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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tu le
dis, il faut avoir confiance en Dieu, car tu n’es pas responsable de cet acte
et Dieu ne peut que te sauver de la mort. Certes, tu devras vivre des moments
pénibles, car lorsque les juges apprendront l’affaire, ils commenceront par
saisir tes biens et te donneront à choisir entre mourir ou devenir prostituée.
Ne perds pas courage, et dès qu’on viendra pour t’emprisonner, fais-moi
immédiatement prévenir pour que je puisse venir à ton aide. »
    Effectivement, quand les juges arrivèrent dans le pays, ils
entendirent parler de cette femme qui était enceinte et qui prétendait n’avoir
jamais connu d’homme, et ils la firent comparaître devant eux. Mais elle fit
prévenir le prêtre Blaise qui se hâta d’aller à l’audience. D’ailleurs, les
juges le citèrent comme témoin. « Seigneur, lui demandèrent les juges,
penses-tu vraiment qu’une femme puisse être enceinte sans jamais avoir connu
d’homme ? » Blaise leur répondit : « Je ne vous dirai pas
tout ce que je sais, du moins maintenant, mais je peux vous demander, si vous
jugez que mes paroles sont sages, de ne pas livrer cette femme au supplice tant
qu’elle est enceinte. Ce ne serait ni raisonnable ni juste, car cet enfant ne
mérite pas la mort puisqu’il n’a commis aucune faute et n’a pas participé au
péché de sa mère. Si vous le livrez au supplice, vous pourrez être sûrs que
vous avez tué un innocent. » Les juges approuvèrent ce conseil et
décidèrent que la jeune fille serait gardée dans une tour jusqu’au moment où
serait sevré l’enfant à qui elle donnerait naissance. Et quand elle fut enfermée
dans la tour, entourée de femmes pour la garder, le prêtre lui dit, par la
fenêtre : « Quand ton enfant sera né, fais-le baptiser au plus tôt,
et envoie-moi chercher lorsqu’on te fera sortir d’ici pour te conduire au
bûcher. »
    C’est ainsi que la jeune femme resta plusieurs mois dans la
tour. Rien ne lui manquait, car les juges lui avaient procuré tout ce qui était
nécessaire et l’avaient confiée aux femmes qui étaient enfermées avec elle.
Elles restèrent donc toutes dans la tour jusqu’au moment où naquit l’enfant,
selon la volonté de Dieu. Et, dès qu’il ouvrit les yeux et la bouche, l’enfant
posséda l’intelligence et le pouvoir du diable. C’était à juste titre, puisque
c’était le diable qui l’avait engendré. Mais le diable avait quand même commis une
erreur : il n’avait pas prévu que la mère de l’enfant se tournerait vers
Dieu et que, de ce fait, la mère et l’enfant lui échapperaient. L’enfant reçut
donc, comme l’avait prévu le diable, la faculté et le pouvoir de connaître tout
ce qui avait été dit et fait dans le passé. Mais, parce que la mère avait
refusé toute compromission avec l’Ennemi, Dieu accorda à l’enfant la faculté et
le pouvoir de connaître ce qui serait dit et fait dans les temps à venir.
    Lorsque les femmes reçurent le nouveau-né dans leurs bras,
elles furent très effrayées, car l’enfant était très fort et plus velu que tous
les autres enfants qu’elles avaient pu voir à leur naissance. Elles le
présentèrent à la mère qui dit simplement : « Cet enfant me fait
peur. » Et elle fit aussitôt un grand signe de croix. Puis elle
ajouta : « Prenez l’enfant, faites-le sortir et faites en sorte qu’il
soit baptisé le plus vite possible. » Les femmes demandèrent :
« Quel nom veux-tu lui donner ? » La mère répondit qu’elle
voulait qu’il portât le nom de son propre père, à elle, et qui était Merlin.
    Ainsi fut baptisé Merlin, et on le rendit à sa mère qui le
nourrit avec beaucoup de tendresse. Elle l’allaita pendant neuf mois pleins, et
à cet âge l’enfant paraissait avoir un an. Et quand il eut dix-huit mois, on
aurait dit qu’il avait trois ans. Alors les femmes dirent à la mère :
« Nous allons maintenant partir rejoindre nos familles, car la mission
dont on nous avait chargées est terminée. » La jeune femme comprenait bien
que c’en était fini pour elle et qu’on viendrait la chercher pour la conduire
sur le bûcher maintenant que son enfant pouvait être sevré. Elle se mit à
pleurer et, prenant l’enfant dans ses bras, elle s’approcha d’une fenêtre en
murmurant : « Cher fils, je vais mourir à cause de toi et sans
l’avoir mérité. Personne ne sait en effet comment tu as été engendré et
personne ne peut ou ne veut me croire quand je

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