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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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lumière du jour est douce même
aux vieillards. Nous ne te demandons pas de mourir pour nous. Nous ne mourrons
pas pour toi. » Et ils ne furent nullement émus de sa colère méprisante :
« Oh, vous, qui vous tenez déjà paralysés, aux portes de la mort, et que
la mort cependant effraie ! »
    Néanmoins, il ne renonça pas. L’un après l’autre, il alla
trouver tous ses amis et les supplia de mourir et de le laisser vivre. De toute
évidence, il croyait sa vie si précieuse que quelqu’un certainement la
sauverait, fut-ce au prix du sacrifice suprême. Mais partout il se heurta à un
invariable refus. En désespoir de cause, il revint dans sa propre demeure, et
là, il trouva enfin un remplaçant. Sa femme Alceste s’offrit à mourir pour lui.
Il n’est pas nécessaire de dire au lecteur parvenu jusqu’à ces lignes qu’il
accepta aussitôt. Il se sentait navré pour elle et plus encore pour lui-même, qui
allait perdre une aussi bonne épouse, et il resta près d’elle en pleurant
cependant qu’elle mourait. Quand elle l’eut quitté, il fut accablé de chagrin
et décréta qu’elle aurait des funérailles grandioses.
    C’est à ce moment qu’Hercule arriva, bien décidé à se
reposer et à se réjouir sous le toit d’un ami avant de poursuivre sa route vers
le nord, et vers Diomède et ses cavales. La façon dont Admète le traita montre
mieux que tout autre récit connu combien les lois de l’hospitalité étaient
alors prisées et combien l’on exigeait d’un hôte envers son visiteur.
    Dès qu’Admète fut prévenu de l’arrivée d’Hercule, il vint à
sa rencontre sans montrer la moindre apparence de deuil sauf dans ses vêtements.
Son accueil fut celui d’un homme heureux de retrouver son ami. A la question d’Hercule
demandant qui était mort, il répondit avec calme qu’une femme de sa maison, non
une parente, devait être ensevelie ce jour-là. Hercule déclara aussitôt qu’il
ne voulait pas l’encombrer de sa présence en un tel moment, mais Admète refusa
fermement de le laisser aller ailleurs. « Tu ne dormiras pas sous un autre
toit que le mien », lui dit-il. Il ordonna à ses serviteurs de mener son
visiteur dans une chambre éloignée, où aucun bruit de pleurs ne pourrait l’importuner,
et où un repas lui serait servi.
    Hercule dîna seul, mais il admit fort bien qu’Admète, par
convenance, dût assister aux funérailles et le fait ne l’empêcha pas de festoyer
gaiement. Les serviteurs restés pour le servir s’activaient à satisfaire son
énorme appétit et plus encore à remplir sa coupe de vin ; Hercule devint
très heureux, très ivre et très bruyant. Il chanta à tue-tête des chansons, dont
quelques-unes hautement répréhensibles, et se conduisit d’une manière rien
moins qu’indécente si l’on songe que des obsèques avaient lieu dans la maison. Lorsque
les serviteurs marquaient leur désapprobation, il leur criait de ne pas se
montrer si solennels. Ne pouvaient-ils de temps en temps lui sourire, en braves
gens qu’ils étaient ? Leurs figures lugubres lui coupaient l’appétit.
« Buvez une coupe avec moi », s’écria-t-il, « beaucoup de coupes ! »
    L’un d’eux lui répondit timidement que le jour n’était ni à
la joie ni au rire.
    — Et pourquoi donc ? tonna Hercule. – Parce qu’une
femme étrangère est morte ?
    — Une étrangère ? dit le serviteur d’une voix
tremblante.
    — Eh bien ! c’est ce que m’a dit Admète, répondit
Hercule, fâché. – Vous n’allez pas prétendre qu’il m’a menti, je suppose.
    — Oh non, dit le serviteur. – Seulement… il exagère l’hospitalité.
Mais je vous en prie, prenez encore un peu de vin. Notre chagrin ne concerne
que nous-mêmes.
    Il se tourna pour remplir la coupe, mais Hercule le saisit –
et jamais personne ne méprisait cette étreinte.
    — Il se passe ici des choses étranges, dit-il à l’homme
apeuré. – Qu’avez-vous tous ?
    — Vous avez pu voir par vous-même que nous sommes en
deuil, répondit l’autre.
    — Mais pourquoi ? cria Hercule. – Mon hôte s’est-il
moqué de moi ? Qui est mort ?
    — Alceste, murmura le serviteur. – Notre Reine.
    Il y eut un long silence. Puis Hercule jeta sa coupe sur le
sol.
    — J’aurais dû le savoir, dit-il. – Il avait pleuré, je
l’ai vu. Ses yeux étaient rouges. Mais il m’a juré qu’il s’agissait d’une
étrangère. Il m’a fait entrer, Oh, l’excellent ami et hôte

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