyant glisser une main effrontée dans le décolleté de la jolie blonde mais, à l’expression flattée de celle-ci, elle avait compris que la coquine n’en attendait pas moins.
A cet instant, Meradyce se rendit compte que le Viking l’observait. Elle sentit le regard glisser le long de son dos, et fit son possible pour l’ignorer.
Enfin, la blonde revint avec du pain, qu’elle lui offrit d’un air parfaitement hostile. Meradyce, qui connaissaitbien la jalousie pour l’avoir trop longtemps subie, la décela instantanément sous cette agressivité.
Peut-être cette femme était-elle l’épouse du Viking, songea-t-elle alors. Mais cette idée ne lui procura guère de réconfort. Car, même si cela signifiait qu’Einar ne la toucherait pas, cela voulait dire aussi qu’il la considérerait comme n’importe quelle prisonnière et qu’il la vendrait au premier venu comme une vulgaire marchandise.
Néanmoins, Meradyce garda pour elle ses craintes et ses espoirs. Elle rompit le morceau de pain en trois et, par des paroles douces, tenta de persuader Adelar et Betha d’en manger un peu.
— Je veux rentrer à la maison, geignit soudain la fillette, les yeux écarquillés par la peur.
— Moi aussi, ma chérie. Mais nous devons rester ici jusqu’à ce que ton père vienne te chercher.
Tout en réconfortant Betha entre ses bras, Meradyce laissa son regard se promener dans la grande salle et remarqua les tapisseries qui recouvraient les murs. D’une rare beauté, elles provenaient sans doute d’un pillage, et n’étaient certes pas là pour être admirées, mais pour isoler du froid l’habitation du maître de céans.
— Venez, lui dit soudain le Viking en l’enjoignant à se lever.
A cet instant, tous les hommes autour d’eux affichèrent un sourire lubrique et se mirent à ricaner comme des demeurés.
Meradyce ne broncha pas. Elle ne voulait pas partir avec lui et refusait d’abandonner les enfants. Betha désespérément accrochée à ses basques, elle vit Adelar se lever d’un bond et menacer le Viking de ses poings levés.
— Emmenez-les avec vous, lui accorda Einar avec sécheresse.
Muette, sans un regard vers lui, Meradyce se leva lentement, prit les deux enfants par la main et suivit le Viking d’un pas hésitant.
Dehors, il faisait nuit et plus froid encore qu’auparavant. Frissonnante, la jeune femme prit Betha dans ses bras. Transie, la fillette tremblait tant que ses dents s’entrechoquaient.
Fort heureusement, la maison où les conduisit Einar ne se trouvait pas très loin de celle du thane. Là, il repoussa la tenture de peau qui fermait l’entrée et leur fit signe de pénétrer à l’intérieur. Meradyce hésita un instant puis s’exécuta. Pas une fois le Viking ne l’avait humiliée devant les enfants, et elle osait espérer qu’il continuerait à y veiller.
Dans la longue pièce, se trouvait une vieille femme qui se leva à leur approche.
— Einar ! s’écria-t-elle dans un sourire radieux.
— Voici ma mère, expliqua le Viking. Apprenez qu’elle est saxonne, comme vous.
Stupéfaite, Meradyce déposa doucement Betha à terre, jeta un bref regard à Einar puis considéra longuement celle qui lui faisait face et dont les origines expliquaient pourquoi le Viking parlait aussi le saxon.
Une jeune fille à l’épaisse chevelure rousse apparut alors et s’avança vers eux. Elle ne prononça pas un mot, n’esquissa aucun sourire, et pourtant, Meradyce devina que
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