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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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monde [82] .

CHAPITRE XI

Merlin le Fou
    Le roi Rydderch tenait fermement sa terre de Cambrie,
s’efforçant d’être juste avec ses serviteurs et les habitants du pays, les
protégeant contre toute tentative de pillage, d’où qu’elle vînt, et se montrant
très généreux envers ceux qui lui manifestaient leur attachement et leur
dévouement. C’est pourquoi on l’avait surnommé Rydderch Hael, c’est-à-dire le
Généreux. Mais certains prétendent que c’est à cause de son épée qu’on
l’appelait ainsi : il possédait en effet une épée merveilleuse qui était l’un
des treize joyaux de l’île de Bretagne. Si un autre que lui la tirait du
fourreau, elle s’embrasait depuis la poignée jusqu’à la pointe. Pourtant, si on
lui demandait la permission de tenir l’épée, Rydderch acceptait volontiers.
Mais, connaissant la particularité de l’épée, peu de personnes se risquaient à
la lui demander. De toute façon, cette épée était redoutable et Rydderch
l’avait souvent brandie au combat pour tuer ou mettre en fuite ses ennemis.
    Rydderch avait épousé Gwendydd, la sœur de Merlin, et il
l’aimait tendrement. Gwendydd était fort belle et d’un grand savoir, bien
qu’elle fût encore très jeune. Mais elle était fort sensible à la beauté des
jeunes gens et elle n’était pas toujours fidèle au roi Rydderch. Or, elle
s’était mis en tête de faire venir son frère Merlin auprès d’elle, car elle
avait beaucoup d’affection pour lui et un grand respect pour sa science et sa
sagesse. Merlin alla donc plusieurs fois à la cour du roi Rydderch, tout
heureux de retrouver sa sœur, et donnant de bons conseils à son beau-frère. Le
frère et la sœur avaient ainsi de longs et fréquents entretiens au cours
desquels Merlin enseignait à Gwendydd les connaissances qu’il pouvait lui
révéler, et la jeune femme, en élève appliquée, devenait de jour en jour plus
experte et plus savante. Mais le roi avait une sœur, Gwendolyn, une jeune fille
dont la beauté et la prestance émouvaient Merlin. Chaque fois qu’il
l’apercevait, il tombait dans une sorte de langueur, comme si cette vision le
projetait hors du temps. Gwendolyn, de son côté, n’était pas insensible au
charme de Merlin, car il était beau garçon et savait se montrer aimable et
empressé auprès des femmes.
    Un jour que Gwendolyn passait près de Merlin pour se rendre
dans la prairie, devant la forteresse d’Alcluyd, qui était la résidence du roi
Rydderch, elle s’arrêta, se retourna et dit à Merlin : « Pourquoi ne
m’épouses-tu pas ? » Merlin, qui était en pleine rêverie, sursauta et
la regarda d’un air étrange. « Je ne suis pas un homme pour toi, dit-il
alors. Sais-tu que je suis le fils d’un diable ? » La jeune fille eut
un sourire non moins étrange et lui répondit : « On m’a toujours
parlé de la beauté du diable et je ne demande qu’à en faire
l’expérience ! » – « Voilà qui est bien répondu, dit Merlin.
Mais il te faut savoir autre chose : si je t’épouse, je ne serai pas
souvent avec toi, car je dois aller vers ceux qui ont besoin de moi, et tu
risques de ne pas avoir de mes nouvelles pendant de longs mois. Est-ce que tu
supporteras une telle situation ? » La jeune fille se serra contre
Merlin et lui dit : « Oui, fils du diable, j’accepterai tout de
toi. » Et c’est ainsi que le devin Merlin épousa Gwendolyn, sœur du roi
Rydderch le Généreux.
    Cependant, des dissensions s’étaient élevées entre les
Bretons qui habitaient les régions de la Clyde. Certains peuples, qui vivaient
plus au nord, devaient fuir la menace que faisaient peser sur eux les Pictes,
toujours prêts à fondre sur leurs voisins pour leur piller bétail et récoltes.
Et les nouveaux arrivants prétendaient s’installer sur des territoires qui ne
leur appartenaient pas. Rydderch se trouva donc engagé dans une lutte sans
merci, aux côtés du roi Uryen et du roi Gwenddoleu, contre des chefs ambitieux
et sans scrupules qui faisaient régner la terreur partout où ils passaient. Et
il y eut une grande bataille, sur un gué, en Arderyd [83] .
    La fureur guerrière se déchaîna. Les combattants se jetaient
les uns sur les autres avec une énergie farouche. Le sang coulait et les eaux
de la rivière en étaient toutes rouges. Beaucoup d’hommes tombèrent dans cette
bataille sans pitié. Merlin, qui se trouvait là, vit mourir le roi Gwenddoleu
et bien d’autres de ses

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