La mariage du Viking
terreur vis-à-vis du géant à la chevelure rousse. Ou peut-être n’avait-ellepas eu un seul instant peur de lui. Peut-être avait-elle seulement craint de se voir découverte avec lui.
Peut-être était-elle comme Nissa…
A ce moment, Thorston entra en trombe dans la maison, les bras chargés d’un gros coffre de bois. Il salua Einar, qui sortit sans daigner lui répondre.
Le petit homme replet paraissait fort essoufflé, mais son visage rubicond s’éclaira tandis qu’il s’approchait de Meradyce et d’Endera. Bientôt, Olva, Betha et Adelar entrèrent à sa suite.
Thorston posa le coffre à terre, puis embrassa paternellement sa petite-fille avant de dévisager Meradyce sans la moindre discrétion.
— Voici Thorston, mon mari, expliqua Olva dans un sourire chaleureux. Einar vient de le ramener d’Hedeby, où il s’attardait un peu trop à mon goût.
Thorston sourit nerveusement à Meradyce puis bredouilla quelque chose qu’elle ne comprit pas.
— Il invoque des affaires à ne pas manquer pour excuser son retard, traduisit Olva. Mais je connais les hommes, dès qu’ils sont en ville, c’est pour s’amuser !
Son époux eut l’air de comprendre le reproche, car il jeta à Endera un regard de martyr avant de se relancer dans un bavardage interminable.
Meradyce rejoignit Betha, fort occupée à fouiller dans le coffre. Le mari d’Olva ! Si elle avait pu s’y attendre. Il n’avait certes rien de déplaisant, mais la maison paraîtrait encore plus petite à présent.
Saisie d’une lassitude soudaine, la jeune femme eut l’impression que l’hiver allait être très long.
***
— Tu n’as jamais dit qu’elle ne pouvait pas épouser l’un de nous, affirma Ull pour la dixième fois.
Son visage aux traits épais devenait de plus en plus rouge tandis qu’il considérait Svend d’un air indigné.
Celui-ci lâcha un soupir exaspéré. Par Thor, cette Saxonne avait l’art de jeter le trouble autour d’elle, particulièrement auprès de Ull, l’éternel insatisfait !
D’autant que Svend doutait que le guerrier fût sérieusement intéressé par Meradyce. Certes, comme chaque homme présent dans cette salle, Ull désirait ardemment prouver sa virilité à la jeune femme. Néanmoins, le chef viking le soupçonnait plus volontiers de vouloir semer la discorde au sein du village. Et Ull avait, parmi les guerriers, des amis qui le soutiendraient… tant qu’il s’agirait seulement de conquérir une femme. Mais, fort heureusement, ce n’étaient pas ceux-là qui l’aideraient à prendre le pouvoir.
— Svend a dit qu’elle était libre, corrigea Einar d’une voix aussi glaciale que le vent d’hiver.
Assis au côté de son père, il laissait ses longues jambes nonchalamment reposer sur l’accoudoir de l’imposant fauteuil de chêne, qu’il avait rapporté de l’un de ses pillages.
De plus en plus déconcerté, Svend choisit la stratégie du silence, en attendant le moment opportun pour rendre son verdict.
Lentement, il tourna la tête vers Einar qui, manifestement, tentait de se persuader que cette querelle concernant Meradyce n’avait pas lieu d’être.
— Je n’ai jamais tenté de la prendre contre sa volonté, objecta Ull qui ne comprenait pas pourquoi Svend laissait Einar répondre à sa place.
— Tu n’avais aucune raison de l’approcher, reprit sèchement Einar.
— Pourquoi pas ? Je suis libre, elle est libre.
Svend leva alors la main pour conclure :
— Cette femme est libre, comme le dit Ull. Je proclame donc que, comme toute femme libre, elle peut être courtisée par n’importe quel homme.
— Dans ce cas, suis-je toujours responsable d’elle ? demanda Einar sur un ton grave.
— Non, repartit Svend. Dorénavant, c’est moi qui en suis responsable.
Ull parut surpris mais préféra ne pas protester. Car si cette décision le comblait en l’autorisant à courtiser la Saxonne, elle lui enlevait aussi le plaisir de contrarier Einar et l’exposait directement aux foudres du chef des Vikings si la jeune femme s’estimait offensée.
Dans un haussement d’épaules, Einar porta sa corne d’hydromel aux lèvres. Peu lui importait, après tout, qu’un autre homme pût désirer Meradyce. Pourtant, d’un autre côté, Ull ne méritait pas de gagner aussi facilement.
Ingemar, qui se tenait près du seuil, lui adressa un sourire triomphal. Son fiancé n’avait nulle raison, maintenant, d’approcher cette Saxonne, et elle se chargerait
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