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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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d’autrui, ce geste généreux n’anoblit-il pas celui qui le fait, mieux qu’une belle passe d’armes sur le champ de bataille ?
    Oui, j’étais jaloux. Bel et bien jaloux. Par Saint-Roch, je l’aimais bien cette petite bougresse ! Doutes et interrogations vagabondaient dans ma tête. Sans que je parvinsse à comprendre ce qui avait bien pu se passer. Je me promis d’éclaircir cette affaire. Plus tard, lorsque la colère serait tombée.
    J’ignorais sur l’heure que je n’aurais pas à le faire, mais je réalisai céans que mes pensées n’allaient point, ce jour, vers ma petite fée aux alumelles. Mon inconnue, Isabeau de Guirande, la Dame de cœur, dont j’avais poursuivi la quête insensée depuis plus de trois ans sur des chemins semés d’embûches.
    Alors que je touchais enfin au but de ma vie courtoise, alors que dans quelques heures je ferais sa connaissance, l’esprit en grand trouble, je dus confesser que deux autres amours occupaient mes pensées.
    Marguerite, avait enflammé mes sens et mon corps mieux que l’étincelle d’une pierre à briquet, une nuit, trois ans plus tôt. J’étais alors reclus dans l’antichambre de la librairie du château de Beynac. Elle m’avait apporté pain, vin et bonheur, alors que j’attendais la sentence de mort qui planait sur mon chef, comme un vautour au-dessus de sa proie.
    Un an plus tard, la princesse Échive de Lusignan, ma Dame de trèfle, m’avait appris des jeux d’esprit et le plaisir charnel en prenant mon pucelage. Elle s’était offerte à moi avec tendresse, dans la douceur d’un soir d’automne, dans une crique de la baie de Kyrenia, en l’île de Chypre {xiv} .
    Sans qu’Arnaud, qui me croyait toujours innocent, n’eût jamais connu la nature de mes relations avec l’une ou l’autre. J’avais, en ces temps-là, essuyé ses turpitudes sans trahir mon secret. Même un simple écuyer doit, à mes yeux, se garder d’évoquer ces sujets-là avec quiquionques d’autres que sa mie. Et encore !
     
     

     
     
    Parvenu après un temps indéterminé à l’entrée d’une modeste salle, j’en caressai la surface. Crayeuse ? Argileuse ? Je ne sus le dire. Si un signe avait été gravé, il avait disparu depuis longtemps. Les parois s’effritaient au contact de mes doigts.
    « Salpestre, affirma Margueritte. Mais il n’y a point de danger. Nous pouvons rester quelque temps céans. »
    Arnaud fit semblant de n’avoir rien entendu. René s’était approché et tâtait du doigt la paroi. Il ne dit rien. Le brave homme était fidèle, mais n’en savait rien. Ses connaissances se limitaient au maniement de l’épée qu’il agitait fort bien au demeurant. En moult beaux moulinets de taille avant de porter l’estoc au moment où son adversaire s’y attendait le moins.
     
    Je n’avais point l’intention de m’éterniser en ce lieu froid et humide. La voûte était une cavité naturelle. Quelques fentes la sillonnaient de dextre à senestre parfois, du haut vers le bas aussi. Des coulées de sécrétions s’étaient accumulées au fil du temps. Dans un sens ou dans l’autre.
    L’eau ne filtrait pas, mais l’humidité suintait légèrement. Sans doute, était-ce un refuge pour ceux, qui comme nous, étaient parvenus à franchir le piège qui avait bien failli nous engloutir.
    Ou bien un dernier havre de repos pour ceux qui, en sens inverse, avaient tenté de trouver asile au château de Beynac. Avant d’être noyé dans les puits d’accès ou de tomber dans le piège qui les guettait.
    Un frisson glacé me parcourut de la tête aux pieds. Je glissai la main sur la paroi. Elle n’était point rugueuse, mais humide, comme l’avait dit Marguerite. À la clarté de ma torche, je vis une couche blanchâtre et fine filer entre mes doigts.
    Le sol, rocailleux, inégal, était en partie comblé par des dépôts dont je ne sus imaginer l’origine. L’air était oppressant, chargé d’une étrange odeur. Un souffle glacial s’infiltrait en provenance d’un goulot. Un étroit boyau que nous ne pourrions franchir qu’en nous déchargeant de nos bissacs et en rampant. Nos bagages suivraient par les cordes à nœuds.
    J’interrogeai Marguerite du regard. Elle hocha la tête. Nous décidâmes, à la parfin et d’un commun accord, de camper dans l’un des recoins de la pièce. Le plus difficile restait à venir.
    Nous étions tous aussi épuisés les uns que les autres et guère accoutumés à pareille progression dans un

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