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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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aider?
    â€” … Non… Nous venons de Saint-Irénée.
    Arrivée de la campagne afin de profiter des occasions offertes par la prospérité ambiante, la petite famille se trouvait coupée des réseaux de solidarité habituels. Malenfant récita sans conviction les paroles incantatoires de la bénédiction, puis, profondément déprimé, tourna les talons pour regagner la porte de l’appartement. En sortant, il déclara :
    â€” Dès mon arrivée au presbytère, je vais téléphoner au médecin afin de lui demander de passer ici au plus tôt…
    â€” L’argent…
    Le vicaire fit un geste impatient, puis il continua :
    â€” Je vais aussi contacter les membres de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, leur dire que vous avez deux jeunes enfants. Les bienfaiteurs vous apporteront de quoi manger.
    Il s’esquiva rapidement, certain d’entendre très bientôt sonner le glas pour plusieurs membres de cette famille.
    * * *
    Thalie avait l’impression de se trouver dans un monde étrange : tous les visages s’offraient à elle à découvert. En conséquence, les gens la fixaient des yeux, comme si elle portait un costume exotique. Le trajet depuis Montréal lui avait pris la meilleure part de l’après-midi. En mettant le pied sur le trottoir de la rue Saint-Paul, elle serra le col de son manteau afin de protéger son cou du froid. Un tramway avançait sur sa gauche, elle arriva à l’arrêt en même temps que la voiture.
    Au gré des changements de tramways, en attirant sur elle des regards curieux pendant tout le trajet, elle atteignit la porte du commerce ALFRED juste un peu avant la fermeture. Surprise, Marie posa la main sur sa bouche. Derrière la caisse, Françoise craignit qu’un cambrioleur se cache derrière le masque. La jeune fille détacha la pièce de tissu de ses oreilles et la laissa pendre sur sa poitrine en commentant, tout sourire :
    â€” En voilà une réception pour la fille prodigue!
    â€” En voilà une tenue pour une enfant élevée dans un commerce de vêtements, répondit la mère, en s’approchant les bras tendus.
    Une longue embrassade souligna les retrouvailles. La scène se répéta au profit de Françoise.
    â€” La semaine dernière, les cours de McGill ont été suspendus, expliqua Thalie.
    â€” J’ai appris cela dans les journaux. Je croyais que tu reviendrais à la maison.
    â€” … Avec quelques étudiants de la classe préparatoire, j’en ai profité pour réviser un peu la matière vue depuis septembre.
    Le petit mensonge passa inaperçu. Depuis un peu plus d’un mois, la jeune fille apprenait à apprécier sa nouvelle indépendance. Elle continua :
    â€” Mais ce matin, la pension s’est vidée presque totalement, la Faculté ne semble pas prête de reprendre ses activités.
    Françoise posa son bras sous celui de son amie, tout en demandant à son employeure :
    â€” Voilà déjà l’heure de la fermeture, personne ne s’est présenté de tout l’après-midi. Pourrions-nous monter tout de suite afin de parler un peu à notre visiteuse?
    â€” Tu as raison. Je vais dire aux vendeuses de rentrer chez elles.
    Marie se rendit à l’étage, puis revint bientôt avec les deux jeunes filles sur ses talons. Au moment où elle poussait le verrou de la porte, Thalie observa :
    â€” Les affaires sont donc très ralenties.
    â€” Avec la grippe…
    â€” À Montréal, de nombreux commerces n’ouvrent plus ou alors seulement quelques heures pas jour.
    â€” Je devrais peut-être fermer aussi, je perds de l’argent depuis des jours. Je ferais mieux de débaucher au moins les vendeuses. Françoise et moi suffirions pleinement à la tâche.
    La marchande s’engagea la première dans l’escalier, suivie des jeunes filles. Dans l’appartement, les retrouvailles avec Gertrude s’accompagnèrent de nouveaux épanchements. La vieille domestique remarqua d’une voix faussement bourrue, en faisant disparaître une larme de son œil gauche :
    â€” Ma foi, je pense que tu as grandi.
    â€” Je suis absente depuis un mois à peine, c’est impossible.
    â€” Pas un mois, presque six semaines.
    â€” Et à mon âge, on ne grandit

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