La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
de la jeune morte ;
ce n’était pas un garçonnet comme les autres, qui courent sans cesse de droite
et de gauche et ne s’intéressent qu’aux jeux violents ; il n’aspirait qu’à
apprendre tout ce que son père adoptif pouvait lui enseigner dans l’art de
guérir – et ce n’était pas peu, car Chiron était versé dans la connaissance des
simples et des remèdes, il murmurait de douces incantations et administrait des
potions apaisantes. Mais son élève le surpassa ; il soulageait n’importe
quelle maladie ; tous ceux qui venaient à lui souffrant de membres blessés
ou d’un corps ravagé par le mal, et ceux-là même qui étaient déjà sous
l’emprise de la mort, il les délivrait de leurs tourments ; c’était :
En son métier, un doux artiste qui chasse toute
peine,
Et apaise les douleurs cruelles : une
joie pour les hommes.
Il leur apporte la santé d’or.
C’était un bienfaiteur universel. Et cependant, lui aussi
s’attira la colère des dieux par ce péché qu’ils ne pardonnaient jamais. Il
concevait « des pensées trop grandes pour les hommes ». Un jour,
quelqu’un lui proposa des honoraires somptueux s’il ressuscitait un mort, et il
accepta. Beaucoup disent que cet homme qu’il ramena à la vie n’était autre
qu’Hippolyte, le fils de Thésée qui mourut de façon si injuste, et qu’ensuite
le miraculé ne retomba plus sous l’emprise de la mort mais vécut désormais en
Italie sous le nom de Virbius, immortel à jamais et vénéré à l’égal d’un dieu.
Mais le grand praticien qui le délivra du Hadès ne connut
pas lui-même un sort aussi heureux. Zeus ne pouvait tolérer qu’un mortel eût un
tel pouvoir sur la mort et il frappa Esculape de son foudre. Apollon, irrité de
la disparition de son fils, se rendit sur l’Etna où les Cyclopes forgeaient les
éclairs, et il les tua (ou leurs fils, car ici encore les avis sont partagés).
Zeus, furieux à son tour, condamna Apollon à devenir l’esclave du Roi Admète
pendant une période qui varie d’un an à neuf ans selon les récits. C’est ce
même Admète dont Hercule s’en alla chercher la femme, Alceste, dans le Hadès.
Mais bien qu’il eût déplu au Souverain des dieux et des
hommes, Esculape fut honoré sur terre comme nul autre mortel. Après sa mort et
pendant des siècles, les malades, les infirmes et les aveugles affluèrent dans
ses temples pour y demander la guérison ; ils y priaient, ils y offraient
des sacrifices, puis ils s’y endormaient et dans leurs rêves, le bon médecin
leur indiquait le moyen d’y parvenir. Les serpents jouaient un grand rôle dans
la cure – bien qu’on ne sache pas exactement en quoi elle consistait – mais ils
étaient tenus pour les serviteurs consacrés d’Esculape.
Il est certain que pendant des siècles, des milliers de
malades crurent devoir à Esculape le soulagement de leurs maux et leur retour à
la santé.
Les Danaïdes
Ces jeunes filles sont célèbres – bien plus encore que ne le
soupçonne quiconque lit leur histoire. Elles sont souvent citées par les poètes
et elles comptent parmi les affligés les plus en vue de l’enfer mythologique,
où elles doivent à jamais remplir d’eau un tonneau percé. Et cependant, à
l’exception de la seule Hypermnestre , elles
ne firent rien de plus que les femmes de Lemnos découvertes par les
Argonautes : elles tuèrent leurs maris. Mais si les secondes sont à peine
mentionnées dans les récits légendaires, les Danaïdes sont connues même de ceux
qui n’ont qu’une science limitée de la mythologie.
Elles étaient au nombre de cinquante, toutes filles de
Danaos, descendant d’Io, qui régnait non loin du Nil. Leurs cinquante cousins,
fils du frère de Danaos, Ægyptos, voulaient les épouser ; mais elles, pour
quelque inexplicable raison, s’y refusaient absolument. Avec leur père, elles
montèrent à bord d’un navire et s’enfuirent à Argos, où elles trouvèrent
refuge. Par un vote unanime, les Argiens décidèrent de faire droit à la requête
des suppliantes et lorsque les fils d’Ægyptos se présentèrent, prêts à la lutte
pour conquérir leurs épouses, la cité les repoussa et déclara aux nouveaux
venus que non seulement elle s’opposait à ce qu’une femme fut mariée contre son
gré, mais qu’elle ne livrait aucun suppliant, si faible fut-il, et quelle que
fut la puissance du poursuivant.
Arrivé à ce point, le récit semble bifurquer.
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