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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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lâcha les ficelles des jambons qu’il tenait encore en main. Ils glissèrent sur le sol dallé avec un chuchotement moelleux qui nous mit l’eau à la bouche.
    « Qu’as-tu à dire pour ta défense ? hucha le baron, la main sur le pommeau de son épée, les sourcils froncés en fixant le jeune drôle de ses terrifiants yeux bleus :
    — … …
    — Parle ! Vite et bien.
    — Mes… mes… messire, j’a… j’a… j’avais peur de… de… man-man-manquer ! bredouilla le jeune voleur, blèze, en baissant le chef.
    — Capitaine d’armes ! Pendez ce vaunéant et exposez son corps sur les murailles ! Pour l’exemple. On ne commet pas de larcin quand les réserves sont comptées. »
    Le jeune valet éclata en sanglots et s’agenouilla aux pieds du baron en mandant grâce. Je pris ce gros valet en pitié et m’apprêtai à ester l’indulgence lorsque le baron revint sur sa décision et ordonna d’une voix sans appel :
    « Capitaine, ne le pendez point ! Mais bannissez-le sur-le-champ de la forteresse : Dieu décidera de son sort !
    — Messire, vous l’exposez à une mort certaine ! m’excla-mai-je en tentant de m’interposer.
    — Brachet, tu n’as pas à discuter mes ordres. Ce lardon a plus de chances de survivre au-dehors qu’au-dedans si je lui passe la corde autour du col ! Nous sommes en guerre. À l’intérieur des enceintes ainsi qu’à l’extérieur : les Anglais sont partout. Ils guettent la moindre de nos faiblesses pour tenter d’enlever la forteresse d’assaut ! »
    Michel de Ferregaye était doté à l’égard du baron d’un caractère immutable : il n’en discutait jamais les ordres. Si icelui le lui avait ordonné, il m’aurait tranché le col incontinent, sans état d’âme.
    À cet instant, Gontran Bouyssou, le taciturne chef du guet, pénétra à son tour dans la salle des cuisines :
    « Messire baron, messire baron, une cinquantaine de manants et de vilains hurlent et vocifèrent devant les portes. Ils en requièrent l’ouverture !
    — Il ne saurait en être question. Capitaine d’armes, mandez à Georges Laguionie, le maître des engins, d’armer un mangonneau près la porte Veuve et balancez trois jambons à une distance de quatre cents pieds. Cela fera diversion. »
    Se tournant vers Jules Faucheux, le clerc notaire, le baron demanda :
    « Combien de porcs avez-vous comptés ?
    — Une demi-douzaine de verrats, deux douzaines de truies et une trentaine de porcelets, messire.
    — Bien. Messire de Ferregaye, lorsque les paysans se précipiteront pour faire main basse sur les jambons, ouvrez le guichet de la porte de Boines et lâchez un cochon en lui piquant le cul.
    « Vous en profiterez pour bannir hors les enceintes ce jeune vaunéant aussi gros et gras qu’un porc. Et faites savoir à ces malheureux qu’ils reviennent la semaine prochaine. En bon ordre toutefois, s’ils espèrent pouvoir se saisir d’un autre cochon.
    « Armez la baliste, à toutes fins utiles. Mais ne tirez point ; je ne veux pas de pestilencieux au pied des murs.
    — À ce rythme-là, nous n’aurons bientôt plus de cochons à saigner, se plaignit Louise.
    — Ne t’inquiète donc pas, ma bonne Louise : d’ici une semaine, ils seront moitié moins nombreux ! Il y aura bientôt plus de cochons dans la porcherie que de gens pour les attraper ! » rétorqua le baron en lui lançant un coup d’œil glacial.
    Louise rougit, s’accoisa aussitôt et se signa. Elle avait saisi le triste sous-entendu. Je trouvais le baron bien cynique. Il dut le lire dans mon regard :
    « Je ne suis point disposé à complaire. Mais je dis vrai. C’est peut-être fâcheux pour nos manants, mais c’est ainsi ! Jules, combien sommes-nous à être retenus tout à trac à l’intérieur de la forteresse ?
    — Nous étions au nombre de 130, messire. Compte fait des valets et serviteurs qui rentraient habituellement chez eux et qui ne doivent plus quitter notre enceinte, à croire les instructions que vous avez données, hier au soir.
    — Bertrand, tu comptes promptement et bellement. Dis-nous combien de repas nous devrons prévoir d’assurer si la quarantaine dure trois mois ?
    — 23.400 repas environ, répondis-je tout de gob (j’avais déjà fait le calcul dans ma tête).
    — Non, prévois trois bouches de moins à nourrir.
    — Trois bouches de moins ? Outre Gros-Jean, à qui donc pensez-vous, messire ?
    — Tu le sauras tantôt.
    — Soit. Dans

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