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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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chacun de son côté, sans que personne se mêlât de les arrêter, car les spectateurs n’avaient nulle intention d’intervenir.
    Au bout de quelques instants, Lancelot se releva le premier et porta la main à l’épée, mais Gauvain bondit lui-même sur ses pieds et, se précipitant sur son bouclier qui lui avait glissé du cou, saisit à son tour son épée et s’élança contre Lancelot, lui assenant un si puissant coup sur le heaume qu’il le mit à mal. Mais Lancelot eut le temps de riposter, et Gauvain s’en trouva non moins accablé. Alors s’ensuivit une mêlée cruelle et telle qu’on n’en avait jamais vue. Les épées tranchèrent les mailles des hauberts, et les boucliers étaient tellement percés qu’on aurait pu passer les poings à travers les trous. Malgré leurs solides attaches, les heaumes ne valaient guère mieux, si endommagés par les épées que la moitié leur ballottait sur les épaules.
    Si les combattants avaient conservé leurs forces intactes, ils n’auraient pas vécu longtemps, mais ils étaient si fatigués et si las que leurs épées, à plusieurs reprises, leur tournèrent dans la main au moment de frapper. La moindre des plaies qu’ils s’étaient mutuellement faites aurait suffi à tuer tout autre, et, néanmoins, ni l’épuisement ni le sang perdu ne les empêchèrent de poursuivre le combat jusqu’à la troisième heure. Il leur fallut alors se reposer car ils étaient épuisés. Faisant retraite le premier, Gauvain dut s’appuyer sur son bouclier pour reprendre haleine. Et Lancelot en fit autant.
    Ils restèrent dans cette posture un certain temps. Mais bientôt, Gauvain s’aperçut que le soleil montait de plus en plus haut dans le ciel et que l’heure de midi approchait. Alors, aussi dispos que s’il n’avait pas reçu le moindre coup, il appela Lancelot et l’attaqua de façon si merveilleuse que l’autre en fut tout ébahi et se dit en lui-même : « Par ma foi, je croirais volontiers que cet homme est un diable ou un fantôme. Je pensais, quand je l’ai laissé en paix, qu’il était vaincu, et le voici maintenant aussi fort que s’il commençait le combat. »
    Ce que Lancelot ignorait, c’est que Gauvain possédait un don : tous les jours de l’année, à partir de la troisième heure, quand le soleil montait, et jusqu’à l’heure de midi, ses forces croissaient jusqu’à devenir triples de ce qu’elles étaient auparavant. C’est grâce à ce don qu’il avait remporté tant de victoires au cours de sa vie. Lui arrivait-il d’affronter un chevalier très fort, il le harcelait et le pressait de son mieux jusque vers midi. Et l’autre, alors, n’en pouvant plus, ne songeait qu’à se reposer, quand lui-même, enfin à l’apogée de ses forces, de sa vigueur et de sa vivacité, se précipitait, prompt à la victoire désormais. Et voilà pourquoi beaucoup de chevaliers redoutaient de se mesurer à lui à moins que le soleil ne déclinât à l’horizon {72} .
    Gauvain se mit donc à presser Lancelot si rudement qu’il lui fit jaillir le sang du corps en plus de dix endroits. Et, s’il le harcelait si fort, c’est qu’il espérait le mettre hors de combat aux alentours de l’heure de midi car, après, la chose serait moins facile. Ainsi le frappait-il sans trêve et sans relâche au point que Lancelot, telle une enclume sous l’épée tranchante, était tout moulu et meurtri. Au milieu de l’après-midi, Bohort vit son cousin si fâcheusement malmené qu’il s’écria, haut et clair, pour qu’on pût l’entendre : « Ah ! Dieu ! que vois-je ? Hé ! Lancelot, serais-tu victime d’un sortilège pour qu’un seul chevalier l’emporte ainsi sur toi ? Je t’ai toujours vu accomplir plus d’exploits sur deux chevaliers à la fois, fussent-ils les meilleurs, et voici qu’un seul réussirait à te vaincre ? »
    En entendant ces mots, Lancelot sentit son courage se réveiller. Il bondit sur son adversaire avec une agilité surprenante et lui assena sur son heaume un coup terrible qui le fit trébucher. Alors, il se mit à le marteler à si grands coups d’épée qu’il reprit bientôt l’avantage, tandis que Gauvain était réduit à se défendre, non sans peine, car le sang lui jaillissait par le nez et la bouche. Leur lutte, néanmoins, se prolongea de la sorte jusqu’à la neuvième heure où, vu leur état, ni l’un ni l’autre n’espérait de meilleure issue que la mort. Et cependant, ils étaient doués

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