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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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reste soudé à ses côtés.
    – Vous parlez d’aller chez Carrier, cependant.
    – Eh bien ! sans doute !
    – Quoi ! vous iriez avec lui ?
    – Certainement.
    – Et nous ?
    – Vous m’attendrez sur la place du Bouffay.
    – Marcof ! Marcof ! réfléchissez !
    – À quoi ?
    – Ce que vous voulez faire est impossible ! c’est d’une témérité tellement folle que rien ne saurait la justifier. Vous n’irez pas !
    – Si fait !
    – Non pardieu ! je ne vous laisserai pas aller seul dans cette tanière de bêtes féroces. Si vous êtes décidé, si rien ne peut vous arrêter, eh bien ! nous irons tous ensemble ; mais encore une fois, vous n’irez pas seul !
    – Il le faut, Boishardy, il le faut cependant.
    – Non, s’écria Keinec à son tour.
    – Il le faut, vous dis-je ! Seul avec Carfor, je n’inspire aucune défiance. Quatre ensemble nous deviendrions l’objet de l’attention générale. Puis vous devez aller chercher Yvonne, et vous assurer du prisonnier fait par Keinec. Enfin, si je suis tué, il faut que vous viviez tous deux pour sauver Philippe. Nous avons fait d’avance le sacrifice de notre vie. Ne retardons rien par des paroles inutiles ; ma résolution est prise. Vous, Boishardy, je vous conjure de m’obéir ; toi, Keinec, je te l’ordonne !
    Les deux hommes demeurèrent indécis. Enfin Boishardy poussa un soupir.
    – Faites donc, dit-il.
    – J’obéirai ! ajouta Keinec.
    – Bien, mes amis, répondit Marcof. Le temps presse, agissons donc sans retard. Je vais à Richebourg avec Pinard, je verrai Carrier. Pinard, que je ne quitte pas plus que son ombre et que je tiens toujours au bout de mon pistolet, Pinard demandera l’ordre au tyran de Nantes. Cet ordre, il l’aura, j’en réponds ; je ne sais pas ce que je ferai si Carrier hésite, mais j’aurai cet ordre ou nous périrons tous. Courez donc tous deux auprès d’Yvonne, et trouvez-vous sur la place du Bouffay dans une heure. Je vous attendrai au pied même de la guillotine. C’est le dernier endroit où l’on ira chercher des honnêtes gens. À bientôt !
    Et Marcof, brusquant les adieux dans la crainte d’une opposition nouvelle, entraîna rapidement Pinard stupéfait d’une pareille détermination. Le sans-culotte ne pouvait croire à tant d’audace, et il se sentait petit à côté du terrible marin. C’était, comme l’avait dit Marcof, le tigre dompté par le lion.
    Boishardy et Keinec gardèrent d’abord le silence en suivant de l’œil l’ombre des deux hommes qui disparaissaient peu à peu dans l’épaisseur de la nuit. Le chef royaliste frappa du pied la terre et ferma les poings avec colère. Puis touchant l’épaule de Keinec :
    – Viens ! lui dit-il ; hâtons-nous, et ensuite tenons-nous prêts à porter secours à Marcof.
    Tous deux s’élancèrent à leur tour, et gagnèrent promptement le quartier qu’habitait Pinard. Keinec pénétra dans l’intérieur de la maison. Boishardy le suivit.

XXIX – LE FIL D’ARIANE
    Keinec et Boishardy gravirent lestement les marches de l’escalier sombre et tortueux qui conduisait au logement de Pinard. Keinec avait hâte de rejoindre Yvonne ; Boishardy était impatient de se trouver en face du prisonnier qu’avait fait le jeune chouan. Une faible clarté, brillant sur le palier du deuxième étage, vint activer leurs pas, et bientôt ils eurent atteint la porte d’entrée du misérable logis.
    Au pied de cette porte, accroupie sur la dernière marche de l’escalier, ils aperçurent, à la lueur s’échappant d’une petite lampe posée sur le carreau, Yvonne, dormant doucement la tête appuyée contre la muraille, et les mains jointes comme si le sommeil fût venu la surprendre dans la prière. La jeune fille avait cédé à la fatigue morale aussi bien qu’à l’épuisement physique, et elle s’était endormie. La pauvre enfant n’avait pas voulu rester dans la même pièce que Diégo, bien que celui-ci fût incapable d’essayer un seul mouvement.
    Keinec avait solidement attaché l’Italien au pied du lit de Pinard ; et comme il n’avait pas pris la précaution de bander la blessure que son poignard avait faite en traversant la main du misérable, le sang avait continué à couler avec violence, et Diégo avait senti ses forces diminuer d’heure en heure. Une épouvantable crainte s’était emparée de lui. Une pensée horrible le torturait. Cette pensée était que, peut-être, Keinec voulait le

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