La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
propres
agissements lui vaudraient. Sa colère, sa folie seraient manifestes à
chacun : partout sur le champ gisaient des animaux égorgés. « Pauvres
créatures, que ma main a tuées sans motif aucun », se dit-il. « Me
voici seul maintenant, haïssable aux dieux comme aux hommes. Dans une telle
situation ; seulement un lâche se cramponne à la vie. Un homme qui ne peut
vivre avec grandeur se doit de mourir avec noblesse. » Il tira son épée et
se tua. Les Grecs refusèrent de brûler son corps ; ils l’enterrèrent. Ils
tenaient qu’un suicidé ne pouvait recevoir les honneurs du bûcher et de l’urne
funéraire.
La mort d’Ajax, suivant de si près celle d’Achille,
décontenança les Grecs. La victoire paraissait toujours aussi lointaine.
Calchas, leur prophète, leur dit qu’aucun message des dieux ne lui était
parvenu mais que parmi les Troyens se trouvait un homme qui connaissait
l’avenir, le devin Hélénos. S’ils parvenaient à le capturer, ils apprendraient
de lui ce qu’il leur restait à tenter. Odysseus réussit à se saisir d’Hélénos
et celui-ci dit aux Grecs que Troie ne tomberait pas avant que l’un d’eux
combatte les Troyens avec l’arc et les flèches d’Hercule. Celui-ci, avant de
mourir, les avait donnés à son ami, le Prince Philoctète, l’homme qui avait mis
le feu au bûcher funéraire du héros et rejoint plus tard l’Armée Grecque
appareillant pour Troie. Les Grecs s’étant un jour arrêtés près d’une île pour
y offrir un sacrifice, Philoctète fut mordu par un serpent. La blessure était
affreuse et refusait de cicatriser ; il s’avéra impossible de le
transporter à Troie dans cet état ; d’autre part, l’Armée ne pouvait
attendre. Ils décidèrent donc de le laisser à Lemnos, alors une île inhabitée
bien que les héros de la Conquête de la Toison d’or l’aient autrefois trouvée
peuplée de femmes nombreuses.
Il était cruel d’abandonner le malheureux, réduit à
l’impuissance, mais ils étaient impatients d’atteindre Troie et de toute façon,
grâce à son arc et à ses flèches, il ne manquerait pas de nourriture.
Cependant, lorsque Hélénos parla, les Grecs se dirent qu’ils auraient bien de
la peine à persuader un homme auquel ils avaient fait tant de tort de leur
donner ses précieuses armes. Aussi chargèrent-ils Odysseus, maître en ruses et
artifices, de s’en emparer par surprise. Les uns disent que Diomède
l’accompagna, d’autres que ce fut Néoptolème, aussi nommé Pyrrhus, le jeune
fils d’Achille. Ils réussirent bien à voler arc et flèches, mais quand le
moment vint d’abandonner à sa solitude le pauvre blessé privé de ses armes, ils
ne purent s’y résoudre. Ils le persuadèrent de s’embarquer avec eux. Revenu à
Troie, le sage médecin des Grecs le guérit et quand il retourna tout joyeux au
combat, le premier homme qu’il blessa de ses flèches fut Pâris. Pâris, en
tombant, supplia qu’on le ramenât à Œnone, la nymphe avec laquelle il avait
vécu sur le mont Ida avant que les trois déesses ne lui apparussent. Elle lui
avait dit autrefois qu’elle connaissait un remède magique qui guérissait tout
mal, quel qu’il fût. Ils le transportèrent donc sur le Mont Ida et il pria la
nymphe de lui conserver la vie, mais elle refusa. Elle ne pouvait en un instant
et parce qu’il avait maintenant besoin d’elle, lui pardonner sa trahison et son
long abandon. Elle le regarda mourir ; puis elle s’éloigna et se donna la
mort.
La disparition de Pâris n’était pas une bien grande perte,
il faut l’avouer, et la chute de Troie ne lui fut pas due. Les Grecs avaient
enfin appris que la cité possédait une image ou statue de Pallas Athéna, nommée
le Palladium ; tant que les Troyens la conserveraient, la ville ne pouvait
être prise. Les deux plus grands Chefs survivants, Odysseus et Diomède,
décidèrent donc de tout mettre en œuvre pour s’en emparer, et ce fut Diomède
qui y parvint. Par une nuit obscure, avec l’aide d’Odysseus, il escalada le mur
et trouva le Palladium, qu’il ramena au camp. Grandement encouragés, les Grecs
décidèrent de ne plus attendre davantage mais de s’aviser d’un bon expédient
pour mettre fin à cette guerre interminable.
Il leur apparaissait clairement maintenant qu’à moins de
pénétrer dans la cité et de prendre les Troyens par surprise, jamais la victoire
ne leur appartiendrait. Depuis près de dix ans qu’ils
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