La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
incomparable. Et moi
– je me suis enivré, j’ai ri, dans cette maison endeuillée. Oh, il aurait dû
tout me dire.
Alors il fit comme à l’accoutumée. Il amoncela les torts sur
sa tête. Il avait été un imbécile, un ivrogne imbécile, alors que l’homme qu’il
aimait était accablé de chagrin. Comme toujours aussi, ses pensées se
tournaient en hâte à la recherche d’un moyen de se racheter. Comment réparer sa
faute ? Il n’y avait rien qu’il pût faire, il en était certain, mais
comment aider mon ami ? Enfin la lumière lui vint. « Mais
naturellement », se dit-il, « je sais ce qu’il me reste à faire. J’enlèverai
Alceste du séjour des morts. Cela va de soi, rien ne saurait être plus clair. J’irai
trouver cette vieille compagne, la Mort. Elle se tient certainement au bord de
la tombe, je lutterai avec elle ; je ferai craquer son corps entre mes
bras jusqu’à ce qu’elle me rende Alceste. Si elle ne se trouve pas à côté de la
tombe, je descendrai jusqu’au Hadès pour la trouver. Oh, je rendrai à mon ami
tout le bien qu’il m’a fait ! » Il se précipita au dehors, très
satisfait de lui-même et ravi à la perspective d’un combat qui promettait d’être
excellent.
Quand Admète revint dans sa maison vide et désolée, Hercule
l’accueillit et à côté de lui se trouvait une femme. « Regarde-la, Admète »,
dit-il. « Ressemble-t-elle à quelqu’un que tu connais ? » Et
lorsque Admète cria : « Un fantôme ! Serait-ce une farce… quelque
moquerie des dieux ? » Hercule répondit : « C’est ta femme.
J’ai combattu la Mort pour elle et je l’ai forcée à me la rendre. »
Aucun autre récit ayant Hercule pour héros ne dépeint mieux
son caractère tel que les Grecs le voyaient ; sa candeur et sa stupidité
maladroite ; son incapacité de résister à la tentation de s’enivrer
bruyamment dans une maison qui abritait une morte ; ses remords immédiats
et son désir de réparer à n’importe quel prix ; sa confiance absolue dans
sa force et sa certitude que la Mort elle-même ne pouvait lutter contre lui. C’est
là le portait d’Hercule. Certes, il serait plus exact encore s’il l’avait
montré dans une crise de rage et tuant les serviteurs dont les visages lugubres
l’ennuyaient, mais le poète Euripide laisse clairement entendre que ceci n’aurait
eu aucun rapport direct avec la mort d’Alceste et son retour à la vie. Une ou
deux morts de plus, toutes naturelles que la présence d’Hercule les eût fait paraître,
auraient brouillé le tableau qu’il voulait peindre.
Comme Hercule en avait fait le serment lorsqu’il était
encore l’esclave d’Omphale, il n’était pas plutôt libéré qu’il entreprit de
châtier le Roi Eurytos parce que lui-même avait été puni par Zeus pour le
meurtre du fils d’Eurytos. Il leva une armée, investit la cité du Roi et le tua.
Mais Eurytos lui aussi fut vengé, car cette victoire fut la cause indirecte de
la mort d’Hercule.
Avant que la ville fut complètement détruite, Hercule envoya
chez lui – où Déjanire, sa fidèle épouse, attendait patiemment le retour de
Lydie de l’esclave d’Omphale – tout un groupe de jeunes filles dont une, Iole, fille
du Roi, surpassait toutes les autres en beauté. L’homme qui les amena à
Déjanire lui dit qu’Hercule était follement épris de cette Princesse. Cette
information ne fut pas aussi pénible à Déjanire qu’on aurait pu s’y attendre, car
elle possédait ce qu’elle croyait être un puissant charme d’amour, qu’elle
gardait depuis des années en prévision précisément de ce malheur : voir
dans sa maison une femme qui lui serait préférée. Aussitôt après son mariage, comme
Hercule la ramenait chez lui, ils furent arrêtés dans leur voyage par un fleuve
dont les eaux avaient grossi ; le Centaure Nessus y faisait le passeur, transportant
les voyageurs d’un bord à l’autre. Il prit donc Déjanire sur son dos et au
milieu du courant, il l’insulta. Elle cria et Hercule, de l’autre rive, lui
décocha une flèche qui le transperça. Mais avant de mourir, il dit à Déjanire
de prendre un peu de son sang et de s’en servir comme d’un charme si Hercule, un
jour, lui préférait une autre femme. Lorsqu’elle entendit parler d’Iole, Déjanire
pensa que le moment était venu ; elle choisit une tunique splendide, l’oignit
de ce sang et chargea le messager de la porter à Hercule.
Quand le héros la
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