La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
celui que j’aimais, puis j’accueillerai
la mort lorsqu’elle se présentera. »
Thétis n’essaya pas de le retenir. « Attends tout au
moins le matin », dit-elle, « et tu n’iras pas sans armes au combat. Je
t’en apporterai qui seront façonnées par le divin armurier, le dieu Héphaïstos
lui-même. »
Fidèle à sa parole, Thétis revint avec des aimes splendides,
dignes de leur créateur et comme nul homme sur la terre n’en avait jamais
portées. Les Myrmidons les regardèrent avec admiration et une lueur de joie
enflamma les yeux d’Achille tandis qu’il les revêtait. Alors il quitta enfin la
tente sous laquelle il s’était si longtemps retiré et il gagna l’endroit où les
Grecs étaient rassemblés : une compagnie misérable, Diomède grièvement
blessé, Odysseus, Agamemnon et bien d’autres encore. Devant eux, il se sentit
honteux ; il voyait maintenant, leur dit-il, à quel point il avait été
insensé de tout oublier parce qu’une simple jeune fille lui était enlevée. Mais
il ne s’agissait plus de cela, à présent ; il était prêt à prendre leur
tête, comme auparavant. Que tous, dès maintenant, se préparent au combat. Les
chefs applaudirent avec joie, mais Odysseus parla pour tous et déclara qu’il
leur fallait d’abord boire du vin et se nourrir à leur content, car des hommes
à jeun faisaient de pauvres guerriers. « Nos compagnons gisent morts dans
la plaine et tu parles de nourriture », répondit Achille avec mépris.
« Rien ne passera ma gorge avant que mon frère d’armes ait été vengé. »
Et il se dit à lui-même : « O le plus cher des amis, toi parti, je ne
peux plus me nourrir, je ne peux plus boire ».
Quand les autres eurent assouvi leur faim, il les mena à l’attaque.
C’était le dernier combat que se livreraient les deux champions, tous les
immortels le savaient comme ils savaient aussi quelle en serait l’issue. Zeus
suspendit sa balance d’or et dans l’un des plateaux, il déposa la mort d’Hector,
dans l’autre celle d’Achille. Le plateau d’Hector s’abaissa. Il mourrait donc.
La victoire, toutefois, fut longtemps indécise. Sous la
conduite d’Hector, les Troyens combattirent comme le font des hommes vaillants
devant les murs de leur demeure. Même le grand fleuve de Troie, que les dieux
nomment Xanthe et les hommes Scamandre, prit part à la lutte et tenta de
submerger Achille alors qu’il traversait ses eaux. En vain, car rien ne pouvait
l’arrêter tandis qu’il fondait sur l’ennemi, abattant tout sur son passage et
cherchant Hector partout. À présent, les dieux combattaient comme les hommes et
avec tout autant d’acharnement, et Zeus, à l’écart dans l’Olympe, riait tout
seul à voir une divinité affrontant l’autre : Athéna jetait Arès au sol ;
Héra, qui après avoir arraché l’arc des épaules d’Artémis, l’en frappait à tour
de bras ; Poséidon couvrant Apollon de sarcasmes et le provoquant à
frapper le premier. Le dieu Soleil refusa le défi ; il savait qu’il n’était
plus temps de combattre pour Hector.
Les lourdes portes Scées { Portes
de l’Orient du grec scaïos : gauche, de mauvais augure } furent
alors ouvertes toutes grandes, car les Troyens, maintenant en pleine déroute, refluaient
en foule dans la ville. Seul Hector se tenait, inébranlable, devant la muraille.
De la poterne, le vieux Priam, son père, et sa mère Hécube le suppliaient de
les rejoindre et de se mettre à l’abri, mais il n’en tenait aucun compte. Il
pensait : « Je commandais aux Troyens. Je suis cause de leur défaite.
Comment alors pourrais-je épargner ma vie ? Et cependant… que se
passerait-il si je déposais bouclier et lance et m’en allais vers Achille pour
lui dire que nous rendons Hélène, et avec elle la moitié des trésors de Troie ?
Inutile. Il me tuerait désarmé, comme si j’étais une femme. Mieux vaut le
défier maintenant, même si je dois succomber. »
Achille approchait, aussi glorieux que le soleil quand il se
lève. À côté de lui se tenait Athéna, mais Hector était seul. Apollon l’avait
abandonné à son destin. À la vue de ce couple Hector se retourna et prit la
fuite. Trois fois, autour des murs de Troie, poursuivi et poursuivant coururent
sur des pieds ailés. Ce fut Athéna qui arrêta la course d’Hector. Elle lui
apparut sous la forme de Déiphobe, son frère, et Hector, abusé, le prenant pour
un allié, fit face à Achille. Il lui
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