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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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la fin des temps. Nous n’avons pas besoin de partir ailleurs, car
cette terre est riche en biens de toutes sortes. Nous ne manquerons jamais de
rien, sauf de viande, à moins que nous ne trouvions le moyen de nous emparer
des animaux qui fuient à notre approche. »
    Elles éprouvaient en effet une très grande envie de viande,
et leur estomac la réclamait. De plus, à force de voir des oiseaux dans les
arbres, et des bêtes en abondance, cette envie ne faisait qu’augmenter. Elles
réfléchirent donc aux moyens d’attraper du gibier et des oiseaux. Autrefois,
elles avaient toutes chassé dans les forêts de Grèce, mais ce qui leur manquait,
c’étaient des arcs, des flèches, ou encore des faucons et des chiens. Elles
finirent cependant par fabriquer des pièges et par les placer si habilement
que, bientôt, elles eurent abondance de gibier. Mais encore fallait-il préparer
cette nourriture et la faire cuire. En frottant des cailloux les uns sur les
autres, elles parvinrent à enflammer des brindilles et des feuilles sèches, et
elles firent rôtir les petits oiseaux à même la braise. Pour ce qui était du
gros gibier, elles eurent recours à un procédé fort ingénieux : elles
creusaient une fosse qu’elles remplissaient d’eau, et elles y mettaient la
bête, une fois vidée dans sa totalité, entourée de grandes herbes. Puis elles
faisaient un feu et chauffaient des galets qu’elles plongeaient dans la fosse
au moyen de grosses branches afin de chauffer l’eau et de la maintenir à une
bonne température de cuisson. Ainsi avaient-elles de la viande bouillie dans
les meilleures conditions du monde [9] .
    Les princesses eurent grand plaisir à se rassasier de cette
nourriture. Elles en oubliaient toutes les souffrances endurées au cours de
leur terrible navigation vers cette terre d’Albion, et, au bout de quelques
semaines, elles avaient tant repris de sang et de chair qu’elles se sentirent
au meilleur de leur forme. Mais c’est alors qu’elles s’aperçurent qu’il leur
manquait quelque chose : la chaleur naturelle qui montait en elles leur
fit éprouver, à toutes, l’impérieux désir de se trouver en compagnie d’un homme
afin de satisfaire leur volupté. Mais il n’y avait aucun homme sur cette terre,
et cela ne faisait qu’aiguiser cette envie qui ne les quittait ni le jour ni la
nuit. Sous la morsure du soleil, dans le vent qui soufflait entre les branches,
leurs corps frémissaient, tendus vers l’inaccessible, et pendant la nuit leur
sommeil était troublé par des râles et des plaintes qui les empêchaient de
trouver un véritable repos.
    Or, les démons qu’on appelle incubes ne tardèrent pas à s’intéresser à elles. Ces démons incubes sont pourvus de
nombreux pouvoirs qui leur viennent de l’enfer. Ils sont de simples esprits qui
rôdent entre la terre et le ciel, mais ils peuvent prendre toutes les formes
souhaitées, en particulier celle d’un homme qui s’en va rejoindre, dans les
ténèbres, une femme en proie à un grand désir de volupté. Voyant que les filles
du roi de Grèce désiraient ardemment la présence d’un homme à leurs côtés, les
démons incubes vinrent les visiter et ils s’unirent à elles. Toutes furent
ainsi contentées, mais elles ne virent jamais ceux qui avaient couché avec
elles : elles ne firent que sentir ce que ressent une femme avec un homme
dans ces circonstances. Chacune d’elles fut donc possédée par un démon incube,
et s’en porta fort bien. Mais au bout de quelque temps, les démons incubes
disparurent et ne revinrent jamais plus. Cependant, les princesses s’aperçurent
qu’elles étaient toutes enceintes, et comme elles étaient grandes et fortes,
elles donnèrent bientôt naissance à des garçons de haute stature, hideux à
voir, féroces et fiers. C’étaient les géants qui dominèrent pendant si
longtemps la terre d’Albion : ils avaient été engendrés par des démons et
avaient acquis la force mauvaise de ceux-ci [10] .
    Quand ils eurent atteint leur maturité, ces garçons se
sentirent à leur tour en proie à la chaleur naturelle, et comme il n’y avait
pas d’autres femmes que leurs mères, ils n’hésitèrent pas à s’unir à elles.
C’est ainsi que naquirent de nombreux fils et de nombreuses filles, lesquels
s’accouplèrent entre eux. Les sœurs eurent de leurs frères des fils et des
filles qui grandirent beaucoup. Leur taille fut de plus en plus élevée, et ils
furent très forts,

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