La naissance du roi Arthur
vingt-quatre ans après son arrivée dans l’île
qui porte son nom. Ses trois fils se partagèrent le pays, et leurs descendants
régnèrent ensuite les uns après les autres. Mais les Scots qui étaient à
l’ouest, et les Pictes qui étaient au nord s’allièrent souvent contre les
Bretons et engagèrent des guerres meurtrières. Et cela dura ainsi jusqu’au
temps des Romains [20] .
CHAPITRE II
Les Rois de Bretagne
En ce temps-là, la Bretagne était agitée par d’incessantes
querelles entre les rois. Pourtant, l’un d’eux, qui se nommait Bladud, établit
un grand temple et des thermes là où se trouve maintenant Kaer Badwn (Bath). Il
plaça ses bains sous la protection de la déesse Sul dans le sanctuaire de
laquelle il déposa des feux inextinguibles qui ne donnaient jamais de cendres,
mais qui, lorsqu’ils commençaient à décroître, se transformaient en blocs de
pierre. C’est à la même époque qu’un sorcier du nom de Hélias fit des prières
pour empêcher la pluie de tomber, et, effectivement, durant l’espace de trois
ans et six mois, il n’y eut aucune pluie sur l’île de Bretagne, ce qui
occasionna une grande sécheresse et une grande pénurie. Ce Hélias était un
personnage fort habile dans les sciences secrètes : c’est lui qui
introduisit la magie dans le royaume de Bretagne, et il ne cessa de multiplier
ses prodiges, jusqu’au jour où, s’étant fabriqué des ailes, il voulut s’élever
dans les airs. Mais il retomba sur le temple de Lug dans la ville de Londres,
et se rompit les os.
Il y eut aussi un bon roi, nommé Moelmud, qui fut le premier
à établir des lois fixes pour tout le pays. Mais quand il mourut, ses deux
fils, Beli et Brân, se disputèrent âprement le pouvoir. Ils parvinrent cependant
à un accord : Beli gouvernerait le Kernyw (Cornwall), le Cymru (Pays de
Galles) et le royaume de Llœgr [21] ,
tandis que Brân aurait tout le nord de l’île. Mais, sous l’influence de ses
conseillers qui n’y trouvaient pas d’avantages suffisants, Brân commença à
considérer ce partage comme très inégal. Il fit alliance avec le roi de
Scandinavie dont il épousa la fille et, avec une armée fournie par son
beau-père, il tenta de conquérir l’ensemble de l’île en guerroyant contre son
frère. Mais Beli avait eu le temps de se préparer et d’envahir une partie des
territoires de Brân. Il fut assez heureux pour s’emparer de la femme de son
frère et du roi de Scandinavie lui-même. Brân envoya alors à Beli des messagers
pour lui demander de libérer les prisonniers, sous la menace de tout dévaster
sur son passage. Comme Beli avait refusé cet ultimatum, une grande bataille
s’engagea, au nord de l’île, dans la forêt de Catathyr. Le combat dura
plusieurs jours et plusieurs nuits, car il y avait dans chaque camp des hommes
d’un grand courage et d’une grande persévérance. Beaucoup de sang fut versé.
Les flèches qui pleuvaient de toutes parts causaient de profondes blessures aux
guerriers. Les troupes tombaient comme les moissons sous les faux des
moissonneurs, et les soldats de Brân furent mis en déroute. Beli, une fois
vainqueur, rétablit la paix dans toute l’île et gouverna sagement en appliquant
les lois de son père Moelmud.
Mais Brân ne se tenait pas pour battu. Il avait pu
s’échapper sur un navire et s’était réfugié en Gaule. Là, il se conduisit comme
le pire des aventuriers, pillant les villages et les forteresses et accumulant
le butin qu’il partageait avec une troupe d’hommes prêts à tout. Il fut
cependant accueilli par Segin, le roi des Allobroges, qui avait besoin de lui
pour lutter contre ses ennemis, et qui lui donna sa fille en mariage. Et
lorsque Segin mourut, ce fut Brân qui devint roi des Allobroges, se conciliant
l’amitié de ses sujets en leur distribuant tous les trésors qu’il avait
accumulés et en faisant en sorte que la nourriture ne leur manquât jamais.
Cela ne l’empêchait pas de regretter l’île de Bretagne. Il
s’arrangea pour lever une nombreuse armée, s’alliant ainsi avec d’autres
peuples gaulois, et se mit en devoir de débarquer sur l’île [22] . Prévenu de cette invasion,
Beli se prépara à résister et à combattre. C’est alors que Conwen, la mère des
deux frères ennemis, se jeta entre les troupes et, à force de prières et de
supplications, réussit à réconcilier ses enfants. Mais Brân avait trop le goût
des conquêtes ; il finit par entraîner
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