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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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vires-tu au rouge comme un peneau ?
    — Ose répéter ce que tu viens de dire en me regardant dans les yeux ! répliquai-je, sentant de la poudre de séné me monter au nez.
    — Nous savons tous deux que le père d’Aigrefeuille t’a confié sa boîte à malices avant de passer de vie à trépas. Ne contenait-elle pas trois fioles ? rétorqua-t-il en s’amalissant.
    — Pourquoi as-tu dit, à l’instant : «  deux ou… trois fioles » ?
    Arnaud ignorait que la boîte à messages de l’Aumônier général de la Pignote avait été forcée et que son meurtrier s’était saisi de l’une d’icelles. Sauf à avoir été lui-même son meurtrier.
    Je ne m’étais ouvert de la disparition d’une des fioles qu’auprès du baron de Beynac et du chevalier de Montfort, la veille, dans l’antichambre de la librairie. Jamais à Arnaud.
    « Je le tiens de Foulques, bien sûr ! finit-il par répondre.
    — Tu mens, Arnaud. »
    Je savais que Michel de Ferregaye, notre capitaine d’armes, avait déféré Arnaud de son cachot, ce jour même, deux ou trois heures avant notre départ. Il l’avait accompagné dans notre chambrette pour qu’il prépare ses effets et se vêtît chaudement.
    À aucun moment il ne l’avait quitté des yeux, le baron lui ayant ordonné qu’Arnaud n’ait aucun contact. Avec quiquionques. Ni même avec celui dont il ignorait probablement qu’il était le fils. Or, notre capitaine d’armes, gentilhomme de son état, vouait une fidélité sans faille à notre maître le baron, dont il exécutait toujours les ordres à la lettre.
    Je relâchai le revers de sa brigandine et lui passai la main sur la nuque, comme Judas aurait pu le faire. Sa nuque était moite. D’une voix suave, je lui susurrais à la chaude :
    « Et quand le chevalier de Montfort t’aurait-il informé de ma mission, Arnaud ?
    — Il y a fort longtemps… lors de notre traversée, sans doute. Oui, c’est cela, lors de notre traversée. Ne le prends pas pour un coquardeau, répliqua-t-il en m’affrontant sans me regarder en face pour autant.
    « Foulques le savait depuis que nous avions quitté le port de Famagouste. Toi-même ne m’as-tu pas avoué que le père d’Aigrefeuille t’avait confié sa boîte à malices avant de mourir ?
    « Tu la portais à la ceinture. Au vu et au su de tout le monde, à la sortie de la cathédrale. Aurais-tu la mémoire courte, mon cher ami ? » rétorqua-t-il sans me convaincre.
    — Tu n’as pas répondu à ma question : pourquoi as-tu dit deux ou… trois fioles ? Penses-tu que l’une d’icelles aurait été dérobée dans le confessionnal ? Et par qui donc, si ce n’est par le meurtrier du père Louis-Jean ? »
    Je venais de marquer un point. Arnaud, dans un geste d’agacement (il gagnait du temps), ôta ma main de son col et fit quelques pas vers Marguerite et René. L’air était lourd et palpable. J’espinchai de leur côté. Aussi éberlués l’un que l’autre, ils ne perdaient pas un mot de notre conversation.
    « Aurais-je dit deux ou… trois fioles ? C’est étrange. J’aurais aussi bien pu dire trois ou… quatre fioles ! Quelle importance devrais-je attacher au nombre de fioles ? Non, décidément, je ne vois pas quel intérêt il faudrait attacher au nombre de fioles, dit-il en haussant négligemment les épaules.
    — Or donc, si cela n’a aucune importance pour toi, évite dorénavant de faire saillie sur ce sujet. Tu es par trop outrecuidant, mon ami.
    — Bon, l’incident est clos. Nous n’allons pas nous quereller derechef pour cette bricole, persifla-t-il en se paonnant.
    — Non, bien sûr », mentis-je, sans relever qu’il qualifiait de remuement ce qui était certainement à l’origine de la terrible epydemie qui décimait de façon foudroyante nos gens en notre baronnie et ravageait peut-être la comté tout entière, voire le royaume des lys. Arnaud ne m’avait pas tout dit. Pire, il avait menti.
    En ce qui le concernait, ma religion était sur le point de se faire. Je ne souhaitais cependant pas lui faire part de mes intimes pensées. Il me restait bien des points à éclaircir avant d’arrêter les conclusions définitives de mon enquête. Je ne savais pas encore, sur l’heure, que je tomberais de Charybde en Scylla, de surprise en surprise.
     
    Ma petite protégée affoua une bougie et la posa dans l’un des deux calels qu’elle avait emportés. Les torches seraient plus utiles, plus tard. Lorsque nous

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