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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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compagnons. Et tout à coup, il entendit un grand bruit
qui submergea le tumulte de la bataille. Ce fut comme un coup de tonnerre qui
déchira les airs, de telle sorte que Merlin vit le ciel s’entrouvrir tandis que
les nuages se dispersaient sur la terre en un tourbillon prodigieux. Et une
voix puissante, assourdissante, qui semblait surgir de la déchirure du ciel,
tomba jusqu’à Merlin. Et cette voix criait : « Merlin !
Merlin ! tu n’avais pas le droit de participer à cette bataille qui ne te
concerne pas ! Merlin ! tu as enfreint l’interdit suprême qui est,
pour toi, de ne jamais répandre le sang des hommes ! Merlin !
dorénavant, tu ne pourras plus te trouver en compagnie de tes semblables, et il
te faudra vivre dans les bois au milieu des bêtes sauvages ! » Ayant
entendu ces paroles, Merlin se mit à errer, tout triste et pensif. Et
s’écartant du lieu de la bataille, il s’enfonça dans une forêt profonde [84] .
    La bataille tourna cependant à l’avantage de Rydderch et
d’Uryen. Les ennemis s’enfuirent, du moins ceux qui avaient échappé au
massacre. Les deux rois firent enterrer les morts et élever une stèle en leur
mémoire. Puis ils retournèrent dans leurs forteresses respectives. Quand
Rydderch revint chez lui, Gwendydd et Gwendolyn, qui ignoraient ce qu’était
devenu Merlin, lui firent de violents reproches, l’accusant d’avoir abandonné
son beau-frère aux pires dangers sans l’avoir vraiment protégé. Rydderch était
fort ennuyé. Il avait fait soigneusement rechercher, parmi les morts, si Merlin
ne s’y trouvait pas : personne ne l’y avait reconnu. Mais Rydderch était incapable
d’expliquer l’absence de Merlin. Il finit par dire aux deux femmes :
« Merlin a coutume d’aller où bon lui semble sans nous en avertir. Il
reviendra quand il jugera bon de le faire ! » Mais Gwendydd était
agitée de sombres pressentiments et ne pouvait dissimuler son chagrin.
    Un jour, un des serviteurs de Rydderch se présenta devant le
roi. « Seigneur, lui dit-il, je crois que j’ai vu Merlin. Il se trouve
dans une forêt, non loin d’ici. Je l’ai à peine reconnu tant il paraît vieilli
et malade. Il est vêtu de haillons, sa barbe est hirsute et il semble vivre en
compagnie de bêtes sauvages. Lorsque je lui ai parlé, il ne m’a pas répondu, et
comme je tentais de m’approcher de lui, il s’est enfui en poussant des cris
lamentables. » Rydderch fut bien étonné de ce qu’il entendait. Mais il
ordonna à un groupe d’hommes en armes d’accompagner son serviteur à l’endroit
où il avait découvert Merlin et de ramener celui-ci de gré ou de force. Les
hommes allèrent donc dans la forêt, mais, à leur approche, Merlin s’enfuit en
poussant d’horribles clameurs et, bien qu’ils eussent entrepris de patientes
recherches à travers la forêt, ils ne purent découvrir où il s’était caché. Ils
revinrent donc rendre compte de leur mission au roi Rydderch.
    « Tout cela n’est pas normal », dit le roi. Et il
s’en alla auprès de Gwendydd, à qui il raconta ce qu’il savait, lui demandant
conseil sur le moyen le plus approprié pour obliger Merlin à revenir. « Je
sais ce qu’il faut faire, dit Gwendydd. Mon frère a subi un choc très violent
qui lui a égaré la raison. Et il paraît dans un état d’agitation extrême,
d’après ce qu’on t’a dit. Alors, je pense que tu devrais envoyer un de tes
musiciens, avec sa harpe, afin de le calmer au son de la musique. Une fois
qu’il sera calmé, il sera facile de le prendre par la douceur et de lui faire
accepter de revenir parmi nous. » – « C’est une bonne
solution ! » s’écria Rydderch. Et immédiatement, le roi ordonna à son
meilleur musicien d’aller dans la forêt, avec un guide, et d’agir auprès de
Merlin comme l’avait suggéré Gwendydd.
    Le musicien, dès qu’il vit Merlin, au pied d’un arbre, se
garda bien d’approcher. Il commença à jouer de sa harpe en faisant semblant de
s’écarter le plus loin possible. Puis, il fit en sorte de marcher en cercles de
plus en plus réduits afin de calmer son ardeur et de le plonger dans une sorte
d’extase, ce qui lui permettrait ensuite d’engager la conversation sans que
l’autre eût l’idée de s’enfuir encore une fois. Et le musicien sut si bien s’y
prendre que, durant tout le temps qu’il joua de la musique, Merlin se tint
tranquille au pied de son arbre. Et lorsqu’il se présenta devant lui,

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