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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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matin, dès la première heure, les barons se rassemblèrent dans la grande salle de Kamaalot. Arthur prit la parole et déclara : « Seigneurs, vous savez quels faits l’on reproche à la reine, et certains d’entre vous ont été les témoins de son crime. Je vous demande de vous prononcer, et ce en toute justice, sur le sort qu’elle mérite. » Les barons se réunirent alors en conseil et demandèrent leur avis à Agravain et à ses deux frères, Gareth et Mordret. Tous trois s’accordèrent à dire que la reine devait mourir honteusement puisqu’elle avait forfait à l’honneur en invitant un chevalier à coucher auprès d’elle dans le lit du roi. Tous comprirent qu’Agravain était décidé à imposer cette condamnation. Aussi, bon gré mal gré, ils se rallièrent à ce point de vue et, revenant vers le roi, lui annoncèrent la sentence : la reine serait conduite au bûcher.
    En apprenant la condamnation de la reine, Gauvain protesta hautement qu’il ne supporterait pas de voir mourir une dame d’un si grand mérite et qui lui avait prodigué tant d’honneurs. Puis, s’adressant au roi, il dit : « Seigneur, tu es mon oncle et mon roi, mais je te rends aujourd’hui devant cette assemblée tout ce que je tiens de toi. Je déclare que je ne te servirai jamais plus si tu consens à cette indignité. » Mais Arthur ne daigna même pas répondre, et son neveu, quittant sur-le-champ la salle, se rendit tout droit à son logis où il entendait rester désormais confiné, le cœur aussi navré que s’il avait vu le monde entier s’écrouler sous ses yeux. Quant au roi, il commanda à ses gens d’élever dans la prairie, sous les murs de la forteresse, un immense bûcher pour brûler Guenièvre, puisque ainsi doit mourir toute reine qui, après avoir été sacrée, s’est déshonorée.
    Alors s’élevèrent dans toute la cité les cris et les pleurs, car les gens aimaient la reine et la considéraient comme leur mère. Au surplus, les serviteurs chargés de dresser le bûcher l’avaient bâti si haut que tous les habitants de Kamaalot pouvaient l’apercevoir. Le roi donna l’ordre d’y mener Guenièvre, laquelle arriva devant lui tout en pleurs, vêtue d’une robe de soie vermeille, d’une cotte et d’un manteau brodés. En dépit de son âge, sa beauté, sa grâce étaient telles que l’on eût vainement cherché dans le monde entier son égale en charme et en distinction. Aussi, en la voyant, Arthur fut-il saisi d’une si poignante compassion qu’il préféra ne plus la regarder. Il la fit écarter de sa vue et ordonna de brûler sans plus de retard la coupable. On entraîna donc Guenièvre hors du palais et, de là, à travers les rues de la forteresse.
    Or, dès que les habitants l’aperçurent, ils se mirent à se lamenter et à crier de toutes parts : « Ah ! noble dame, plus courtoise que toutes les dames de ce pays ! Auprès de qui désormais les pauvres gens trouveront-ils pitié ? Roi Arthur, qui as décidé par colère de la faire mourir, veuille Dieu te laisser le temps de t’en repentir ! Et quant aux traîtres qui ont tramé sa perte, qu’ils soient châtiés pour leur abominable forfait ! » Telles étaient les clameurs que poussaient les gens de Kamaalot.
    Mais le roi n’avait aucune envie de les entendre. Il dit à Agravain de prendre quarante chevaliers et d’aller avec eux garder le pré où serait allumé le bûcher, de sorte que, si Lancelot survenait, il lui fût impossible de délivrer la reine et de la soustraire à son juste châtiment. Cette périlleuse perspective n’enthousiasma guère Agravain : « Mon oncle, dit-il, faut-il vraiment que j’y aille ? – Oui, répondit Arthur. Tu as été le principal accusateur, tu as été le principal témoin, je t’ordonne de m’obéir. – Eh bien, soit, s’inclina Agravain, mais que Gahériet m’accompagne. » Or, ce dernier se récusa si fermement qu’après l’avoir vainement sommé de s’exécuter, le roi dut recourir à la menace pour l’y faire enfin consentir, et encore la mort dans l’âme. « Si tu t’imagines, Agravain, dit Gahériet à son frère, que je combattrai Lancelot s’il tente de sauver la reine, détrompe-toi : je préfère la lui voir garder toute sa vie plutôt que de contribuer à la faire périr ainsi ! »
    Lancelot, Hector et Bohort se tenaient cependant embusqués à l’entrée de la forêt. Aussitôt revenu de Kamaalot, l’écuyer s’était vu assaillir

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