La mariage du Viking
plus violentes que nécessaires.
— Einar ! lança soudain une voix derrière lui.
Le Viking se retourna et vit déboucher d’une ruelle étroite un gros homme trapu. Cette apparition lui arracha aussitôt un sourire.
— Einar, mon ami ! Quelle surprise ! Qu’est-ce qui t’amène ici ?
— Ce vieux brigand de Thorston ! s’exclama à son tour Einar. Et toi, que fais-tu ici ? Je te croyais rentré chez toi.
— C’était bien mon intention, vois-tu, reprit le nouveau venu avant de lui plaquer une main amicale sur l’épaule. Mais j’ai en ce moment une occasion d’acheter de l’excellent vin à un prix défiant toute concurrence. Voilà ce qui me retient ici quelques jours de plus. Dis-moi, comment va ta mère ?
Einar eut un sourire chaleureux pour celui qui n’était autre que le second mari d’Olva. Comme, avant elle, la mère de Hamar, Olva avait divorcé de Svend lorsque celui-ci avait ramené d’un pillage une nouvelle compagne.
Einar avait quatorze ans quand Olva avait épousé Thorston, après plusieurs mois d’une cour assidue. Il savait qu’elle aimait beaucoup ce marchand au visage potelé, même si ce dernier passait le plus clair de son temps à voyager. Secrètement, Einar pensait que c’était l’une des raisons qui avaient poussé Olva à l’épouser ; elle tenait à son indépendance. Et, chaque fois que Thorston revenait, cela donnait lieu à d’heureuses retrouvailles.
— Elle va bien, mais attends-toi à des remontrances. Tu sais combien elle s’inquiète quand tu retardes tes voyages.
— Certes, Einar. Mais où loges-tu ? Chez Nils ou sur ton bateau ?
— Cette fois, je reste sur mon navire, répondit Einar. Pourquoi ?
— Oh ! simple question, répliqua Thorston dans un sourire en coin. Je sais que les filles de Nils t’accueilleraient chez elles avec plaisir.
— Merci de te soucier ainsi de mon bien-être, Thorston, mais elles me semblent toutes deux un peu trop maigrelettes.
— Pas la plus jeune, corrigea son beau-père. Elle est aussi appétissante qu’un fruit mûr…
— Je vais devoir révéler à Olva combien tu sembles connaître les filles de Nils, reprit le Viking sur un ton neutre.
— Einar, je plaisantais ! Mais, au fait, n’y aurait-il pas un peu de place sur ton navire pour quelques tonnelets de vin ? Ainsi je pourrais rentrer plus vite chez moi.
— Qu’entends-tu par « quelques » tonnelets ?
— Vingt, peut-être trente, si je puis en obtenir davantage de celui qui me les a vendus. Disons… une quarantaine.
Einar partit d’un immense éclat de rire. Si quelqu’un savait tirer vingt pièces d’argent d’une dizaine, c’était bien Thorston. Ainsi, grâce à son beau-père, Einar était un homme riche.
— Je crois pouvoir te satisfaire, lui assura tranquillement le Viking. Y a-t-il autre chose ?
— Guère plus. Des étoffes, quelques bijoux et pierres précieuses, des épices…
— Heureusement pour toi, nous ne sommes pas venus à Hedeby pour y commercer, lui fit remarquer Einar.
— Vraiment ? s’étonna Thorston. Alors, pourquoi ce voyage ?
— Pour récupérer une rançon.
— Une rançon ? Raconte-moi cela, mon fils. Et, Olva ? Me tiendra-t-elle rancune de ce petit retard ? Je lui ai acheté la plus belle broche de tout le pays, pour l’apaiser.
Einar lui parla alors du pillage, et des hôtes qu’Olva accueillait dans sa maison. Mais il ne lui précisa pas combien la Saxonne était belle, pas plus qu’il ne mentionna quel sentiment de jalousie l’avait étreint, en apprenant que le thane saxon qui la convoitait était jeune, beau et fortuné.
Tandis qu’il l’écoutait, Thorston dissimula tant bien que mal sa surprise. Einar avait ramené une femme chez lui ! En mûrissant, le jeune homme se rapprochait-il des goûts prononcés de son père pour la gent féminine ? Thorston n’en était pas convaincu. Cette femme devait être spéciale, pour qu’il la ramenât ainsi avec lui.
Einar se mit alors à parler d’Olva et de la vie au village, sans une seule fois mentionner le nom de sa fille, Endera. Mais Thorston, que cela ne surprenait guère, se garda bien de lui demander pourquoi.
Ce dernier, qui avait prévu de rester quelques jours de plus à Hedeby, décida soudain que, pour une fois, les profits pouvaient attendre.
Il lui fallait, toute affaire cessante, voir la femme qu’avait ramenée Einar.
Chapitre 7
— Tout se passe pour le mieux, assura
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